à Paris, ces particuliers ont transformé leur domicile en relais colis

à Paris, ces particuliers ont transformé leur domicile en relais colis
à Paris, ces particuliers ont transformé leur domicile en relais colis

Par

Emilie Salabelle

Publié le

20 janvier 2025 à 6h04

On les appelle « Gardiens », « Welcoeurs » ou plus simplement relayer les voisins. À Paris et en Île-de-, de nombreux particuliers ont transformé leur domicile en zone de livraison. Pour un revenu modeste, ils reçoivent des parcelles du quartier. Les destinataires viennent les récupérer sur place, à la manière d’un point relais traditionnel. Dans un contexte où les ventes en ligne sont en plein essor, cette façon de joindre les deux bouts a trouvé son public auprès des travailleurs de nuit, des télétravailleurs ou des personnes restées à domicile.

« Plus d’une centaine de personnes viennent chez moi chaque mois »

Dealer dans un casino, Salim Sabir est un oiseau de nuit. « Je commence à 21 heures et je finis très tard. Quand je rentre à la maison, il est 4 heures du matin », nous explique-t-il au téléphone. Mais entre les quatre murs de son appartement, ses jours de congé sont monotones. Ainsi depuis 2022, il a trouvé une nouvelle activité. « Quitte à rester à la maison, autant aider les voisins et rencontrer de nouvelles personnes », explique ce père de famille, qui parvient à gagner environ entre 40 et 60 euros par mois pour gâter ses enfants. “Ce n’est pas fantastique financièrement, c’est juste un petit plus”, estime-t-il.

Pour mutualiser ses revenus, le voisin relais passe par les deux plateformes principales, Bienvenue et Choisissez-moi. Chaque jour, les clients défilent. « En un mois, il y a au moins une centaine de personnes qui viennent chez moi. Cela ne me dérange pas, même si c’est un peu comme avoir deux emplois. Après une nuit difficile, c’est plus dur, mais ma femme m’aide et je n’ouvre qu’à 10 heures du matin. Mais mon créneau horaire le plus important est de 18h à 20h. Je vois souvent les mêmes visages. Certains m’apportent des chocolats, des bonbons… » décrit cet habitant du 15e arrondissement.

Entre 20 et 40 centimes le colis

Fondée à Lyon en 2019, la start-up Welco est pionnière dans le secteur. Elle compte actuellement « une cinquantaine » de Welcoeurs « actifs en points relais » à Paris et en petite couronne, soit un total de 1 600 colis reçus chaque mois sur le territoire, explique la communication de l’entreprise à Actualités parisiennes. « Les relais privés gagnent environ 20 centimes par colis reçu », nous dit-on.

Son principal concurrent, Pickme, apparu en 2019, a explosé en région parisienne. La plateforme compte 65 000 particuliers inscrits en Île-de-France, dont 12 000 à Paris. Avec un colis reçu payé 40 centimes, les « Gardiens » bénéficient d’un rendement plus attractif, observe Salim Sabir. « Il existe des systèmes de bonus, plus vous faites de réceptions, mieux vous êtes payé. On gagne 5 euros après 10 réceptions», explique le concessionnaire.

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« Une réussite monstrueuse »

Chaque plateforme noue des partenariats avec des transporteurs spécifiques. « Je travaille avec Open, DHL, GLS, Colissimo, Relais Colis, Geodis… J’ai aussi UPS, je suis le seul dans le quartier à faire ça avec eux », liste le relayeur, qui s’occupe aussi des retours de colis. «Une fois, j’ai reçu autant que 60 en même temps », confie-t-il. Pour éviter toute confusion, il divise son couloir en deux tranchées : à droite, les colis en attente ; à gauche, ceux qui ont été demandés et qui seront livrés dans la journée.

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Comme lui, de nombreux Parisiens ou Franciliens ont transformé leur entrée ou leurs placards en espace de rangement. Pour aider ses nouveaux « Gardiens » à visualiser l’espace nécessaire à trouver, Pickme compare un colis à un pack d’eau. Un juste milieu entre les colis nettement plus petits, et ceux qui se révèlent parfois particulièrement volumineux. « J’en ai eu un autrefois qui avait la taille d’un petit réfrigérateur. Là, je viens de recevoir un fauteuil», décrit Sandra Soares d’une voix enjouée.

Depuis décembre 2022, ce gardien d’immeuble en plein centre de Paris, tout près du Louvre, a transformé sa loge en point relais Pickme. « Comme je reçois déjà à longueur de journée des colis pour mon immeuble, je me suis lancé. Ce fut immédiatement un énorme succès. Dans cette zone, il n’y a pas beaucoup de points relais. Ce service convient à beaucoup de monde », décrit la concierge, qui a plus que doublé son nombre de colis quotidiens, passant d’une dizaine à 25 en moyenne.

Elle récolte environ 150 euros, parfois jusqu’à 200 euros pendant les gros mois, un budget qui rend vos courses alimentaires plus confortables. “Les gens commandent de plus en plus en ligne, cela ne s’arrête jamais, même s’il y a des périodes de pointe, comme pendant le Black Friday ou Noël.” Le gardien dépanne aussi bien les voisins que les ouvriers locaux et même les touristes en transit à Paris.

« Rencontrer des gens tout en rendant service »

Une solution « complémentaire » aux points relais traditionnels, vantent les start-up Pickme et Welco, qui mettent en avant les plages horaires “plus flexible” chez les individus. Les acteurs du marché défendent également une solution écologique, puisqu’elle remédie aux échecs dès la première livraison et à la « solidarité », en permettant de renforcer le contact humain tout en assurant l’activité des personnes à domicile.

Ancienne couturière de robes de mariée en reconversion, Chloé Gérardie a été séduite par ce dernier argument. « Je cherchais des idées pour gagner de l’argent tout en restant à la maison. Les sondages rémunérés n’étaient pas très amusants. J’aime l’aspect relais colis : ça me permet d’économiser environ 60 euros par mois, pour rencontrer des gens tout en rendant service », explique une Parisienne de trente ans, qui se décrit comme une personne facile à contacter.

Si le data scientist en alternance, télétravailleurtrois jours par semaine, se dit enchantée du contact humain quotidien, elle doit aussi faire face, de temps en temps, à un client qui se plaint. « Certaines personnes n’avaient d’autre choix que de récupérer leur colis chez moi. Ils boudent parce que c’est un problème pour eux de devoir prendre rendez-vous avec moi. » Rien qui n’altère vraiment la bonne humeur de la jeune femme. « Quand quelqu’un me demande un créneau entre 23 heures et minuit, je réponds que je ne suis pas la station-service d’à côté », s’amuse-t-elle. A la fin du mois, elle a la satisfaction de pouvoir s’offrir, grâce à son petit pécule, « un ou deux restaurants ».

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