Le projet de loi d’urgence pour la reconstruction de Mayotte, qui doit permettre la mise en œuvre « très rapide » de mesures pour l’archipel dévasté mi-décembre par le cyclone Chido, a été présenté ce mercredi en Conseil des ministres. Manuel Valls a chiffré les mesures prises à « plusieurs centaines de millions d’euros », regroupées en 22 articles.
Le projet de loi d’urgence pour la reconstruction de Mayotte a été présenté mercredi en Conseil des ministres, un texte qui doit permettre la mise en œuvre “très rapide” de mesures pour l’archipel dévasté mi-décembre par le cyclone Chido. Ce texte doit « faciliter l’hébergement et l’accompagnement de la population, ainsi que la reconstruction ou la réparation des infrastructures et des logements endommagés », a déclaré le ministre des Outre-mer Manuel Valls lors du rapport du Conseil des ministres.
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Il a estimé les mesures prises à “plusieurs centaines de millions d’euros”, regroupées en 22 articles autorisant notamment l’Etat à déroger aux règles d’urbanisme pendant deux ans, facilitant les règles d’expropriation – notoirement compliquées à Mayotte – mais contenant aussi des mesures sociales plus temporaires. .
Mise en place d’un « opérateur puissant dédié » à la reconstruction de Mayotte
Chido, le cyclone le plus dévastateur à Mayotte depuis 90 ans, a causé la mort d’au moins 39 personnes le 14 décembre et fait plus de 5 600 blessés, selon les autorités. Mercredi, le préfet de Mayotte François-Xavier Bieuville a estimé qu’il pourrait y avoir « une quarantaine de personnes portées disparues », tout en rappelant que ce chiffre « doit être vérifié ».
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Mayotte, département de France le plus pauvre de l’océan Indien, souffre depuis des années de problèmes liés à l’immigration, à la sécurité et au développement économique. Pour tenter d’y remédier, le gouvernement envisage un autre projet de « loi-programme » qui sera élaboré d’ici trois mois.
Pour mener à bien la tâche la plus urgente, la reconstruction de Mayotte, le texte dévoilé mercredi prévoit la mise en place d’un « opérateur puissant dédié » à cette mission, sur le modèle de celui mis en place pour Notre-Dame de Paris. Le général Pascal Facon, commandant militaire de la zone Sud, sera nommé à la tête de cet opérateur qui absorbera l’établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte (EPFAM).
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Dérogation « pour deux ans » aux règles d’urbanisme et de marchés publics
Principale innovation, le texte présenté mercredi vise à déroger “pour deux ans” aux règles d’urbanisme et de commande publique, pour faciliter la reconstruction des écoles mais aussi des infrastructures et des logements touchés par la “crise de sécurité civile la plus grave que le pays ait connue”. vécue depuis la Seconde Guerre mondiale», selon Manuel Valls.
Concernant les écoles, durement touchées alors que Mayotte est le département le plus jeune de France, « l’État ou l’un de ses établissements publics » pourra assurer leur construction, reconstruction ou rénovation à la place des collectivités territoriales jusqu’au 31 décembre 2027. Sur le foncier, s’il est souvent difficile d’identifier formellement les propriétaires des terres à Mayotte, le texte prévoit la possibilité d’exproprier avant qu’un propriétaire ne soit identifié, quitte à l’indemniser a posteriori.
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Le texte contient également plusieurs mesures économiques qui resteront en vigueur « jusqu’au 31 mars 2025 », comme la suspension du prélèvement des cotisations sociales des travailleurs indépendants, l’extension des droits des assurés sociaux et des chômeurs ou encore la augmentation de la prise en charge du chômage partiel. “Ce projet de loi d’urgence contient des mesures essentielles pour envisager la reconstruction, il doit donc être adopté par le Parlement puis promulgué le plus rapidement possible”, a insisté Manuel Valls lors de sa présentation du texte. Son examen en commission des affaires économiques est prévu lundi.
Un texte « sans doute incomplet », convient Manuel Valls
Mais le ministre délégué aux Outre-mer a reconnu que le texte était « sans doute incomplet », évoquant notamment « d’autres mesures très urgentes » comme la lutte contre l’habitat illégal, qui ne figure pas dans le projet de loi, ou celle contre l’immigration clandestine. “Nous ne laisserons pas Mayotte redevenir un bidonville”, a-t-il insisté, alors que de nombreux habitants des quartiers informels de l’archipel ont déjà reconstruit leurs maisons. Il a toutefois ajouté qu’il s’agissait d’une « question délicate qui ne peut être résolue en claquant des doigts ».
“Je serai très clair, la priorité pour nous, c’est la reconstruction des maisons, des toits des Mahorais”, a poursuivi Manuel Valls, excluant le relogement des habitants des bidonvilles – souvent des Comoriens sans papiers – pour ne pas donner de “prime”. pour l’immigration irrégulière ». “Le texte est inacceptable car il n’apporte aucune réponse aux urgences réelles de Mayotte”, a déclaré à l’AFP l’ancien député de Mayotte et vice-président LR chargé des Outre-mer, Mansour Kamardine.
Trouvant le texte « très insuffisant », la députée LFI et présidente de la commission des affaires économiques Aurélie Trouvé remet en question le budget qui sera consacré à la reconstruction de Mayotte alors que le gouvernement « est dans une logique d’austérité budgétaire ». « Cela ne doit pas se faire au détriment de la qualité des normes de sécurité », a-t-elle jugé, regrettant également l’absence d’évocation du secteur agricole, crucial à Mayotte. Le sénateur de Mayotte, Saïd Omar Oili, a regretté sur Public Sénat un texte fourre-tout avec « beaucoup de mesures mixtes ».