la nouvelle procureure du Lot, Clara Ribeiro, fixe ses objectifs

la nouvelle procureure du Lot, Clara Ribeiro, fixe ses objectifs
la nouvelle procureure du Lot, Clara Ribeiro, fixe ses objectifs

l’essentiel
Dans le prolongement du parquet de Cahors, le nouveau chef de juridiction entend mettre l’accent sur la lutte contre les violences intrafamiliales en souhaitant notamment créer une cellule médico-légale locale.

Finalement, le parquet de Cahors n’est plus orphelin. Depuis qu’Alexandre Rossi s’est mis en arrêt maladie en avril dernier, suite à l’annonce d’un procès pour violences conjugales, le parquet de Cahors se retrouve sans patron. C’est désormais du passé puisque depuis le 2 janvier, Clara Ribeiro a pris ses fonctions de procureur de la République. Elle aura l’occasion de se présenter plus directement lors de l’audience formelle qui aura lieu ce mercredi au tribunal de Cahors. Au préalable, elle a accepté de rencontrer La dépêche de nous présenter ses objectifs.

Vers la création d’une unité médico-judiciaire locale

Ce sont deux dossiers que le nouveau procureur veut aborder de front. Concernant les mineurs d’abord : « Cela sera une de nos priorités. Nous aimerions créer une unité spéciale, éventuellement à l’hôpital, qui accueillerait les enfants victimes. » Elle évoque ainsi le projet de création d’une Unité d’Accueil Pédiatrique d’Enfants en Danger (UAPED) qui permet de prendre en charge des mineurs victimes de toutes formes de violences. « Cela permettrait d’offrir, dans un lieu unique et adapté, avec du personnel formé, un accueil, une audition par les services d’enquête et une prise en charge globale (judiciaire, médicale et médico-légale) de la victime mineure. »

Ou encore la création d’une Unité médico-judiciaire (UMJ) locale au sein de l’hôpital de Cahors. Un maillon essentiel dans le traitement des violences intrafamiliales (FIV), y compris sur les enfants : « Puisqu’il faut que les victimes s’y rendent. Toutefois, le plus proche est celui de Toulouse. Ce qui peut créer des complications si les victimes ne peuvent pas se rendre sur place. Cela crée des difficultés, de la fatigue. Du coup, beaucoup de victimes ne s’y rendent pas», regrette le nouveau procureur du Lot. « Malgré l’implication des acteurs de terrain et un réseau dense, nous découvrons des enfants exposés à une grande violence et nécessitant des soins immédiats. La protection des plus vulnérables, et surtout des enfants, doit être notre priorité. La mise en place de rencontres quadripartites réunissant l’aide sociale à l’enfance et la protection judiciaire de la jeunesse sous l’égide de l’autorité judiciaire (enfants magistrats du siège et parquet) doit favoriser l’échange et l’anticipation de ces situations, y compris en matière entre les affaires civiles et pénales. »

La deuxième question soulevée est directement liée à la première. Puisqu’il s’agit de VIF « qui sont, comme au niveau national, toujours en augmentation. » Pour l’année 2023, ils ont connu une hausse de 12% (les chiffres pour 2024 n’ont pas encore été communiqués). « Les langues se dénouent, les appareils sont de plus en plus connus, les gens osent davantage parler. » Dans cette optique, le parquet de Cahors avait largement communiqué en 2024 auprès des professionnels de santé « pour que le secret professionnel soit levé en cas de suspicion de VIF, qu’il n’y ait pas de poursuites même si on se trompe. »

La drogue toujours dans le viseur

Dans tous les cas, le nouveau procureur promet « une réponse pénale systématique aux violences intrafamiliales. » Dans le respect des parties concernées. Avec la victime d’abord, « souvent une femme qui n’a pas à quitter ses enfants ni le domicile familial. » Parallèlement, elle entend préserver la dignité de l’accusé, présumé innocent : « Une convention a été récemment passée avec le SDIS pour garantir un hébergement à cette personne qui ne peut avoir de famille ni de problèmes d’alcoolisme ou d’addiction. Il faut aller plus loin. »

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Dans le collimateur également de Clara Ribeiro, la sécurité routière « qui a coûté la vie à 16 personnes cette année sur les routes du Lot. J’en appelle à la responsabilité de tous nos concitoyens : la vitesse, la consommation d’alcool et de drogues apparaissent trop souvent. »

Plus largement, les stupéfiants restent une priorité : « Mais c’est toujours par vagues. Il faut donc être vigilant. » En 2024, une hausse est visible en zone gendarmerie sur les procédures ouvertes pour trafic de stupéfiants (+12,5%) avec 9 dossiers aboutis.

De la Réunion au Lot

Avant d’arriver dans le Lot, Clara Ribeiro était juge des libertés et de la détention (JLD) au tribunal de Saint-Denis à La Réunion. Une interruption dans la carrière de celui qui a travaillé au sein de cette juridiction comme juge d’instruction : « Mais avec entre 120 et 140 dossiers, la charge mentale peut être difficile. J’ai donc eu envie de faire une petite pause en devenant juge des libertés et de la détention. C’était aussi une manière de connaître toute la chaîne criminelle. »

Un canal qu’elle a considérablement parcouru. D’abord en travaillant dans un établissement pénitentiaire où elle s’occupe d’un point d’accès légal. Puis lorsqu’elle a rejoint l’école de magistrature. Elle découvre ensuite le parquet de Cayenne pendant 4 ans, « du trafic routier au crime organisé avec ses bandes armées. »

De quoi s’entraîner à la dure en rencontrant ces problèmes en métropolitaine ou à la Réunion. Ce qui nous amène à lui demander si elle pensait aller se reposer un peu dans le Lot : « Du repos ? (rires). Non, je pense qu’on ne se détend pas quand on est procureur. »

 
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