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Collectionneur de plantes et grand donateur

La série Merci beaucoup vise à reconnaître l’engagement des membres de la communauté universitaire et à leur témoigner leur gratitude. L’engagement peut prendre diverses formes. Elle peut se manifester par une implication environnementale ou sociale, par un esprit d’équipe unique, par une bonne humeur contagieuse et un dévouement envers ses collègues, par des projets visant l’équité, la diversité et l’inclusion, par des idées innovantes ou des réalisations remarquables pour améliorer la vie sur le campus. On le retrouve aussi bien chez les étudiants que chez les membres du personnel. Si vous connaissez des « perles » dont l’engagement mérite d’être souligné, écrivez-nous à [email protected].

Même si elle a côtoyé des milliers d’étudiants au cours de ses 33 années de carrière à l’Université Laval, Martine Lapointe parvient encore à les reconnaître et à les nommer presque tous. « Elle a une mémoire incroyable ! Elle se souvient facilement de visages, de noms et de nombreuses anecdotes sur d’anciens étudiants », raconte le professeur Sylvain Jutras du Département des sciences du bois et de la forêt. À l’inverse, presque tous les ingénieurs forestiers de la province le savent. Il faut dire que Martine Lapointe n’est pas une technicienne ordinaire. Profondément engagée dans son milieu de travail, elle accomplit ses tâches avec un dévouement exceptionnel, ce qui lui vaut également l’honneur d’être nommée lauréate du prix Gaston-St-Jacques en 2024.

Si ses réalisations dans le cadre de son emploi suscitent l’admiration, Martine Lapointe brille également par l’expertise en botanique qu’elle a développée parallèlement à son travail. Reconnue à l’échelle provinciale comme spécialiste de l’identification des plantes, elle a siégé au conseil d’administration de plusieurs associations telles que FloraQuebeca et la Société québécoise de bryologie, en plus d’être l’auteur d’un ouvrage de référence vendu à plus de 5000 exemplaires, Plantes des milieux humides et balnéaires au Québec et dans les Maritimes.

D’un herbier à l’autre…

Sa passion pour les plantes débute vers l’âge de 13 ans. Ses parents l’avaient inscrite dans un camp d’été des Frères des Écoles Chrétiennes, au Lac-Beauport, où l’adolescente s’initie aux sciences naturelles. « J’ai tout de suite adoré ! C’est à cette époque que j’ai démarré mon premier herbier», se souvient Martine Lapointe.

En 1982, elle s’inscrit en technologie forestière au Cégep de Sainte-Foy, où une des tâches obligatoires était la création d’un herbier. « On nous a demandé 25 spécimens d’arbres et 75 de plantes. J’en ai collectionné beaucoup, beaucoup plus ! révèle celui qui a continué à récolter des plantes. Au fil des années, elle a collecté entre 300 et 400 spécimens. « Ils s’entassaient dans des cartons et ne servaient à personne. J’ai donc choisi de faire don de mon herbier à l’Université Laval », confie-t-elle.

Quelques pages de l’herbier que Martine Lapointe a offert à l’Université Laval.

— Herbier Louis-Marie

Après avoir été rigoureusement évalués, les échantillons de Martine Lapointe ont rejoint l’Herbier Louis-Marie en 2016 et sont maintenant numérisés et accessibles à tous.

Et d’un don à l’autre

En plus de ce geste philanthropique majeur, Martine Lapointe contribue depuis longtemps au Fonds d’investissement étudiant (FIE) de la Faculté de foresterie, géographie et géomatique.

« Pendant une douzaine d’années, je m’occupais du prêt de matériel dans mon service et j’ai constaté que plusieurs outils étaient obsolètes. J’ai donc décidé de soutenir le FIE, qui aide à l’achat de matériel pour les étudiants », explique celle qui, pour l’ensemble de ses dons, a obtenu le titre de « gouverneur ».

Martine Lapointe est gouverneure de l’Université Laval, notamment pour avoir fait don d’un herbier valant quelques milliers de dollars.

—Yan Doublet

« L’Université m’a permis de déployer mes ailes »

En 1991, Martine Lapointe devient la première femme technicienne au Département des sciences du bois et de la forêt. « La première femme professeur, Alison Munson, avait été embauchée quelques mois plus tôt. Nous étions encore des pionniers », se souvient-elle.

Embauché pour soutenir le professeur Miroslav Grandtner dans son projet de recherche Dictionnaire des arbres du monde et dans ses cours pratiques, Martine Lapointe est appelée, dès l’année suivante, à participer à différents cours. Au cours de sa carrière, elle a participé à plus de 35 cours, où elle était responsable de la logistique, de la collecte de données et de l’enseignement. Elle a notamment géré la logistique d’un cours international de foresterie au Népal.

