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Ultimatum au gouvernement Trudeau

(Ottawa) Le Bloc Québécois estime que les sénateurs bloquent l’adoption de son projet de loi C-282 visant à protéger la gestion de l’offre, une proposition législative qui fait partie de l’ultimatum lancé par les députés du Bloc au gouvernement minoritaire libéral.

Émilie Bergeron

La Presse Canadienne

«Peter Boehm et Peter Harder, deux petits monarques non élus, tous deux nommés au Sénat par les libéraux, bloquent volontairement un projet de loi pourtant soutenu par la majorité de cette Chambre. Les libéraux veilleront-ils à ce que les sénateurs respectent la démocratie et adopteront-ils le projet de loi C-282? », a lancé le porte-parole du Bloc agricole, Yves Perron, jeudi lors de la période des questions.

Le texte législatif, qui propose de protéger la gestion de l’offre dans toutes les négociations commerciales, est à l’étude au Sénat depuis plus d’un an. Les députés ont donné leur approbation finale au C-282 avec une forte majorité à la Chambre des communes.

C’est le ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, Jean-Yves Duclos, qui a répondu à M. Perron, soulignant qu’il n’y a pas de caucus libéral au Sénat depuis les changements apportés par le premier ministre Justin Trudeau.

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PHOTO PATRICK DOYLE, LA PRESSE CANADIENNE

Minister Jean-Yves Duclos

Les sénateurs savent qu’ils sont indépendants, mais ils savent aussi qu’ils doivent faire leur travail et bien considérer le point de vue de la Chambre lorsqu’ils veulent ou non soutenir les agriculteurs du Québec et d’ailleurs au pays.

Jean-Yves Duclos, ministre des Services publics et de l’Approvisionnement

M. Duclos en profite pour rappeler que les libéraux ont voté en faveur du C-282 à la Chambre.

« Le Parti libéral a toujours soutenu la gestion de l’offre au Canada. D’ailleurs, c’est un gouvernement libéral qui a mis en place la gestion de l’offre il y a plusieurs années. Nous avons toujours été là, derrière les agriculteurs », a-t-il conclu.

Lors d’une réunion de la commission sénatoriale des relations étrangères étudiant le projet de loi la semaine dernière, le sénateur conservateur Leo Housakos a déploré la lenteur des choses sans attaquer directement les sénateurs Boehm et Harder.

« Comment expliquer que ce projet de loi traîne depuis très longtemps devant le Sénat ? […] un projet de loi soutenu par la grande majorité des députés de la Chambre démocrate ? », se demandait-il à voix haute.

M. Boehm, qui préside ce comité, a justifié le temps passé à entendre des témoins sur C-282 – comme le député Perron – par le fait que le groupe de sénateurs a également travaillé sur plusieurs autres dossiers, comme les sanctions et une étude concernant l’Afrique.

« Et si les gens le remarquent, il y a des guerres en cours. Nous faisons donc de notre mieux pour attirer ce public maintenant. Ils seront entiers et complets », a-t-il déclaré.

M. Harder, membre du Groupe progressiste sénatorial, a exprimé son opposition au projet de loi C-282, qui modifierait la Loi sur le ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement, au cours de la même session.

« Pouvez-vous me dire s’il existe une autre loi, quelque part dans le monde, qui utilise la loi d’un ministère des Affaires étrangères ? […] (pour) interdire une négociation particulière ? », a-t-il demandé à M. Perron et à deux autres députés bloquistes qui témoignaient.

Le sénateur a ensuite ajouté que cela n’existait nulle part ailleurs, affirmant aux élus qu’ils sont « spéciaux ».

« Vous excluez un secteur particulier des négociations. C’est la différence et c’est pourquoi je suis très préoccupé par ce projet de loi », a-t-il déclaré.

Les sénateurs Harder et Boehm n’ont pas immédiatement répondu jeudi à une demande de commentaires de La Presse Canadienne.

L’adoption complète du projet de loi C-282 est l’une des deux conditions posées par le Bloc québécois au gouvernement libéral minoritaire pour que l’opposition évite de le faire tomber d’ici Noël. Le parti politique donne aux libéraux jusqu’au 29 octobre pour exaucer ses vœux.

Au-delà de ce délai, le Bloc menace d’entamer des discussions avec les autres partis d’opposition pour faire tomber le gouvernement. Le chef du Bloc Yves-François Blanchet s’est même dit prêt à se lancer en campagne électorale avant cette date s’il semblait « impossible » pour les libéraux d’accéder aux demandes du Bloc.

 
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