Look glacé, jean bleu, sweat-shirt noir, l’homme se dirige vers la barre du tribunal judiciaire de Mont-de-Marsan. Derrière lui, sa mère attend patiemment sur le banc, la tête baissée. Ce mardi 21 janvier 2025, malgré toute sa patience et son abnégation, la présidente de l’audience n’obtiendra rien de cette Gersoise, née à Mont-de-Marsan en 2002.
Cependant, elle et ses évaluateurs doivent comprendre. Comment ce jeune a-t-il pu se rendre coupable d’une agression sexuelle le 25 novembre 2023, dans un magasin de chaussures du centre commercial Grand Moun, à Saint-Pierre-du-Mont ?
Après en avoir acheté une paire, la voilà suspendue entre les étagères. Un jeune commercial en formation s’avance et lui propose de l’aider. Le prévenu entame ce qui pourrait être comparé à un début de flirt intense. “Es-tu hétéro?” “, “Avez-vous Facebook? », « Avez-vous un téléphone portable ? » Abasourdi, le garçon de 17 ans répond par la négative, sans vraiment comprendre ce qui se passe. Le client s’approche et caresse ses parties intimes sur son pantalon avant de repartir.
Des réponses laconiques
« Tu ne comprends pas quand il dit non ? », s’étonne le président dans une énième tentative d’obtenir des explications. Réponse monosyllabique typique de l’accusé coincé : « Oui ». « Alors c’est inquiétant. Pourquoi tu le touches ? Pourquoi les parties intimes ? » Là encore, toujours le même refrain : « Je ne sais pas. » Quant à la minorité de la victime, le prévenu affirme également l’ignorer. «Je pensais qu’il y avait quelque chose entre nous», balbutie-t-il.
Grâce à la réactivité du jeune vendeur, qui s’est rendu chez son gérant, le magasin a pu retrouver le dossier client de son agresseur et prévenir la police. Cherchant à sonder l’honnêteté de l’accusé, le juge demande : « Était-ce la première fois ? » Nouvelle réponse laconique : « Oui ». Elle insiste. Il persiste.
-Elle dessine alors un document que le procureur vient de lui remettre : « Vous avez été entendue en novembre 2024, dans le cadre d’une procédure pour agression sexuelle sur une petite fille alors que vous étiez mineure. » Il tente la carte de l’amnésie. Ce qui fait sursauter le procureur : « Stop, vous avez comparu devant le tribunal d’Auch le 8 janvier ! Il y a moins de quinze jours. »
Dans une école
Ne souffrant d’aucune maladie mentale – l’expert parle d’un « acte impulsif » – le jeune homme indique qu’il est en service civique. « Dans quel domaine ? », demande le juge. « En maternelle, avec des enfants âgés de 3 à 6 ans. » Sa réponse fige la pièce. Face à l’inquiétude générale, le parquet a annoncé avoir déjà prévenu « l’école et le rectorat ».
Sans constitution de partie civile, sans avocat et sans casier judiciaire, le Gersois est condamné à six mois de prison avec sursis probatoire de deux ans. Déposé, il lui est interdit d’exercer toute activité en contact avec des mineurs pendant dix ans. Il est obligé d’entamer un traitement psychologique : « Ça me fera du bien. Sinon, je ne parle pas. » De retour sur le banc, sa mère lui demande : « Pourquoi ne t’es-tu pas défendu ? ” ” Je ne sais pas. »