L’Aude toujours en première ligne du changement climatique

L’Aude toujours en première ligne du changement climatique
L’Aude toujours en première ligne du changement climatique

l’essentiel
Référente territoriale Languedoc et Roussillon du département interrégional Sud-Est de Météo , Florence Vaysse donne son point de vue sur les marqueurs climatiques de l’année 2024 dans le département. Avec, en tête de liste, encore une fois d’importants déficits de précipitations et des sécheresses.

Un excès de plus de 2°C à l’hiver 2024

Début septembre 2024, à la fin de l’été météorologique, Florence Vaysse, référente territoriale Languedoc et Roussillon du département interrégional Sud-Est de Météo France, livrait une donnée révélatrice : L’Aude venait de connaître son 10ème été consécutif plus chaud que la normale ( sur la période 1991-2020), avec un excès de 1,26 °C, pour une moyenne de 22,34 °C de juin à août. Un millésime 2024 se classe 5ème parmi les étés les plus chauds depuis le début des mesures de températures en 1947, derrière 2003, 2022, 2023 et 1950. Avec des températures particulièrement marquées pour le mois d’août (+ 1,5°C, le 3ème août le plus chaud derrière 2003 et 2022, devant de 2023).

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Les trois mois d’automne météorologique (septembre à novembre) auront également été marqués par les excès. 0,99°C par rapport à la normale : “Loin des records des automnes de 2022 (+ 2,5°C) et 2023 (+ 2,4°C), les plus chauds de l’Aude”, précise Florence Vaysse. Un automne finalement similaire au printemps 2024, « presque normal », résume le référent territorial, pour nuancer le dépassement de 0,78°C de mars à mai. Minime, compte tenu des résultats de l’hiver 2024, composé des mois de décembre 2023, janvier et février 2024 : c’est un écart par rapport à la normale de 2,07°C qui a été constaté, le 3ème plus élevé derrière 2020 et 1990, avec un 3°C. différence par rapport à la normale pour le seul mois de février.

3ème année la plus chaude derrière 2022 et 2023

Trois saisons chaudes, dont une proche de la normale. Conséquence : l’année qui vient de s’achever est donc, depuis 1947, la 3e année la plus chaude connue dans l’Aude… derrière 2022 et 2023. En clair, le constat « illustre très fortement le réchauffement climatique », souligne Florence Vaysse. D’autres chiffres viennent à l’appui : 2024 aura été la 11e année consécutive plus chaude que la normale. Une série jamais vue depuis 77 ans.

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Peu de records battus cependant. Logique, tant l’été 2022 avait apporté son lot d’extrêmes : restent les 41,1°C, record annuel de température maximale quotidienne mesuré le 30 juillet à la station Granès, ouverte en 1991, mais aussi les cinq jours au-dessus de 35°C cumulés. à Leucate. Dans cette station ouverte en 1995, quatre jours avec les mêmes dépassements ont été enregistrés en 2018 et 2022. Un niveau jamais enregistré avant 2003 dans la station côtière.

Eau : l’Est et le littoral en souffrance

654,1 mm de précipitations cumulées dans le département de l’Aude en 2024 : c’est le cumul pluviométrique enregistré l’année dernière. L’équivalent de 82,2% de la normale sur la période 1991-2020, calculée à 795,7 mm. Une année délicate, avec ce déficit de 17,8%. Encore. 2024 est la 4e année consécutive « très déficitaire », note Florence Vaysse. Entre 2021 et 2024, l’Aude a perdu « près d’un an » de pluie, résume le référent territorial. Un examen plus approfondi des territoires révèle des inégalités. La Montagne Noire, avec une accumulation comprise entre 900 et 1 100 mm, est proche de la normale ; l’ouest de l’Aude a en revanche dû se contenter de 70 à 90 % de la normale, avec des cumuls compris entre 500 et 800 mm (477 mm à Carcassonne, 680,9 mm à Limoux).

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C’est dans la moitié orientale et méditerranéenne que les déficits sont les plus marqués, avec 420 à 450 mm de précipitations, soit 60 à 70 % des normales. L’exemple de Lézignan-Corbières symbolise la souffrance de l’est de l’Aude. L’année 2024 s’est terminée avec un cumul de 425,8 mm. Bien loin de la normale 1991-2020, calculée à 678,8 mm. Un déficit de 37,3%, qui fait suite à deux années déjà très déficitaires (46,8% en 2023 avec 361,4 mm et 43,7% en 2022 avec 381,8 mm). Pire : six années consécutives de déficits viennent de suivre. Entre 2019 et 2024, 2 835 mm de pluie sont tombés sur la commune, pour un déficit cumulé de 1 237 mm. L’équivalent de « 1,7 ans » de pluie, chiffre Florence Vaysse. Dans le palmarès inquiétant des années les plus sèches, 2024 arrive en 5e place, derrière 2015, 2023, 2022 et 2007. Une très mauvaise « habitude » : depuis 2006, seule l’année 2018 a été rentable.

Nappes en rouge

En 2024, les cartes mensuelles réalisées par le Bureau d’études géologiques et minières (BRGM) sur les niveaux des eaux souterraines se succèdent avec une régularité écrasante : sur une carte de France majoritairement teintée de bleu ou de vert (niveaux moyennement élevés à très élevés). élevée ou moyenne), Aude et P.-O. J’ai toujours vu du rouge. Une couleur choisie pour les niveaux « très bas ». Le rapport de l’année hydrologique 2023-2024, publié par le BRGM, a mis en lumière le problème : « À l’automne, lors de l’étiage de 2024, la situation des nappes phréatiques était très excédentaire sur une grande partie du territoire. Seules les nappes phréatiques de la plaine du Roussillon, du massif des Corbières et de la vallée de l’Aude affichent des niveaux inquiétants, après recharges 2022-2023 et 2023-2024 inexistantes et des pluies absentes à peine soutenues durant le printemps et l’été 2024.

Indicateurs alarmants

Quant à Météo France, l’observation de sols extrêmement secs a été faite fin avril 2024 et mi-août 2024 : avec un déficit de 70 à 80 % par rapport au niveau médian, des Corbières au Narbonnais en passant par le Minervois ; puis avec un déficit de plus de 90 % dans les plaines des Corbières et des Basses. Des indicateurs alarmants que Florence Vaysse pèse en partie : « Je ne suis pas sûre qu’on puisse dire que la sécheresse a été plus marquée sur le plan météorologique (humidité superficielle) grâce aux pluies printanières et à un record de précipitations et de températures plus basses. marqué comme les deux années précédentes ».

Une sécheresse climatologique d’une ampleur sans précédent

Avant de rappeler l’essence du climat : “Ce qui pose problème, c’est un déficit qui s’accumule ou qui se creuse au fil des années”. Une « redondance de situations sèches et chaudes » qui empêche la recharge des nappes phréatiques. Fin 2024, l’Aude était, avec le P.-O., l’un des deux seuls départements de France à avoir encore un secteur classé en crise par arrêté préfectoral lié aux restrictions d’usage de la ressource en eau. Entre janvier et novembre 2024, 26 commandes auront été signées. Des mesures restrictives « allégées pour s’adapter aux enjeux de la période hivernale mais […] toujours à jour […]», précisait la préfecture de l’Aude mi-décembre. Tout en rappelant que le département est confronté à une « sécheresse climatologique, d’une ampleur sans précédent par sa durée et son intensité » qui « se poursuit donc sur notre territoire ».

 
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