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un mois après le séisme, Marrakech veut croire en sa bonne étoile

A deux jours du début de la réunion annuelle de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, du 9 au 15 octobre, la Ville rouge met les bouchées doubles pour se refaire une beauté et rouvrir les monuments et musées encore fermés depuis le séisme.

A Marrakech,

Un mois après le tremblement de terre qui a secoué la région de Marrakech, le traumatisme pèse encore dans les esprits mais la Ville Rouge retrouve peu à peu son Bahja (joie de vivre) légendaire. Alors que les professionnels du tourisme craignaient une réaction à la forte baisse de performance liée à l’épisode covid, la reprise s’avère plus rapide que prévu. ” Après un trou d’air dans les 10 jours qui ont suivi le séisme, l’activité hôtelière est revenue à 100% », résume Alexandre Leymarie, PDG du Beldi Country Club qui gère 3 établissements (112 chambres au total), saluant le grand élan de solidarité, y compris chez ses clients qui apportent des contributions financières et des dons de vêtements. ” Nous terminerons le mois d’octobre avec un taux d’occupation de 85% au lieu des 95% prévusnote le directeur d’un hôtel de luxe. Compte tenu des dégâts causés par le tremblement de terre, nous nous en sortons plutôt bien. « .

Après un trou d’air dans les 10 jours qui ont suivi le séisme, l’activité hôtelière est revenue à 100% »

Alexandre Leymarie, PDG du Beldi Country Club

Dans la médina, la zone la plus touchée, certains gérants de riads pointent une réticence persistante des voyageurs, mais Samuel Roure, le président de l’association des maisons d’hôtes de Marrakech, affiche une confiance sans faille. Après une vague d’annulations de 35% en moyenne pour septembre” le taux de réservations a très fortement augmentéil insiste. Sur les 154 adhérents, seuls huit ont fermé temporairement, six rouvrent pour la Toussaint et deux pour les fêtes de fin d’année. « . A cela s’ajoutent d’autres établissements : ainsi dans la collection Angsana, deux des six riads ont dû fermer pour travaux, dont le Riad Si Said, le fleuron.

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Tous les travailleurs du Maroc semblent mobilisés

Les travailleurs sont occupés en prévision de la réouverture prévue du palais de La Bahia. Anne-Claire Delorme/Le Figaro

Les messages incitant à revenir au Maroc pour aider le pays, relayés par les réseaux sociaux, et les opérations de séduction orchestrées par les autorités touristiques semblent en effet avoir été reçus cinq sur cinq. Et surtout, la poursuite de la réunion annuelle de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international du 9 au 15 octobre est un signal positif. “Marrakech se prépare à accueillir 14 000 personnalités du monde entier. Tous les regards seront tournés vers la villesouligne Mustapha Amalik, secrétaire général de l’Association de l’Industrie Hôtelière (AIH) Marrakech-Safi, la décision de maintenir l’événement suite à un état des lieux valide le fait que Marrakech est sûre« . Au lendemain du séisme, des bureaux d’études techniques ont été mobilisés, inspectant hôtels et chambres d’hôtes afin d’en garantir la sécurité, certifiée par des certificats, et poser les bases d’éventuels travaux. Une bouffée d’oxygène pour les hôtels qui sont pour la plupart pleins, et qui pourront compenser les pertes financières parfois catastrophiques dues au séisme.

Herbe fraîche et oliviers le long des remparts de Marrakech. Anne-Claire Delorme/Le Figaro

Autre effet positif du maintien de la grande masse de la finance, l’étonnante rapidité avec laquelle Marrakech a entrepris de se restructurer. Tous les travailleurs du Maroc semblent s’être mobilisés pour améliorer les voies de circulation, les réparer et les embellir. Les passages piétons fleurissent du jour au lendemain, les ronds-points se hérissent de palmiers et, au pied des remparts (entièrement restaurés) longeant La Mamounia et le Royal Mansour, des pelouses bien entretenues et des bancs flambant neufs attendent les promeneurs. Une performance saluée par tous, habitants comme professionnels, même si les agences réceptives pointent du doigt la flambée soudaine des prix des prestations touristiques.

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Retour à la normale, ou presque

La Médersa Ben Youssef, l’un des nombreux monuments ouverts au public. Anne-Claire Delorme/Le Figaro

Cependant, la Ville Rouge n’a pas tout à fait retrouvé son aspect d’antan. La priorité ayant été donnée aux établissements recevant du public, les expertises dans la médina se poursuivent et des échafaudages entourent encore certains édifices dont plusieurs tours des remparts. Bonne nouvelle : la plupart des monuments seront à nouveau opérationnels la semaine prochaine. La réouverture du palais de la Bahia et des tombeaux saadiens est imminente, et le musée du patrimoine immatériel de Jemaa El Fna reprend du service ce dimanche. “Pour le Maroc, rien n’est impossiblese réjouit Mehdi Qotbi, président de la Fondation nationale des musées. Plus d’une trentaine d’ouvriers travaillent jour et nuit pour pouvoir rouvrir ce lieu d’art et de culture qui rend hommage à la place mythique« . Il faudra en revanche attendre fin novembre pour visiter le musée des Confluences et siroter un café au Bacha Coffe, l’un des hotspots de la ville, tandis que la durée des travaux à Dar Si Saïd, le musée national du tissage et La durée de vie du tapis est estimée à au moins six mois.

“Pour le Maroc, rien n’est impossible”

Mehdi Qotbi, président de la Fondation nationale des musées

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Rassurer les voyageurs avant tout

Le lustre centenaire, pièce maîtresse de la rénovation à l’occasion des 100 ans de La Mamounia. Anne-Claire Delorme/Le Figaro

Dans les zones environnantes, du moins vers l’épicentre, le retour à la normale devrait prendre plus de temps. Et les agences spécialisées dans le trekking s’adaptent. “Il faut rassurer, expliquer, les voyageurs ont du mal à localiser les lieux ce qui est normal», indique Marie Agoujil de Terres Nomades qui organise actuellement des circuits dans le désert. Sport Travel, qui a dû annuler cinq groupes prévus au Toubkal au lendemain du séisme, reporte les circuits vers d’autres massifs et organise des excursions à la journée. A deux pas d’Amizmiz, l’une des villes les plus dévastées, Bruno Dubois Roquebert, propriétaire du boutique-hôtel Maroc Lodge, se veut néanmoins positif : «Il faut profiter de cette soudaine notoriété d’Amizmiz pour faire passer le message qu’il y a de très belles choses à voir dans la région, sans tomber dans le voyeurisme. C’est aussi ainsi que nous pouvons aider la population« . Partout à Marrakech, c’est le leitmotiv, jusque dans les salons de La Mamounia, qui a versé un million d’euros au fonds spécial créé par le royaume. Annuler les célébrations du centenaire prévues cette semaine au risque de provoquer un deuxième séisme économique, ou les maintenir ? L’icône de la Ville Rouge a tranché : ce samedi plus de 2000 convives sont invités à célébrer un siècle d’excellence, lors d’une grande soirée festive avec collecte de fonds. “La Mamounia a cent ans, mais elle est plus jeune et plus forte que jamais», a souligné Pierre Jochem, le directeur général du palais, en levant le rideau sur ses nouveaux atours. Des mots qui font écho à la résilience du Marrakech (presque) millénaire.

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