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La France souveraine en 2030 mais pas sans électricité bas carbone

26 projets identifiés en 2024, répartis assez équitablement sur le territoire français, contre 24 projets identifiés en 2023 : en 12 mois, la France a confirmé son potentiel et sa capacité à devenir un producteur compétitif d’e-carburants en Europe.

Les données, publiées par l’Office français des e-carburants qui publie son deuxième baromètre, confirment que les projets industriels sont plus nombreux et les plus anciens, plus structurés.

Encore en phase de développement

C’est notamment l’e-kérosène qui concentre le plus de projets, 13 pour être exact, ceux-ci ayant presque doublé en un an. Autre élément de croissance, les besoins d’investissement, estimés l’an dernier à 3,6 milliards d’euros, sont désormais estimés à 8 milliards d’euros d’ici 2030.

« En 2024, la filière française des e-carburants a vu se structurer de grands projets, tous à l’échelle industrielle, avec des capacités de production de plusieurs dizaines de milliers de tep (tonne équivalent pétrole, ndlr) versus des projets de démonstrateurs dont les capacités sont limitées à un quelques centaines de tep »souligne Charlotte de Lorgeril, porte-parole de l’Office français des e-carburants et experte en réflexion stratégique liée à la transition énergétique au sein du cabinet Sia Partners.

Parmi ces projets aux besoins financiers importants, citons notamment FranceKerEauzen et BioTJet, soutenus respectivement par Engie et Elyse Energy pour produire du e-kérosène, le premier devant être installé sur la zone portuaire d’Haropa au Havre, le second étant prévu à Lacq, en Nouvelle-Zélande. Aquitaine, nécessitant chacune plus de 1,2 milliard d’euros d’investissement.

Les projets sont également assez équitablement répartis sur le territoire national – 17 départements sont concernés – mais assez logiquement localisés à proximité de l’axe Seine ou de Marseille-Fos, un moyen d’être proche à la fois des gisements de CO2 captables et des utilisateurs. terminaux, ports et aéroports.

Si Charlotte de Lorgeril estime que d’un point de vue technologique, “toutes les briques restent sous contrôle”Cédric de Saint-Jouan, autre porte-parole de l’Office français des e-carburants et fondateur de V-Vol, rappelle que « nous sommes encore en phase de développement de projet » et que la France, pour le moment, « n’est ni plus en retard ni moins avancé que les autres pays ».

« Marseille-Fos a un avenir industriel aussi important que Le Havre »

Point chaud

Cependant, la France pourrait atteindre assez rapidement la souveraineté tant recherchée – d’ici 2030, voire 2035 – et même devenir exportatrice d’e-carburants. Compte tenu des éléments contenus dans les projets annoncés, 344 ktep (kilotonnes équivalent pétrole) pourraient ainsi être produits en surplus et exportés d’ici 2030. Ce qui, pour illustrer le potentiel promis, équivaut à plus de 4% de la consommation de kérosène d’AirFrance KLM. l’année dernière.

Sauf que cette perspective n’est possible qu’à deux conditions étroitement liées : bénéficier du soutien des pouvoirs publics et accéder à une électricité bas carbone. Deux leviers qui, s’ils n’étaient pas actionnés, placeraient alors la France dans la situation inverse, celle de devoir importer des e-carburants. Et si l’on considère ce point, ne serait-ce que pour l’aviation, 2,6 milliards d’euros devraient alors être mobilisés. Ce qui ne serait évidemment pas une bonne nouvelle pour la compétitivité de la France.

« L’accès à l’électricité nucléaire bas carbone est le point clé »rappelle Cédric de Saint-Jouan, rejoint par Charlotte de Lorgeril qui rappelle que le cadre réglementaire européen fixant les règles de production d’e-carburant bas carbone “reste en attente d’éclaircissements pour laisser la place à l’électricité nucléaire”.

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Il faut accélérer

Car l’enjeu, au-delà d’une capacité à être exportateur ou non, est avant tout de répondre à la demande française. Toutefois, les ambitions affichées des deux secteurs les plus concernés, à savoir l’aviation et le maritime, suggèrent une demande d’e-carburant d’environ 2,1 millions de ktep d’ici 2040. Dans le même temps, le trafic aérien devrait également croître pour atteindre, selon les estimations d’Eurocontrol, 12,1 millions de vols en 2030, contre 9,2 millions enregistrés en 2022.

Autant d’éléments qui militent pour une accélération des efforts entrepris et pour que les pouvoirs publics poursuivent leur soutien au secteur. Cela permettrait à la France de construire sa souveraineté et de donner l’exemple. D’autant que tous les projets annoncés promettent 3.705 créations d’emplois. Ce qui consoliderait évidemment la filière française et placerait la France dans une certaine position de leader européen.

 
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