LLes deux visages contradictoires d’un même homme : l’un lumineux et l’autre sombre… C’est ce qu’a voulu rappeler l’acteur Lambert Wilson, qui connaissait bien l’abbé Pierre pour l’avoir incarné au cinéma et qui avait noué avec lui une relation très forte – l’abbé l’avait même baptisé. « J’ai passé un temps fou avec lui », s’est-il souvenu sur le tournage de C'est à vous Mardi soir. Il a été une sorte de guide spirituel pour moi, très important dans ma vie.
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Et, malgré cette proximité, il n’a jamais soupçonné la part d’ombre du prêtre, accusé de nombreuses violences sexuelles depuis près de deux mois. « Je suis comme le public, je découvre en même temps que tout le monde ce que publie la fondation Emmaüs, poursuit-il. Je suis sans voix. »
Visiblement affecté, on sent l’acteur partagé entre le dégoût et l’admiration qu’il a longtemps éprouvés pour l’homme d’Église, ancien résistant et prêtre engagé auprès des plus démunis depuis les années 1950. « Il a tant fait pour l’humanité, se souvient Lambert Wilson. Cela ne veut pas dire que je justifie ou que je ferme les yeux sur les actes qu’il aurait pu poser, mais, pour moi, c’était quelqu’un qui avait certainement du mal avec le célibat. Et il l’a dit : il respectait l’Église, le célibat était compliqué et il l’a formulé. »
« Cédez au désir… »
Cette frustration sexuelle, qui n'excuse en rien les agressions dont il s'est rendu coupable, le prêtre y fait référence dans plusieurs de ses livres, comme Testamentpublié dans les années 1990 : « La tendresse d’une femme, celle de tous les jours, je ne l’ai jamais éprouvée », écrit-il. « De cela, j’ai ressenti une souffrance constante, quotidienne, toute ma vie. »
Et plus tard, dans Mon Dieu… pourquoi ?En 2005, il écrit : « Le fait que j’ai consacré ma vie à Dieu très jeune n’enlève rien à la force du désir et j’y ai cédé temporairement. » Et il appelle à la fin du célibat obligatoire pour les prêtres : « Aujourd’hui, des hommes mariés sont ordonnés, non seulement dans l’Église orthodoxe, mais dans l’Église catholique, chez les maronites ou les coptes, qui ont le choix entre le mariage et le célibat. »
Autre célébrité à s'exprimer sur le sujet : la chanteuse Nolwenn Leroy, ambassadrice de la Fondation Abbé-Pierre depuis près de vingt ans. Dans une interview accordée à France InterL'artiste a salué la démarche de la fondation, qui a libéré la parole et écouté les plaintes des victimes.
« Il y a toujours une part d’ombre dans les personnages historiques, a-t-elle rappelé. Il est vrai que beaucoup ont vu en l’abbé Pierre un saint, mais il n’en était pas un. Et, à la lumière de ce que nous venons d’apprendre, il était tout sauf cela. Mais le combat qu’il a mené et tout ce qu’il a mis en place doivent se poursuivre aussi longtemps que nécessaire. Il le faut. »
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