le PS se dit proche d’un accord de non-censure avec Bayrou – 14/01/2025 à 11:55

Le premier secrétaire du PS Olivier Faure le 16 décembre 2024 à Paris (AFP/LOU BENOIST)

Arriveront-ils sains et saufs malgré les embûches ? En tout cas, les socialistes se disent proches de « conclure » un accord de non-censure sur le budget et les retraites avec François Bayrou, quelques heures avant la déclaration de politique générale du Premier ministre.

“Nous sommes peut-être à deux pas d’un éventuel accord”, a déclaré mardi matin leur premier secrétaire Olivier Faure.

Reprenant la métaphore marine après le record établi par Charlie Dalin au Vendée Globe, M. Faure “attend que la ligne d’arrivée soit franchie pour dire victoire” mais “pense pouvoir conclure”.

Alors que les négociations semblaient dans l’impasse lundi soir, M. Faure a fait dans la nuit une « proposition » de compromis à François Bayrou, dont il n’a pas révélé la teneur, faisant référence au discours du Premier ministre, prévu à 15 heures avant l’Assemblée Nationale.

Cet accord de non-censure concerne la déclaration de politique générale du gouvernement mais aussi « le budget de l’État » et « celui de la Sécurité sociale ».

– « Des concessions remarquables » –

“Nous sommes en train d’obtenir un certain nombre de concessions que je trouve remarquables car elles permettent de rompre avec ce que nous avons censuré, c’est-à-dire le budget Barnier”, a-t-il ajouté.

L’accord porterait sur une vaste série de sujets budgétaires – fiscalité, santé, suppression de postes dans l’Éducation nationale, etc. – même si c’est la réforme des retraites qui est au cœur des discussions.


Le Premier ministre François Bayrou assiste à une séance de l’Assemblée nationale le 17 décembre 2024 à Paris (AFP / STEPHANE DE SAKUTIN)

A Matignon, on veut être plus prudent. « Tant que ce n’est pas +topic+ avec le PS, ce n’est pas +topic+. Mais il y a une volonté d’y arriver », confirme-t-on.

Alors suspension ou pas ? Le vocabulaire du Premier ministre sera scruté de près.

Ironiquement, c’est Elisabeth Borne, ancienne Première ministre et auteure de cette réforme des retraites contestée, qui lira en parallèle devant le Sénat le même texte, qui pourrait comporter des concessions à sa propre loi, adoptée à l’époque au forceps en utilisant l’article 49.3.

Au centre des tensions, la révision de l’âge d’embauche fixé à 64 ans par la loi 2023 à travers des négociations qui impliqueraient les partenaires sociaux et traiteraient également du financement.

Les socialistes réclament ces derniers jours que la suspension de la réforme des retraites soit effective dès le début de la renégociation de la réforme, et pas seulement en cas de succès.

Reste à savoir ce que cela signifierait en pratique. Les personnes nées en 1963 pourraient-elles partir à 62 ans et 6 mois (avec une durée de cotisation de 42 ans et un quart) au lieu de 62 ans et 9 mois (avec une durée de 42,5 ans) comme prévu ?

– La droite est inquiète –

Si, contrairement à son prédécesseur Michel Barnier piégé par le RN, François Bayrou mise sur la gauche pour se maintenir au pouvoir, il ne doit pas non plus détourner ses alliés de droite.


Le Premier ministre François Bayrou échange avec le président de la République Emmanuel Macron, le 7 janvier 2025 à Paris (POOL/Ludovic MARIN)

Cette suspension de la réforme des retraites divise effectivement le camp présidentiel alors que LR menace de quitter le gouvernement.

À Renaissance, certains semblent prêts à l’accepter, comme prix de la stabilité politique, à l’image de la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, qui a affirmé « ne pas s’opposer en principe » au fait de « stopper » brièvement la réforme des retraites pour « en rediscuter ». Mais d’autres, comme le député Mathieu Lefèvre, s’y opposent, arguant de son coût pour les finances publiques.

A droite, le patron des députés LR Laurent Wauquiez refuse de « sauter dans le vide ». “Si on atteignait le coeur du réacteur en termes de rendement budgétaire de cette réforme, alors on mettrait la , pour le plaisir de la gauche, en danger”, a prévenu le ministre LR de l’Intérieur Bruno Retailleau.

– « La gauche qui braille » –

Quelles que soient les annonces de François Bayrou, les Insoumis déposeront une motion de censure qui sera examinée jeudi ou vendredi. La rupture semble totale entre socialistes et Insoumis.

“Les députés qui ne voteront pas la motion de censure seront complices de la continuité de la politique macroniste”, a prévenu le coordonnateur de LFI Manuel Bompard.

Nombre de sièges par groupe à l'Assemblée nationale, au 23 décembre 2024 (AFP / Nalini LEPETIT-CHELLA)

Nombre de sièges par groupe à l’Assemblée nationale, au 23 décembre 2024 (AFP / Nalini LEPETIT-CHELLA)

“Il y a une gauche qui braille et une gauche qui travaille”, a répondu Olivier Faure, qui “ne lit plus les insultes quotidiennes de Jean-Luc Mélenchon”.

Si les communistes semblent disposés à suivre les socialistes, la cheffe des écologistes Marine Tondelier a en revanche répondu à l’AFP “ne comprenant pas l’euphorie des socialistes”, et juge que “l’état actuel des discussions n’apporte pas de raison d’envisager autre chose que la censure.

La motion de censure de LFI n’a cependant aucune chance d’être adoptée puisque le RN a confirmé qu’il ne voterait pas pour elle.

“Nous refusons la politique du pire (…) Une censure immédiate aurait des conséquences” alors que “des mesures importantes” doivent être votées à Mayotte, a expliqué le député RN Jean-Philippe Tanguy.

 
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