L’Olympique Lyonnais traverse une mauvaise passe, notamment après son élimination en Coupe de France par une équipe de N3. En coulisses, la rétrogradation en Ligue 2 par mesure conservatoire décidée par la DNCG pèse toujours sur les épaules de Lyon. Malgré tout, John Textor, le propriétaire de l’OL, continue de défendre son modèle économique de multipropriété. Et globalement l’Américain réussit son pari. Botafogo, le club de l’Aigle Football au Brésil, a remporté le doublé en championnat – Libertadors, alors que l’OL est à deux points de la zone Ligue des Champions en Ligue 1 et bien placé en Ligue Europa avant de jouer Fenerbahçe ce jeudi soir.
John Textor dit ce qu’il pense. Quitte à agacer une partie du football français. L’évidence il y a quelques jours à Rothen s’est enflammée sur RMC, prenant à partie le président du PSG Nasser Al-Khelaifi et même la DNCG. L’Américain ne se cache pas dans ses combats, et notamment contre le gendarme financier français. John Textor regrette que la DNCG ne comprenne pas son modèle de propriété multiple, alors qu’elle assure de son côté qu’il n’y a aucun traitement discriminatoire à l’encontre de Lyon. Sur le papier, les faits sont inquiétants pour le groupe Eagle : près de 500 millions d’euros de dettes à fin 2024. Mais le « patron » n’a aucun doute.
Directeur général de l’OL depuis un peu plus d’un an, Laurent Prud’homme vient en appui : « Le modèle de John est celui de la création de valeur. C’est une situation responsable dans le contexte actuel. Le modèle qui existe depuis 40 ans est cassé, on a vu -60% des droits TV John propose son propre modèle, il se démarque, c’est sûr, son énergie et son ton peuvent sortir du lot, mais c’est un grand chef d’entreprise. un visionnaire et en même temps un spécialiste du football.
Botafogo, « les fans adorent Textor »
John Textor est choquant et source de division. Ses détracteurs ont pu le comparer à Gérard Lopez, le propriétaire qui a fait tomber les Girondins de Bordeaux ou encore Jack Kachkar, le faux acheteur de l’OM dans les années 2000. Mais d’autres lui font une confiance aveugle. Comme Laurent Prud’homme alors. « C’est un président qui donne un cap, il est le premier à y croire et tout le monde le suit. A mon arrivée en décembre 2023, Lyon était dernier lors de la 14e journée, avec sept points. John a assuré que Lyon s’enfuirait et irait en Coupe d’Europe, tout le monde a ri. Il avait raison.
A Botafogo, le président Durcesio Mello ne tarit pas d’éloges sur son patron américain : « Le club en 2023 a été un désastre. Cela n’avait aucun sens. Après le doublé Serie A-Libertadores, les fans adorent Textor. est un grand homme. Eagle Football, c’est très intelligent. Son système de multipropriété, c’est le même que celui de Manchester City, et j’imagine qu’il aura encore plus de succès. Il comprend très bien. le football et les affaires, c’est un visionnaire.
Cash pooling entre Botafogo et Lyon
Méthode Coué ou pas, les proches de Textor le suivent aveuglément. Et force est de constater que les prédictions américaines se réalisent progressivement. Le mercato évolue dans le bon sens, avec les départs de Maxence Caqueret à Côme (16,5 millions d’euros) et Gift Orban à Hoffenheim (près de 12 millions d’euros) notamment. La vente des parts de Textor dans le club anglais Crystal Palace est en bonne voie, et l’argent arrive également via le Brésil. Laurent Prud’homme détaille les derniers mouvements de cash pooling grâce à la multipropriété : « Le destin de l’OL est lié au succès de Botafogo et vice versa. Chaque club contribue et bénéficie des efforts de l’autre. Par exemple, la prime de victoire chez Libertadores est de 23 millions d’euros. C’est aussi 9 millions pour le championnat et le prize money pour la participation à la prochaine coupe du monde des clubs, 50 millions. Tout cela permet à Lyon de mieux respirer sur le papier, mais c’est la DNCG qui validera ou non ces recettes.
HORS débrief de la semaine : les coulisses de l’interview choc de Textor
Textor veut « remettre Lyon au sommet de l’Hexagone »
Aujourd’hui Botafogo aide l’OL, mais “il y a une possibilité que cela fonctionne dans l’autre sens”, assure le manager général lyonnais. Au Brésil, Durcesio Mello sait que Lyon est actuellement au centre du projet Eagle : « Textor se concentre sur la remise de Lyon au sommet de l’Hexagone, pour concurrencer le PSG. Thiago Almada est là par exemple. La compétition avec Paris aura lieu.
-Le président carioca ne s’inquiète pas pour son club malgré tout. “Après notre succès, tout le monde imagine que Botafogo sera au sommet chaque année mais le football ne fonctionne pas comme ça. Il y a des départs de joueurs, Almada et Luiz Henrique par exemple. Nous devons y faire face mais d’autres arriveront et nous serons encore plus forts.
Thiago Almada est en effet une nouvelle preuve du pouvoir de persuasion de John Textor. Malgré l’interdiction de recrutement décidée par la DNCG, le président lyonnais est parvenu à faire valider le contrat du champion du monde argentin auprès de la Ligue de Football Professionnel.
Certains dirigeants français méfiants voire calomnieux envers Textor
En guerre avec la DNCG, en désaccord avec Nasser Al-Khelaïfi, John Textor s’impose de plus en plus comme une figure du football français. Pour Prud’homme, « le football professionnel a aujourd’hui besoin de quelqu’un comme lui. Il a une étonnante liberté de ton en milieu fermé. Quand un acteur fait les choses différemment, on commence par le critiquer. Mais il met du piquant à pied dans la fourmilière, il apporte quelque chose ». Plusieurs dirigeants de clubs français sont toujours méfiants, ou calomnieux envers l’Américain ? « Il y en a, oui. Mais c’est à moi de faire le lien et d’apporter ma part de culture française.
C’est aussi son rôle en région lyonnaise. Les politiques locaux, très attachés à Jean-Michel Aulas, ont pour la plupart eu du mal à s’entendre avec cet Américain, pas toujours présent sur place. Au club, on vous assure que le temps de la méfiance est révolu. « Lyon est une ville en réseau. Et tout est paisible aujourd’hui. Lors de la douzaine de cérémonies de vœux du mois de janvier, Laurent Prud’homme et plusieurs joueurs du club ont pu renforcer ce lien OL – ville.
L’OL version Aulas démantelé pour se concentrer sur l’équipe masculine
Car Textor était accusé localement d’avoir vendu les bijoux de famille. Avec Eagle, il a tout concentré sur le football masculin. Vente de la LDLC Arena, d’OL Reign (équipe féminine aux Etats-Unis) et de la section française féminine notamment. Pour faire passer la pilule aux Lyonnais, il a privilégié la vente de l’Arena justement à Jean-Michel Aulas et de l’OL féminin à Michelle Kang, l’une des businesswomen les plus puissantes du football qui promet d’investir encore plus.
Le propriétaire de l’Olympique Lyonnais est constamment en mouvement, mais visiblement convaincu par la direction à prendre. « La relation de confiance entre le football français et la nouvelle présidence lyonnaise prend du temps à se construire, résume Laurent Prud’homme. « Mais quoi qu’il dise, il le fait ! » Si tel est le cas, Textor aura réussi à récupérer l’argent promis, et l’OL restera en Ligue 1 après son passage de fin de saison à la DNCG.