Un habitant de Pommeuse, en Seine-et-Marne, traverse une route inondée après le passage de la dépression de Kirk, le 10 octobre 2024 (AFP / Dimitar DILKOFF)
Rues inondées, écoles fermées, logements endommagés : l’Eure-et-Loir et la Seine-et-Marne étaient jeudi en alerte rouge aux inondations après les pluies intenses qui ont frappé la France en raison du passage de la dépression de Kirk.
Cette vigilance rouge, synonyme de « risque d’inondation majeure » avec « menace directe » pour la sécurité des personnes et des biens, devait se poursuivre jusqu’à vendredi, selon le bulletin publié à 16H00 par Météo-France.
La tempête a nécessité 3.700 interventions des pompiers, a indiqué Michel Barnier, assurant que l’Etat sera là “dans la gestion post-crise” de ces événements “très graves”.
En Seine-et-Marne, placée en alerte rouge aux crues depuis mercredi après-midi, le Grand Morin, affluent de la Marne, a jailli de son lit, submergeant par endroits champs, commerces et routes, et inondant le stade, une usine et des maisons. sur la commune de Pommeuse.
Assis sur une chaise en plastique posée directement dans l’eau brunâtre, Stéphane Quin dit attendre que « l’eau arrête de monter » à Pommeuse. « J’ai 40 cm d’eau dans la cuisine », raconte ce menuisier de 53 ans.
«On sait qu’on est en zone inondable, mais c’est rare que le Grand Morin vienne aussi loin, et c’est quand même la quatrième crue cette année», déplore-t-il.
En Eure-et-Loir, sur le « Loir amont » placé en alerte rouge, « d’importants débordements sont en cours dans les secteurs de Bonneval et de Saint-Maur-sur-le-Loir », prévenait tôt après-midi le site gouvernemental spécialisé Vigicrues.
A 17h00, le Loir atteint une hauteur de 2,11 mètres à Bonneval, au-dessus du niveau enregistré lors de la crue historique de janvier 1961 (1,95 m), selon le site Vigicrues.
– « Désolation » –
“L’eau est arrivée en centre-ville”, a déclaré à l’AFP Benjamin Legrand, dont l’associé tient une épicerie fine à Bonneval. « Cela fait des années que j’habite Bonneval, je n’ai jamais vu ça », souligne le quadragénaire joint au téléphone, dont les voisins « ont la maison pleine d’eau ».
Un camping situé à 20 kilomètres au nord de la ville a également été touché. « Il y a eu jusqu’à un mètre d’eau, tous les mobil-homes ont été touchés. C’est désolé», dit l’un des gérants.
Plus au nord, sur la commune d’Epernon, l’eau avait atteint « la hauteur d’une voiture » dans la nuit, a témoigné Mathieu Ana, responsable de la communication à la mairie, et « jusqu’à un mètre » dans certaines maisons. .
Un habitant de Pommeuse, en Seine-et-Marne, à la porte de son garage menacé par les eaux suite au passage de la dépression de Kirk, le 10 octobre 2024 (AFP / Dimitar DILKOFF)
Selon la préfecture d’Eure-et-Loir, la baisse s’amorce sur le secteur d’Epernon mais le pic est attendu “entre Châteaudun et Bonneval d’ici minuit”. Au total, les secours ont réalisé plus de 700 interventions sur tout le département et 60 opérations de secours.
Si la dépression de Kirk a causé la mort d’un plaisancier en Méditerranée, aucun blessé n’a été recensé jeudi en Seine-et-Marne ni en Eure-et-Loir.
La pluie s’est arrêtée dans ces départements mais l’épisode devait se poursuivre plus à l’est, et il est “probable que l’eau recommence à monter un peu”, a prévenu la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, lors d’une visite à Coulommiers (Seine-et-Marne), à moitié inondé par « une crue extraordinaire », selon la mairie.
– Une mission d’inspection –
Un pompier tente de débloquer un regard pour favoriser l’évacuation des eaux, le 10 octobre 2024 à Epernon, en Eure-et-Loir, après le passage de la dépression de Kirk (AFP/JEAN-FRANCOIS MONIER)
Comme ailleurs en France, des dizaines de routes ont été fermées dans ce département, et les services locaux se sont mobilisés pour répondre aux coulées de boue, rétentions d’eau et chutes d’arbres.
Ailleurs sur le territoire, les fortes précipitations depuis mercredi pourraient atteindre 120 à 130 mm dans les Alpes-Maritimes, aggravées par des rafales de vent pouvant atteindre plus de 110 km/h, perturbant le fonctionnement des écoles, ainsi que la circulation. routier et ferroviaire.
Jeudi après-midi, seuls trois départements restaient en alerte orange aux crues (Sarthe, Orne et Aisne).
En région parisienne, les précipitations ont provoqué près de 500 interventions, principalement dans des caves et sous-sols inondés, et certaines dans des sites prestigieux comme l’Assemblée nationale ou le musée des Armées aux Invalides.
Le gestionnaire du réseau de distribution d’électricité Enedis a pour sa part indiqué qu’à la mi-journée jeudi, il restait 48 000 clients sans électricité, dont 12 000 dans les Pyrénées-Atlantiques, 7 700 dans le Doubs et 5 000 dans le Jura.
Écart par rapport à la normale 1991-2020 des cumuls de précipitations en septembre chaque année depuis 1999, selon les données de Météo-France (AFP/Nalini LEPETIT-CHELLA)
Jeudi, la ministre Agnès Pannier-Runacher a indiqué qu'”après le temps d’urgence”, viendrait “le temps de la réparation” et qu’une mission d’inspection serait lancée “pour faire un retour d’expérience”.
A la fin du mois de septembre le plus humide depuis 25 ans, les cumuls annuels moyens de précipitations ont déjà été dépassés un peu partout en France métropolitaine.
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