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Le TFA, un polluant souvent ignoré dans l’eau du robinet

Une enquête participative RTS révèle que l’acide trifluoroacétique, ou TFA, apparaît à grande échelle dans l’eau du robinet en Suisse romande. Cette molécule chimique appartient à la famille des PFAS, les « polluants éternels ». La Confédération ne s’est pas encore prononcée sur sa dangerosité.

Ce sont les auditeurs de la RTS qui ont permis de mettre en avant la présence du TFA dans l’eau du robinet en Suisse romande.

La molécule apparaît régulièrement sur les documents fournis par les distributeurs d’eau à ceux qui en font la demande. De nombreuses personnes ont envoyé ces analyses à la RTS.

Qu’est-ce que le TFA ?

L’acide trifluoroacétique fait partie de la famille élargie des PFAS. Ces molécules de synthèse, souvent appelées « polluants éternels », sont utilisées à grande échelle dans l’industrie.

Le TFA, notamment, entre dans la composition des pesticides. Les produits de réfrigération (climatiseurs, réfrigérateurs, etc.) rejettent également des TFA dans l’environnement.

560 échantillons sur 564

La présence de TFA dans l’eau a fait l’objet de beaucoup moins d’attention que celle d’autres molécules, par exemple les produits de dégradation du chlorothalonil. Les distributeurs d’eau ont rarement étudié la molécule ces dernières années.

Le TFA apparaît cependant dans le rapport 2023 des pharmaciens cantonaux suisses. Sur 564 échantillons, la molécule apparaît 560 fois. Les quantités sont importantes, avec une moyenne de 765 nanogrammes/litre, bien plus que les autres PFAS plus souvent recherchés.

Les documents fournis à la RTS par les auditeurs indiquent des quantités allant jusqu’à 2200 ng/litre. Dans les villes de Lausanne et Genève, les valeurs maximales se situent autour de 1000 ng/litre.

Pas de norme

Pour l’instant, la Confédération n’a émis aucune norme ni recommandation. L’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV), compétent en la matière, se dit en contact avec l’Union européenne à ce sujet et assure que « selon les connaissances scientifiques actuelles, l’eau potable en Suisse est de bonne qualité et pose des problèmes ». aucun risque pour la santé.

Faute de cadre légal, les cantons de Vaud et de Genève documentent le phénomène. La RTS a également appris que des pharmaciens cantonaux romands avaient contacté la Confédération, signe de leur inquiétude.

Dangereux pour la santé ?

En Allemagne, une étude a révélé que les lapins en contact avec le TFA éprouvaient des difficultés de reproduction. Mais l’impact sur les humains est encore incertain.

C’est plutôt par souci de précaution que les autorités suisses et européennes devraient donc émettre des recommandations, probablement d’ici fin 2025.

Interviewée dans l’émission RTS On en parle, l’avocate Salomé Roynel, active au sein de l’ONG « Pesticide Action Network » à Bruxelles, regrette que le principe de précaution ne prévale pas plus souvent au moment de la mise en œuvre. circulation de molécules comme le TFA, dont elle craint que « la toxicité ait été sous-estimée ».

Un phénomène irréversible

« C’est quelque chose qu’on critique beaucoup », poursuit Salomé Roynel. « Cela conduit parfois à des phénomènes irréversibles. Nous aimerions vraiment que les régulateurs s’efforcent d’inverser cette tendance.

Une éventuelle filtration de l’eau du robinet est d’autant plus difficile que l’utilisation de charbon actif, efficace contre les résidus d’autres pesticides, ne fonctionne pas avec le TFA. Seule la technique d’osmose inverse, plus coûteuse, permettrait de traiter l’eau.

>> Revoir le sujet de 19h30 sur les PFAS :

Les PFAS, aussi appelés polluants éternels, sont des molécules de synthèse utilisées par l’industrie qui présentent des risques pour la santé humaine / 19h30 / 2 min. / 18 avril 2024

Sujet radio : Bastien von Wyss et Mathieu Truffer.

 
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