Dakar, 24 déc (APS) – L’ancien Premier ministre Mamadou Lamine Loum a estimé samedi à Dakar que le Sénégal souffre de la « faiblesse » de son système politique avec des formations politiques vouées exclusivement à la conquête et à la conservation du pouvoir au détriment de l’éducation civique.
“La principale faiblesse du système politique sénégalais est que nous ne disposons pas d’offres politiques capables de répondre aux revendications citoyennes (…) les associations et mouvements citoyens ont également un grand rôle à jouer dans ce domaine”, a-t-il déclaré. a analysé l’ancien chef du gouvernement sous le régime socialiste.
Mamadou Lamine Loum s’est exprimé lors d’un panel marquant la célébration du 10ème anniversaire de LEGS Africa, un think tank panafricain. Le thème de la rencontre était : « L’efficacité de l’action publique : entre logique de conquête du pouvoir et logique de citoyenneté ».
Plusieurs personnalités, universitaires et représentants de mouvements citoyens ont pris part à cette cérémonie organisée samedi à la Maison de la presse de Dakar.
« Les partis politiques ne se consacrent pas exclusivement à la conquête et au maintien du pouvoir, mais ils doivent également assurer l’éducation de leurs militants, l’éducation et la sensibilisation des citoyens, ainsi que la promotion de thématiques porteuses de progrès dans le cadre des politiques publiques », a recommandé l’ancien Premier ministre.
“Dans l’espace public, nous avons affaire à des personnels politiques dont le rôle est la conquête et la préservation du pouvoir (…) Mais il y a aussi d’autres acteurs comme la société civile qui ont une action à bien plus long terme”, a-t-il déclaré.
Dans son analyse du système politique sénégalais, l’ancien Premier ministre n’a pas manqué de relativiser son point de vue par rapport aux futurs rendez-vous électoraux. «Nous sommes à deux pas d’une élection présidentielle qui comptera sans aucun doute dans notre jeune Etat. Les partis politiques doivent être comme des entités qui permettent à leurs militants de se reconnaître à travers un certain nombre d’orientations », a soutenu M. Loum.
Pour l’économiste Ndongo Samba Sylla « les élections ne sont pas la seule mesure de la démocratie ».
« Ce qu’il faut savoir, c’est que pendant plus de 2 000 ans, aucun penseur politique n’a fait des élections un rituel démocratique. Une élection ne peut jamais être démocratique. Et quand on lit des auteurs comme Aristote, Platon ou Montesquieu, ils nous disent que l’élection est assimilée à l’aristocratie ou à l’oligarchie. Mais il y a des élections qui peuvent être plus ou moins consensuelles et qui permettent d’avoir de bons candidats qui sont là pour l’intérêt général”, a analysé l’économiste.
De son côté, la sociologue Aoua Bokar Ly Tall a déclaré que « l’Afrique a connu la démocratie bien avant la colonisation », faisant allusion à « la charte du Mandé ».
“A mon avis nous ne sommes pas encore en démocratie car la démocratie avec laquelle nous gérons nos pays, notamment francophones, est une démocratie qui vient d’ailleurs et qui ne s’adapte pas bien à nos sociétés et à nos cultures”, a-t-elle estimé.
Disciple de l’universitaire sénégalais Cheikh Anta Diop, Aoua Bokar Ly Tall a observé que « l’Afrique a raté le coche ».
« Après l’indépendance, les Africains ont dû s’asseoir autour d’une table pour voir ce que nous avions avant l’arrivée des colonisateurs. Notre connaissance locale constitue une bonne base. Nous devons les actualiser pour aller vers une démocratie à l’africaine », a-t-elle recommandé.
CN/MTN
Related News :