En 2005, un incendie d’origine humaine a dévasté la quasi-totalité du massif de La Colle Noire, près de Toulon, dans le sud de la France. Cette forêt côtière méditerranéenne d’une cinquantaine d’arbres, voire centenaires, a été carbonisée en quelques heures. Comment les gardiens du Conservatoire du Littoral ont-ils travaillé pour réhabiliter cette forêt après le passage des flammes ? Un garde-côte du massif ainsi que des gardes des quatre coins du monde sont venus échanger sur les enjeux liés au changement climatique dans les zones forestières.
Près de 20 ans après l’incendie, la forêt de Colle Noire ressemble davantage à un maquis. Certains pins atteignent plusieurs mètres, mais on y trouve principalement des arbustes. ” En Méditerranée, nous avons des aromatiques. Ici, regardez le romarin que vous connaissez très bien en cuisine. Là, la lavande sauvage, tu peux sentir » : Franck Bertrand, garde-côte, conduit le groupe de rangers internationaux sur le sentier qui serpente au-dessus de la mer Méditerranée.
« Ici, il y a 19 ans, il n’y avait rien ici. Il n’y avait plus une mouche qui volait, plus un seul morceau d’herbe. Il n’y avait que des troncs calcinés », se souvient-il. Pour réhabiliter la forêt après l’incendie, les gardes forestiers du massif n’ont fait qu’une chose : ils ont fait « fascines .
« Le plus grand danger après un incendie ici est la perte de matière, de terre. Nous avons donc réalisé des fascines. C’est la coupe des arbres morts et calcinés qui sont placés en travers des pentes pour retenir l’eau lors des fortes pluies et conserver ces terres qui favoriseront la régénération des graines et de la forêt. », développe la Garde française.
Lire aussiLe changement climatique est responsable des incendies autour de la Méditerranée
Les bienfaits de la régénération naturelle
Et puis, ils laissent la nature faire son travail. Laisser la végétation se régénérer toute seule est plus efficace que replanter. ” Nous avons le chêne-liège, champion de l’adaptation. Son écorce brûlera en premier. Et une fois le feu passé, les bourgeons qui dormaient à l’intérieur reprendront », explique Franck Bertrand.
Parce que les arbres qui repoussent naturellement sont plus résistants, notamment à la sécheresse : « Ces arbres, qui subissent ces incendies année après année, savent se défendre. Ils s’adaptent vraiment à l’environnement. Alors qu’un arbre qui a poussé en pépinière, qui a subi un arrosage quotidien une fois en milieu naturel, a très, très peu de chances de survivre. Ou aucun. »
Le feu fait partie du fonctionnement naturel de nombreuses forêts. Mais à cause du changement climatique, de l’urbanisation et de la négligence humaine, la fréquence de ces incendies est perturbée. En Méditerranée, on est passé d’un incendie tous les 600 ans à un tous les 50 ans.
Lire aussiCanada : les premiers incendies de forêt ravivent le cauchemar de l’été 2023
Feux préventifs et protection de la biodiversité
Face à la garde française, Benson Kanyembo, garde forestier du Parc National de South Luangwa en Zambieest d’accord. Son problème, ce sont les braconniers : « Nous planifions des incendies préventifs pour éviter les grands incendies de fin de saison dans le parc. Mais parfois, les braconniers mettent le feu devant nous. Ils font cela pour dissimuler leurs activités illégales. »
Pour Lisa Jennings, une garde forestière dans les montagnes Blue Ridge orientales de ÉTATS-UNISc’est le contraire. Pour protéger les personnes qui ont élu domicile dans les bois, elle ne peut plus laisser sa forêt brûler comme il se doit :
« De nombreuses espèces dépendent du feu pour se développer. Les pommes de pin, par exemple, ne libèrent leurs graines que lorsque certaines températures élevées sont atteintes par le feu. Nous avons également une dense couche d’arbustes à la base des arbres. Et sans feu, cela empêche la croissance des herbes et des fleurs sauvages. »
Lire aussiAprès l’incendie, que devient la forêt ?
Lire aussiIncendies à Los Angeles : cinq incendies toujours actifs malgré la baisse du vent