Une famille originaire de Macédoine du Nord et vivant depuis 10 ans avec leurs quatre enfants près de Grenoble dans l’Isère, craint d’être expulsée de son logement. La municipalité, qui envisage de vendre les locaux temporairement occupés par la famille, assure qu’aucune mesure ne sera prise pendant les vacances d’hiver.
Entreprise
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui composent la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé ou la famille.
France Télévisions utilise votre adresse email pour vous envoyer la newsletter « Société ». Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien présent en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité
A Fontaine en Isère, les fêtes de fin d’année ont rimé avec inquiétude et morosité pour une famille venue de Macédoine du Nord. Arrivée en France en 2014, cette famille, qui souhaite garder l’anonymat, craint de se retrouver à la rue dans les semaines à venir.
« Nous sommes une famille de six personnes et nous vivons à Fontaine depuis 10 ans. Mes parents, mon frère et mes deux sœurs n’ont pas de papiers. Il n’y a que moi qui ai un titre de séjour”, explique le fils aîné de la famille.
Malgré plusieurs années de soutien de la municipalité et des associations locales, la situation de la famille reste instable. Dès leur arrivée, les parents et leurs quatre enfants ont d’abord été hébergés d’urgence par l’association La Relève. Entre 2016 et 2018, la famille était hébergée dans des locaux vacants situés rue Yves Farge.
En 2023, après la décision de la municipalité de démolir le bâtiment, ils ont été relogés dans un appartement de cinq pièces dans le cadre d’un contrat de « frais d’occupation temporaire ». En décembre 2024, la famille a été informée par la municipalité que ces locaux allaient être vendus.
« Nous allons vendre tous ces locaux. Nous avons informé la famille que l’appartement allait être vendu donc effectivement, nous avons fait comprendre à la famille que dans quelques mois ces appartements devraient être libérés. »explique Franck Longo, le maire de la commune de Fontaine.
Lors de l’attribution du logement, “Il y a plusieurs points sur lesquels la famille s’était engagée, notamment un loyer de 150 euros par mois. Nous nous sommes mis d’accord sur ce prix avec la famille car nous savions qu’elle avait des revenus modestes. Malheureusement le loyer n’a jamais été payé», regrette le maire de Fontaine.
Je travaille et j’essaie de tenir le coup du mieux que je peux. Je paie les factures d’électricité et de gaz. Je gagne 550 euros par mois. Avec cet argent, je ne pouvais pas tout payer.
Malgré plusieurs tentatives pour régulariser leur situation, seul l’aîné, aujourd’hui âgé de 20 ans, a obtenu un titre de séjour. Les parents et les autres enfants restent en situation irrégulière, ce qui complique l’accès au travail et au logement social.
« Je travaille et j’essaie de survivre du mieux que je peux. Je paie les factures d’électricité et de gaz. Je gagne 550 euros par mois. Avec cet argent, je ne pouvais pas tout payer. explique l’adolescent qui bénéficie actuellement d’une allocation d’un an au Contrat Emploi Jeunes (CEJ).
De plus, un constat d’insalubrité aurait révélé de graves dégâts dans l’appartement, rendant le “Logements inhabitables” selon le maire de Fontaine. Il y a eu de nombreux dégâts dans l’appartement, les bureaux du rez-de-chaussée ont été inondés. La situation est extrêmement compliquée. Nous ne pouvons pas laisser une famille, notamment des enfants, dans des conditions insalubres. précise-t-il.
Un constat que la famille ne partage pas. « Notre maison n’est pas sale, nous sommes une famille propre et décente » dit l’aîné, qui craint le pire pour son frère de 5 ans et ses deux sœurs de 13 et 17 ans. «Je suis très inquiet pour eux. Ils ont grandi ici et ne méritent pas de rester à la rue.
La Ville de Fontaine ne va pas expulser cette famille pendant les vacances d’hiver. Il est hors de question de mettre des enfants à la rue pendant cette période.
Franck Longo, maire de la commune de Fontaine
Ce lundi 13 janvier, des associations dont le Réseau Éducation Sans Frontières (RESF) se sont mobilisées devant la mairie de Fontaine en soutien à la famille. “Cette famille extrêmement précaire, dont les deux enfants sont scolarisés à Fontaine, a reçu la lettre annonçant une procédure d’expulsion.. En plein hiver et alors que les vœux du maire avaient lieu vendredi dernier. Nous trouver c’est insupportable », déplore Alexandre Le Coq, membre de RESF.
Face à une possibilité d’expulsion, le maire a indiqué que la famille pourrait rester dans le logement jusqu’à la fin de l’hiver, en raison des vacances d’hiver. « La Ville de Fontaine ne va pas expulser cette famille, notamment pendant les vacances d’hiver. Il est hors de question de mettre des enfants à la rue pendant cette période », rassure Franck Longo.
Grâce à l’aide de la mission locale Fontaine, un service dédié aux jeunes de 16 à 25 ans, l’aîné de la famille pourrait bientôt bénéficier d’un logement social. “Mais dans un T2, on ne peut pas vivre à six sinon on va étouffer, c’est très compliqué”, il s’inquiète.
Alors que la perspective d’une expulsion inquiète la famille, le maire de Fontaine annonce qu’il fera un signalement au département de l’Isère, qui est selon lui compétent pour réévaluer la situation de la famille.