Comment un braquage de caravane a-t-il pu se terminer avec un jeune de 15 ans chargé de force dans une voiture et son père, pris en sandwich entre un poteau et un 4×4, très grièvement blessé ? Cette question a été le fil rouge d’une affaire rocambolesque qui s’est déroulée le 2 septembre 2023, à La Teste-de-Buch, et a été jugée le 2 octobre 2024 au tribunal correctionnel de Bordeaux. Aux commandes, quatre hommes : un paysagiste, un entrepreneur en bâtiment, un ouvrier et un pêcheur. Les poursuites ne plaisantent pas : « enlèvement et séquestration », « violences sur mineur », « blessures involontaires ayant entraîné une incapacité de plus de trois mois avec délit de fuite » et « vol ».
L’histoire commence lors de la fête d’anniversaire d’une petite fille. Tout le monde s’amuse, jusqu’à ce qu’une enfant alerte les adultes : elle vient d’apercevoir un inconnu dans la camionnette de son père, garée devant la maison. Pas un, pas deux, trois hommes partent à la recherche du voleur qui s’enfuit à travers les jardins, abandonnant son complice, qui n’est autre que son fils de 15 ans.
«Nous avons attrapé le gamin et je l’ai giflé», reconnaît un prévenu. L’adolescent est obligé de monter dans un 4×4. « L’idée n’était pas de le kidnapper, assure un deuxième prévenu, mais de le ramener auprès de son père, avec qui il avait commis le crime, pour qu’il puisse discuter. »
« Une tronçonneuse à la main »
Le Range Rover fonce vers la maison, à 300 mètres. Il n’y a pas de discussion. « Nous nous sommes battus directement », reconnaît le père de l’adolescent. Sa fuite ? « Des conneries, j’ai pris un autoradio et deux tronçonneuses, j’avais bu. Je regrette tellement. » Cerise sur le gâteau, sa victime est une connaissance : « Je ne savais pas qu’il habitait là. »
Les quatre hommes s’échauffent. « Soudain, le père de l’enfant rentre chez lui et revient avec une tronçonneuse à la main », raconte un prévenu. Là, on s’est dit : « Stop, partons ». J’ai pris le volant du 4×4. Paniqué, j’ai reculé. J’avais l’impression d’avoir heurté quelque chose, mais je n’ai rien vu. Ce n’est que le lendemain que j’ai appris ce qui s’était passé ensuite. » Avec son Range Rover, il a renversé le voleur, écrasé entre l’arrière du véhicule et un poteau. Résultats : 100 jours d’incapacité totale de travail.
« Il ne faut pas s’étonner si les risques de la profession génèrent des affrontements brutaux », fustige le procureur Olivier Étienne, rappelant la vingtaine de condamnations inscrites au casier du pêcheur. Quant aux trois autres prévenus, “si leur intention n’était pas de détenir l’adolescent ad vitam aeternam, il n’en reste pas moins qu’il y a bien eu une séquestration de quelques minutes de ce jeune garçon”, poursuit le magistrat.
« Remettons l’église au milieu du village ! Ils ont fait 300 mètres à 60 km/h avec l’enfant dans la voiture, ce qui prend trente-trois secondes”, calcule M.e Chambaud, plaidant pour la libération, comme son collègue Me Laury Costès.
Les quatre hommes s’en sont sortis avec des amendes. Le tribunal n’a pas retenu le délit de fuite.
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