Il n’arrive toujours pas à y croire. Devant un fac-similé petit format du célèbre Golden Owl, qui met en haleine toute une communauté de « chouettes » depuis le lancement du jeu en 1993, Pierre Blouch sourit mais soupire. « La chasse au trésor est officiellement terminée (suite à l’annonce de la découverte sur le réseau social Discord, jeudi 4 octobre), mais nous attendons tous d’en savoir plus. Qui a résolu l’énigme ? Où la contremarque a-t-elle été enterrée ? J’espère que les réponses répondront à nos attentes. Mais cela restera un mystère. Je suis sûr que beaucoup de hiboux continueront à creuser.
Dans son salon de Plouzané, l’ingénieur à la retraite de Météo France évoque, avec amusement, le goût du jeu qui l’a poussé à se lancer dans cette chasse au trésor, la plus grande jamais lancée au monde. L’œuvre d’un certain Max Valentin (de son vrai nom Régis Hauser), dont le créateur du trophée en forme de chouette, Michel Becker, est aujourd’hui le dépositaire. « J’aimais beaucoup les rallyes d’orientation à l’époque. J’ai vu un article de L’Express présentant le livre et les onze énigmes « Sur les traces de la chouette dorée ». Avec un collègue de bureau, on a trouvé ça cool et on a commencé ensemble. Cela a duré un an et demi. Moi, 31 ans ! »
“La peur de ma vie”
Il y a eu des hauts et des bas dans cette quête effrénée d’indices, qui a conduit le Finistérien à déchiffrer le code Morse, à calculer des densités ou à tracer des barycentres pondérés sur une feuille de route au vingt-cinq millième. « Les quinze premières années, j’étais accro. Je me suis plongé avec délice dans la géométrie sacrée, le récit des 100 jours de Napoléon, Hernani de Victor Hugo… J’ai visité les lieux mythiques (Bourges, Compostelle ou le petit village de Dabo en Moselle) que Max Valentin avait mis sur notre passage. J’étais également convaincu d’avoir trouvé le dernier trésor ! »
À trois reprises, entre 1997 et 2000, il a embarqué ses proches dans l’aventure, parcourant des centaines de kilomètres pour creuser, le plus discrètement possible, un point où pourrait être enterré le précieux bon de 150 000 €. « Toutes mes recherches m’ont conduit pendant des années sur une fausse piste, près de Bourges. Je me suis retrouvé tout seul avec ma bêche, par une nuit sans lune, à chercher un endroit dans un bois communal sans lumière. Je n’ai rien trouvé mais j’ai eu la peur de ma vie. Les aboiements d’un chien ont fait fuir un gros gibier ce qui m’a surpris. Je tremble encore ! »
Qui a résolu l’énigme ? Où la contremarque a-t-elle été enterrée ? J’espère que les réponses répondront à nos attentes. Mais cela restera un mystère. Je suis sûr que beaucoup de hiboux continueront à creuser
“Pierre est la star”
Membre fondateur de la très sérieuse association des chercheurs de la chouette d’or (A2CO), Pierre Blouch continue de participer régulièrement aux « fêtes de la chouette » et aux mini-chasses annuelles, même lorsque la vie professionnelle l’éloigne momentanément des énigmes. « Il y a eu tellement de fausses pistes et d’histoires après la mort de Max Valentin, en 2009, que je m’étais un peu résigné à ne jamais retrouver le trésor », soupire-t-il.
La relance du jeu sur Discord, en 2019, l’a un peu remis en selle. « Depuis hier au moins, le téléphone n’arrête pas de sonner. Pierre est la star. Tout le monde veut savoir s’il est le gagnant ! », rigole sa femme Françoise, effrayée par la chouette quelque part. « Beaucoup auront du mal à réaliser que c’est fini. Les hiboux, entre eux, sont un peu étranges, vous savez.
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