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Vous perdez une fortune en réclamant votre pension trop tôt, voici combien

Oui, c’est contre-intuitif : plus j’attends avant d’encaisser mon argent, plus je recevrai d’argent.

De plus, cette approche libère les personnes âgées d’un fardeau incroyable en éliminant les risques liés au marché financier, à l’inflation et à la longévité. Mieux : cela limite la période pendant laquelle il faut planifier sa vieillesse. Plutôt que d’épargner pour répondre à vos besoins financiers sur une période de 25 à 30 ans, vous accumulez un coussin dont la majeure partie sera utilisée pendant une douzaine d’années.

Hier, la Chaire de recherche en fiscalité et finances publiques de l’Université de Sherbrooke (CFFP) a présenté une étude susceptible de rallier les plus sceptiques. L’essentiel : dans presque tous les cas, vous perdez de l’argent en réclamant vos prestations de retraite le plus tôt possible. Dans la majorité des scénarios étudiés, mieux vaut au contraire les retarder le plus longtemps possible, soit à 70 ans pour le PSV et à 72 ans pour le RRQ (ce qui sera possible à partir de 2024).

Luc Godbout, titulaire de la chaire, a confié les calculs à Daniel Laverdière, actuaire et planificateur financier à la retraite. Ils y travaillent depuis le printemps, avec Frédérick Hallé-Rochon. Si vous êtes un lecteur régulier de cette chronique, ces deux experts vous sont familiers. Le sujet aussi.

Bien entendu, tous les scénarios imaginables n’ont pas été évalués. L’étude examine trois situations selon les objectifs de revenu de carrière et de revenu de retraite. Ils couvrent néanmoins 80 % de la population.

Chaque scénario est découpé en deux variantes, retraite à 60 ans et retraite à 65 ans (nous utiliserons 65 ans pour cette colonne), puis selon toutes les combinaisons possibles quant aux moments où les rentes sont demandées, de 60 à 72 ans pour le RRQ. , et de 65 à 70 pour le PSV. L’âge du décès dans le scénario de base est fixé à 95 ans (une norme en matière de planification de la retraite). Les experts ont également refait leurs calculs en abaissant la barre à 85 ans.

Les évaluations sont basées sur les paramètres de 2023, même si ce n’est qu’à partir de 2024 que le report du RRQ jusqu’à 72 ans sera permis.

Amélioration du RRQ et du PSV

Nous devons nous souvenir de la mécanique au travail. Les Québécois ont droit à 100 % de leur rente à 65 ans, cela s’applique autant au PSV qu’au RRQ. Cette dernière peut être réclamée de manière anticipée, dès 60 ans. Plus tôt vous commencerez à la percevoir, plus la pension sera faible (-0,6% par mois d’anticipation). À 60 ans, elle est réduite de 36 %. Vous pouvez également reporter votre demande jusqu’à 70 ans, et 72 ans à partir de l’année prochaine, en échange d’une majoration de revenus (0,7% par mois de report). Prise à 72 ans, la prestation est majorée de 58,8 %.

Les retraités ne sont pas admissibles au PSV fédéral avant 65 ans. Vous pouvez toutefois le retarder et, comme pour le RRQ, plus vous attendez, plus la prestation sera bonifiée. À 70 ans, celui-ci est augmenté de 36 % (0,6 % de plus par mois de report). Le supplément de 10 % auquel ont droit les personnes âgées de 75 ans et plus est également bonifié dans les mêmes proportions. Point important : les deux prestations sont entièrement indexées sur l’inflation.

Évidemment, ces reports nécessitent des économies. Pour combler l’écart jusqu’à 70 et 72 ans, il faut pouvoir compter sur l’épargne. Daniel Laverdière calcule l’épargne nécessaire dans tous les cas, sur la base d’une hypothèse de rendement de 3 %, net de frais.

Les trois graphiques ci-dessous illustrent les trois sources de revenus, selon que vous décidez de toucher votre rente de manière anticipée, à 65 ans ou le plus tard possible. Visuellement, on voit que moins d’économies sont nécessaires en reportant l’entrée en action des régimes publics. L’étude précise la différence au dollar près ! Tous les scénarios sont illustrés en dollars de 2023, tous les revenus sont imposables, l’épargne est donc dans les REER.

Première situation : 40 000 $ par année à la retraite

Ici, nous supposons une personne dont le revenu de carrière représente 100 % du revenu maximum admissible (MGA), soit 66 600 $ (2023). À sa retraite, il vise un revenu de 39 960 $ jusqu’à 95 ans, soit 60 % de ce qu’il a gagné au cours de sa vie active.

Pour maintenir ce niveau de vie pendant tout ce temps, le retraité aura besoin de près de 415 000 $ d’économies s’il réclame ses prestations (RRQ et PSV) à 65 ans. C’est la pire décision, établit l’étude. Toutes les autres combinaisons sont plus avantageuses, mais le mieux est de retarder jusqu’à 72 ans pour le RRQ et à 70 ans pour le PSV. Cette solution vous permet d’obtenir le même résultat avec 136 000 $ d’économies en moins.

Nous ne pouvons pas présumer de notre âge de retraite, mais en cas de décès à 85 ans, la solution optimale serait de demander le RRQ à 70 ans et le PSV à 68 ans.

Deuxième situation : le bon vieux temps avec 35 000 $ par an

Dans ce cas, on imagine une personne dont le revenu de carrière moyen atteint 75 % du MGA (49 950 $) de 2023. Elle prévoit passer ses années de retraite sur trois décennies à compter de 65 ans avec l’équivalent de 70 % de son revenu de travail (34 965 $). ).

Un REER de quelque 384 000 $ sera nécessaire pour financer cette retraite si des prestations sont reçues à partir de 65 ans. Comme épargne, c’est une somme relativement importante. Comme dans le cas précédent, cette solution est complètement perdante. En repoussant le plus possible le RRQ et le PSV, il faudra économiser 274 128 $ pour soutenir le même mode de vie, soit près de 110 000 $ de moins (29 %).

Dans un régime qui s’arrête à 85 ans (mauvais pari!), il faudrait commencer à recevoir le RRQ à 70 ans et le PSV à 68 ans.

Troisième situation : retraite avec de faibles revenus

De tous les scénarios, celui-ci est probablement le plus exigeant en termes d’économies. Dans ce cas, la personne a gagné en moyenne au cours de sa vie la moitié du MGA, soit 33 300 $. Compte tenu de ces revenus modestes, on devrait viser un remplacement de 90 % (29 970 $) de 65 à 95 ans.

Une personne dans ces conditions a aussi tout intérêt à prolonger sa rente jusqu’au maximum (72 et 70 ans), mais pour faire le pont d’ici là, elle doit accumuler 198 309 $. Toutefois, la situation empire considérablement si la personne retraitée commence à recevoir sa rente à 65 ans, car il lui faudra 150 000 $ de plus (43 %) pour maintenir le même train de vie jusqu’à 95 ans.

J’ai laissé de côté les scénarios de retraite à 60 ans qui nécessitent des REER encore plus importants. Les conclusions sont les mêmes.

Vous souhaitez tester des hypothèses les plus proches de votre situation ? Le CFFP a mis en ligne un outil de calcul qui permet d’évaluer l’épargne nécessaire pour soutenir un niveau de vie déterminé selon différents paramètres, dont le moment où les prestations de retraite sont réclamées.

Allez vous amuser et perdez vos derniers préjugés…

(Suite samedi…)

 
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