« Au début, je parlais peu en classe, mais avec le temps, les professeurs ont commencé à me faire confiance pour transmettre les connaissances aux élèves », raconte-t-elle.

Martine Lapointe est une référence en cartographie numérique au Département des sciences du bois et de la forêt. « Les professeurs m’ont encouragée à découvrir des domaines émergents et à y développer une expertise », confie-t-elle en entrevue.

—Yan Doublet

Selon les enseignants qui ont travaillé avec elle, Martine Lapointe se démarque par son ouverture à l’acquisition de nouvelles compétences, notamment technologiques. C’est par exemple une référence en matière de cartographie numérique. « C’est vrai que la nouveauté me stimule. Les professeurs m’ont encouragé à découvrir des domaines émergents et à y développer une expertise. J’ai pu mettre à profit ma créativité et mon autonomie. Bref, l’Université Laval m’a permis de déployer mes ailes », dit-elle.

L’Université aura aussi été l’occasion pour le technicien de s’impliquer dans la cause syndicale et la promotion de l’apprentissage continu. « J’étais membre du comité de développement de la SEUL. C’était très motivant de favoriser la formation continue de mes collègues », raconte la passionnée qui a elle-même toujours eu une soif d’apprendre.

Un photographe devenu auteur

En plus de son implication au sein d’associations syndicales et botaniques, Martine Lapointe consacre également beaucoup de temps à un passe-temps qu’elle affectionne : la photographie. Au fil des années, elle a pris des milliers de photos, dont plusieurs lors d’escapades nature ici et à l’étranger. « Lorsque je voyage, je photographie des plantes et des arbres, puis je les identifie à l’aide d’applications. C’est une autre façon de collectionner les plantes», explique celle dont les travaux ont été publiés dans des magazines, notamment Nature sauvageet a remporté des prix dans des concours.

Une photographie de Martine Lapointe, tirée de son portfolio en ligne (sur le site Zenfolio).

C’est de cette immense galerie de photos qu’est né son projet de livre sur les plantes des zones humides. « Je faisais des activités d’interprétation avec des passionnés de botanique, et je me suis rendu compte de l’absence d’ouvrage pour l’identification de ces plantes. J’avais déjà des photos. Tout ce que j’avais à faire était d’ajouter de courtes descriptions », dit-elle.

Malgré le syndrome de l’imposteur qui la hante au début, Martine Lapointe est considérée comme une référence au Québec. La preuve en est que le nanoprogramme de caractérisation des zones humides, auquel il est étroitement associé, est souvent bien rempli. « Et c’est notamment à cause de la réputation de naturaliste de Martine ! Les participants lui demandent de dédicacer leur exemplaire de son livre », révèle Sylvain Jutras.

Une autre preuve est qu’en plus d’avoir collaboré aux travaux À la découverte des mousses et autres bryophytesMartine Lapointe offre depuis deux ans une formation sur l’identification des arbres et des plantes à l’Ordre des ingénieurs forestiers du Québec à titre de consultante. « C’est un contrat que j’aime beaucoup. Et ça me permet de retrouver mes anciens élèves ! s’exclame avec joie le technicien expert, qui a toujours su établir des relations riches et belles avec la communauté étudiante.

Un grand merci, Madame Lapointe, pour votre travail auprès des étudiants et professeurs en foresterie, pour votre engagement philanthropique et syndical et pour vos contributions à la connaissance botanique.

Pour admirer le portfolio de Martine Lapointe

Témoignage

J’ai rencontré Martine pour la première fois alors qu’elle était étudiante. Mon premier cours avec elle portait sur la cartographie numérique, qui en était à ses balbutiements en 1997. Tous les étudiants du programme ont reçu ses judicieux conseils en cartographie, mais aussi en informatique, en inventaire forestier, en identification végétale, en écologie et dans plusieurs autres domaines. Toujours disponible, elle s’est souvent révélée plus précieuse que certains professeurs dans des tâches techniques.

Depuis 2010, année de mon embauche comme enseignante, j’ai eu la chance de voir le rôle de Martine sous un autre angle. Toujours dynamique et efficace, j’ai pu bénéficier de son aide précieuse dans un projet de recherche que j’avais lancé en début de carrière.

Parallèlement à son emploi, Martine a développé une expertise en botanique qui a un impact sur la Faculté. Sa réputation est telle que, récemment, le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs a accordé un contrat à notre faculté en exigeant explicitement que la tâche soit réalisée par Martine. Ce contrat visait à réviser l’état hydrique des 4 216 plantes vasculaires du Québec. D’une importance capitale pour la gestion des projets d’autorisations environnementales au Québec, cette tâche colossale a été réalisée de main de maître par Martine, puis validée par une dizaine de spécialistes. Peu de gens peuvent accomplir de telles tâches avec autant de brio !

Sylvain Jutras, professeur au Département des sciences du bois et de la forêt

 
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