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La «double morale» de la Suisse

Répression des manifestations en faveur de la paix à Gaza par les principales villes germanophones, volonté de couper l’approvisionnement de l’UNRWA et projet de loi inédit visant à interdire le Hamas. Depuis le 7 octobre, la Suisse a adopté une position résolument antipalestinienne, incarnée par Ignazio Cassis et nourrie par la majorité de droite au Parlement.

Officiellement, la Confédération exige aujourd’hui un cessez-le-feu immédiat à Gaza et la libération des otages. Au Conseil de sécurité, elle a appelé les parties à respecter le droit international. Mais ces déclarations se heurtent à des vents contraires au Conseil fédéral et au Parlement. Contactée par nos soins, l’ancienne présidente de la Confédération Micheline Calmy-Rey a constaté la passivité de la Suisse à l’égard du droit international humanitaire. « J’ai le sentiment d’avoir deux poids, deux mesures. Pour l’Ukraine, le Conseil fédéral condamne sans équivoque les violations du droit international. Mais en ce qui concerne les territoires palestiniens occupés, la Suisse envisage une analyse approfondie de l’avis de la Cour internationale de Justice avant de constater une violation des Conventions de Genève et refuse de prêter sa voix à la reconnaissance de la Palestine auprès des Nations Unies. unis, tout en se vantant de défendre une solution à deux États», appuie l’ancien conseiller fédéral.

Les affinités du ministre des Affaires étrangères, Ignazio Cassis, avec Israël sont connues. Ancien membre du groupe parlementaire d’amitié «Suisse-Israël», il avait déjà pris la décision en 2022 de déplacer le bureau de coopération suisse de Jérusalem-Est à Ramallah, à la demande d’Israël et en rupture avec ses prédécesseurs, rappelle le conseiller national Vert Nicolas. Walder. En novembre dernier, alors que les bombardements aveugles d’Israël faisaient déjà près de dix mille morts à Gaza, Ignazio Cassis invoquait le « droit d’Israël à se défendre » pour justifier son refus d’appeler au cessez-le-feu. feu. “Pour les autorités suisses, les morts israéliens sont des victimes, les morts palestiniens sont des chiffres, déshumanisés”, dénonce le conseiller aux Etats socialiste Carlo Sommaruga, membre du groupe parlementaire Suisse-Palestine. La situation lui rappelle l’époque de l’apartheid, lorsque la Suisse défendait le régime sud-africain. “La Confédération a ensuite soutenu l’Afrique du Sud au motif que le pays défendait les valeurs du monde occidental de la même manière qu’il considère qu’Israël défend ces valeurs”, souligne-t-il. Aujourd’hui, plusieurs hauts responsables de la Confédération sont proches d’Israël.

Au Parlement, Carlo Sommaruga observe un « terrible virage à droite et une forte sensibilité à la campagne de désinformation menée par le gouvernement israélien ». National a décidé en septembre de supprimer tout soutien financier à l’UNRWA. La Chambre basse a rejeté la motion de Nicolas Walder appelant à des sanctions contre les colons israéliens violents responsables de graves violations des droits de l’homme. « En 2023, ils étaient déjà responsables de plus de 400 morts et de destructions d’habitations. Ils ont bloqué les convois d’aide humanitaire, ce qui a causé la mort de nombreuses personnes, dont des enfants », explique Nicolas Walder. Il note que l’Union européenne et les États-Unis ont introduit des sanctions contre les colons violents. «La Suisse n’est pas crédible si elle se contente de condamner les crimes d’une partie au conflit», ajoute-t-il.

L’interdiction du Hamas est soutenue par tous les partis, y compris à gauche. Elle émet cependant des réserves sur le projet de loi proposé par le Conseil fédéral, craignant qu’il ne porte atteinte à l’aide humanitaire et au dialogue pour la paix. En désaccord avec son parti, Carlo Sommaruga s’oppose au principe d’interdiction du Hamas. «L’interdiction d’une organisation qui n’est pas interdite par l’ONU serait une première et représenterait un affaiblissement de la position de la Suisse.»

En tant que dépositaire des Conventions de Genève, la Suisse devra organiser une conférence internationale sur le respect du droit international humanitaire dans les territoires occupés, les Nations Unies ayant accepté une résolution de la Palestine en ce sens. « Au-delà des mots, les États devront trouver les moyens qui pourront amener Israël à se retirer des territoires occupés », conclut Carlo Sommaruga.

 
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