Depuis le 13 novembre, l’opération Atipa mobilise les forces de sécurité françaises et surinamaises pour renforcer les contrôles sur le Maroni, principal point de passage entre la Guyane et le Suriname. En moins de deux mois, des résultats encourageants ont été enregistrés : saisies de stupéfiants, expulsions de clandestins et régulation du trafic fluvial.
Le silence de la nuit est trompeur sur le Maroni. Les canoës glissent sans bruit, lumières éteintes, espérant échapper aux contrôles. Mais depuis le lancement de l’opération Atipa, cette stratégie n’échappe plus aux forces de sécurité en veille permanente sur le fleuve. A bord de leur bateau, le commandant Thierry Verdon et ses équipes de la Police aux Frontières (PAF) veillent, prêts à intercepter les embarcations suspectes.
Lancée le 13 novembre, cette opération inédite marque la coopération interservices entre la PAF, la gendarmerie nationale, les douanes françaises, la police municipale et la police militaire surinamaise (KPM). Un dispositif renforcé pour répondre à un enjeu majeur : le contrôle de quelque 700 pirogues traversant quotidiennement le fleuve, principal point de passage entre la Guyane et le Suriname.
En seulement deux mois, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Lors d’une récente opération nocturne, 2,4 kilos de cocaïne ont été saisis sous forme de pains et d’ovules, ces derniers étant destinés à être ingérés pour être transportés vers l’Europe.
Une telle quantité est la première depuis le début d’Atipa
rapporte Alain Genevier, responsable des douanes de l’ouest de la Guyane.
Au-delà des stupéfiants, l’opération cible également les étrangers en situation irrégulière.
Chaque jour, nous procédons à des expulsions vers le Suriname pour ceux qui n’ont pas les papiers nécessaires
explique Thierry Verdon. Depuis le lancement d’Atipa, les contrôles ont triplé, tout comme le nombre de biens et de personnes interceptés.
-Ce succès repose sur une coordination harmonieuse entre les différents services. « Si chaque force agissait de manière isolée, l’impact serait moindre »souligne Christian Nussbaum, directeur territorial de la police nationale en Guyane. L’Opération Atipa prouve qu’unir les forces maximise l’efficacité :
En conjuguant nos efforts, nous créons une véritable force de frappe sur le Maroni.
Chaque semaine, les responsables des forces en présence ajustent les horaires et les stratégies selon les besoins. « L’objectif est de rester efficace tout en préservant nos effectifs » précise le commandant Verdon.
Toutefois, les défis restent nombreux. Le fleuve Maroni, long de plusieurs centaines de kilomètres, offre une multitude de traversées clandestines. Les pirogues, souvent rapides et difficiles à intercepter, compliquent la tâche des agents. « Nous travaillons à l’oreille, dans le noir complet, pour repérer les bateaux suspects » explique un agent du PAF.
L’opération Atipa, nommée en hommage au poisson emblématique du Maroni, se poursuit sans date de fin. « Tant que cela sera nécessaire, nous resterons mobilisés »déclare le contrôleur général Christian Nussbaum. Avec des résultats déjà significatifs, Atipa incarne l’efficacité de la coopération internationale et interservices dans un contexte où la vigilance est de mise.
Reste cependant un défi de taille : la longueur et la complexité du Maroni. Si les postes de contrôle se concentrent aujourd’hui sur les zones à fort afflux, le fleuve reste un espace immense, avec une multitude de passages clandestins potentiels. Pour que cette opération produise des résultats durables, il faudra maintenir un rythme soutenu et mobiliser régulièrement des moyens humains et matériels importants.
Atipa a prouvé son efficacité à court terme, mais son succès à long terme dépendra de la capacité des forces en présence à maintenir cette coordination. Le défi est de taille : le fleuve est non seulement vaste, mais aussi difficile à contrôler sur toute sa longueur. Des efforts constants seront donc nécessaires pour réduire le flux des passages illégaux et renforcer la réglementation. La question reste ouverte : Atipa pourra-t-elle maintenir ce rythme sur le long terme ?