L’usine d’assemblage du constructeur français Renault près d’Oran est à l’arrêt. En cause, des pièces bloquées au port par les autorités algériennes depuis 2020. La décision s’appuie sur l’imposition cette année-là par le gouvernement du président Abdelmadjid Tebboune d’intégrer 30 % des pièces fabriquées en Algérie dans les voitures sortant du port. ‘usine. Ces spécifications faisaient alors suite à une affaire de corruption au sein du secteur automobile algérien sous l’ancienne présidence.
Conçue pour réaliser des assemblages en kits « Semi Knock Down » (SKD), l’usine automobile Renault souffre de la législation. Pratique courante chez les industriels dans leurs filiales étrangères, la technique consiste à assembler sur place des pièces importées. L’Algérie lâche un peu de lest, par à-coups, en débarrassant quelques kits SKD destinés au groupe au losange. L’usine a ainsi sorti péniblement 2.400 unités en 2023 et 2.700 en 2022, alors qu’elle pointait encore une production d’environ 60.000 véhicules en 2019. L’année 2024 devrait être tout aussi morose, alors que l’usine a terminé l’année à l’arrêt.
Le constructeur est actuellement en discussions avec le gouvernement algérien. Objectif : obtenir le précieux agrément des services du ministère local de l’Industrie afin de dédouaner l’ensemble de ses pièces et reprendre son activité. En attendant, le groupe au losange a mis en place le chômage technique dans son usine en novembre 2023.
L’inauguration du site en 2014 visait à renforcer la présence du groupe français sur le deuxième marché automobile d’Afrique. Le site devait alors produire la Renault Symbol, un modèle dérivé de la berline low-cost Logan, à raison de 25 000 unités par an pour atteindre à terme 75 000 unités. L’investissement initial mis alors sur la table : 50 millions d’euros.
Stellantis vise 60 000 véhicules produits en 2025
Arrivé après la législation, le groupe Stellantis a installé, fin 2023, sa première usine en Algérie, près d’Oran, avec la promesse d’atteindre 35 % de contenu local dans ses véhicules. Assemblés en « Complete Knock Down » (CKD), deux modèles sortent actuellement de l’usine d’Oran : la Fiat 500 et la Fiat Doblò. Le chantier aurait dû dépasser les 18 000 véhicules assemblés dès sa première année d’activité. Le groupe vise 60 000 unités produites en 2025 puis 90 000 en 2026, pour un taux de contenu local supérieur à 30 % cette année-là.
L’usine a “un an d’avance sur le seuil réglementaire”, souligne l’entreprise dans un communiqué, arguant que ses voitures contiennent en moyenne 10% de composants et pièces détachées provenant de cinq fournisseurs locaux. Un projet d’extension en cours vise également à intégrer les activités de ferronnerie et de peinture sur le site d’ici 2025.
Pour prouver sa bonne volonté aux autorités, le groupe franco-italo-américain a organisé, dès avril 2024, un rassemblement automobile à Oran. Au total, 90 fournisseurs de composants et pièces détachées, locaux et internationaux, étaient réunis dans la ville portuaire. L’ancien ministre de l’Industrie Ali Aoun a ensuite félicité “le groupe Stellantis pour cette initiative prise quelques mois après l’inauguration de l’usine Fiat en Algérie, qui dénote d’une volonté évidente d’honorer ses engagements en faveur de l’intégration locale”, selon un communiqué de le groupe.
Au Maroc voisin, les constructeurs automobiles annoncent une production à six chiffres. Stellantis a annoncé, en mars 2024, un investissement de 300 millions d’euros pour doubler la production de son usine de Kénitra, pour atteindre 450 000 véhicules par an. Parmi les dizaines de fournisseurs déjà implantés autour du site marocain de Stellantis, Forvia a inauguré, fin novembre, l’extension de son usine pour une augmentation de plus d’un tiers de sa capacité de production. De leur côté, les usines Renault de Casablanca et Tanger ont produit plus de 380 000 véhicules en 2023, principalement des véhicules Dacia. Implanté depuis 2005, le groupe au losange a franchi le seuil des 4 millions de véhicules produits fin novembre 2024.