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en Dordogne, une lettre maladroite de l’inspecteur sur les remplacements d’enseignants

Dans un premier temps, les enseignants périgourdins ont pris leurs loupes pour mieux lire le mail signé par l’inspecteur départemental de Brantôme Nord Dordogne. Et puis, ils ont douté : faux, voire piratage d’emails ? Non non…

Alors même que la communauté éducative se mobilise contre le manque de moyens et tente de faire oublier les « bourdes » de la très furtive ancienne ministre de l’Éducation nationale Amélie Oudéa Castera concernant « l’absentéisme des enseignants », les directeurs des écoles périgourdines de ce secteur du Périgord Vert ont reçu un mail explosif signé de l’inspectrice du Périgord Laetitia Kadur.

Dans ce cas, elle demande un effort supplémentaire « jusqu’aux vacances d’été » en matière d’absence, plaçant cette demande dans un contexte de remplacement qu’elle compare à celui du Covid. « Nous sommes obligés de supprimer les décharges de direction, de désorganiser les visites croisées dans le cadre des plans mathématiques et français. Cependant, nous restons chaque jour négatifs et beaucoup de classes ne sont pas remplacées », écrit-elle avant de demander, en conséquence, aux enseignants de « demander aux conjoints et aux proches de s’occuper des enfants malades, et de laisser les collégiens et lycéens malades se débrouiller seuls ».

Dans le même esprit, l’inspecteur demande aux enseignants d'”essayer de modifier leurs rendez-vous pris pendant le temps scolaire”, y compris “les démarches médicales”. Ou encore de « prendre sur soi si la douleur n’est pas intense ».

« Hors du cadre réglementaire »

Ce message a suscité l’étonnement en Dordogne. “Les injonctions qui sont prononcées sortent du cadre réglementaire”, réagit au téléphone la secrétaire départementale Se-Unsa Hélène Maleterre, ajoutant que “les propos blessent le personnel”. Et ce d’autant plus qu’au-delà du contexte national déjà mouvementé, le paysage départemental est particulièrement difficile. « Nous manquons déjà de remplaçants », poursuit-elle.

«Nous manquons déjà de remplaçants»

En effet, la Dordogne ne compte pas moins de 365 écoles, certes pas toutes inscrites dans la même commune, mais couvrant un vaste territoire rural. « Certains de ces établissements n’ont qu’une ou deux classes. Quand un professeur est absent, c’est déjà difficile de le remplacer.» Pas question pour autant de renoncer aux droits sociaux, constate le dirigeant syndical. « C’est plus que maladroit, c’est inapproprié, intrusif et c’est aussi une mauvaise compréhension des enseignants qui travaillent lorsqu’ils sont fatigués ou malades, pour ne pas abandonner leurs élèves. »

Toutefois, les différents syndicats enseignants n’ont pas rendu public l’affaire, préférant alerter directement le directeur académique départemental et gérer le sujet en interne. « En fait, l’équipe de direction a été très réactive », raconte Hélène Maleterre. Et si des excuses ont été présentées, le syndicat Se-Unsa Périgord écrit qu’il « ne souhaite pas en rester là. Car si le mail est plus que maladroit, il reflète aussi une réalité de terrain à laquelle il faut apporter des réponses. Notre système éducatif est au bord de l’implosion », précise l’UNSA, formulant plusieurs demandes, comme « la suspension des évaluations externes des écoles, la suspension des formations, faute de remplacements, ainsi que le respect des jours de décharge de la direction, qui sont réglementaires. »

Négociations et réponses de terrain

Ce mardi soir, une réunion a été organisée avec les partenaires sociaux, dont le syndicat FSU-SNUIPP, premier syndicat d’enseignants des écoles. Jointe au téléphone en pleine négociation, la directrice académique départementale Nathalie Malabre a regretté cet incident, expliqué par « l’état d’épuisement de l’inspecteur, assailli par les appels téléphoniques des familles, dans un moment de forte tension au sujet des remplacements en un département rural et isolé, où en effet le réseau scolaire est très particulier, dispersé et complexe » a-t-elle expliqué.

En réponse, la directrice a non seulement assuré le personnel de son soutien, et de celui du rectorat, tandis qu’un dialogue s’instaure pour trouver des solutions sur le terrain. “J’ai également assuré aux enseignants que nous étions attachés aux droits statutaires et que nous étions conscients de leur mobilisation.” Nathalie Malabre a également annoncé l’augmentation des remplacements avec cinq nouveaux postes, et la suspension des formations. Enfin, les décharges de gestion seront maintenues, pour rester légales.

 
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