La Suisse a-t-elle compromis sa neutralité pour obtenir une place parmi les grandes puissances ? Cette question a suscité de nombreux débats en 2022, lorsque l’Assemblée générale des Nations Unies l’a élue pour siéger au Conseil de sécurité. Deux ans plus tard, ce mandat, achevé fin 2024, semble s’être terminé dans une relative indifférence à Berne, loin des polémiques qui en marquaient le début.
L’Organisation des Nations Unies (ONU), ses procédures complexes et ses enjeux mondiaux, peuvent parfois paraître éloignées des préoccupations suisses. Cette perception a progressivement alimenté un désintérêt pour l’action, les discours et les votes de la délégation suisse au Conseil de sécurité au cours des deux dernières années.
Deux moments ont néanmoins marqué ce mandat. Premièrement, l’abstention de la Suisse lors du vote sur la reconnaissance d’un État palestinien en 2023, une décision qui a suscité des critiques de la part d’organisations non gouvernementales en Suisse et à l’étranger. Deuxièmement, les reproches répétés de la Russie, accusant la Suisse d’avoir abandonné sa neutralité dans le contexte de la guerre en Ukraine.
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Craintes de l’UDC
Ces critiques à l’égard de la Russie ont renforcé les craintes de l’UDC, qui estime que les sanctions prises après l’attaque contre l’Ukraine ont fragilisé la neutralité suisse. Le plus grand parti du pays a toutefois affirmé que la Suisse perdrait davantage sa neutralité et sa crédibilité en siégeant au Conseil de sécurité. Pourtant, au terme de ces deux années, la diplomatie suisse n’a finalement pas commis d’erreur majeure qui aurait terni sa réputation internationale.
L’inverse est également vrai : la Suisse n’a réalisé aucun exploit particulier qui aurait renforcé son influence globale. Comme à son habitude, la Suisse s’est concentrée sur les questions liées au droit humanitaire, domaine dans lequel elle est historiquement reconnue. Ce positionnement, prudent mais cohérent, a en tout cas permis au Conseil fédéral de minimiser les critiques sur le plan de la politique intérieure.
Des réussites mais aussi des échecs
Le mandat de la Suisse au Conseil de sécurité a également été marqué par quelques succès notables, notamment l’adoption en mai d’une résolution renforçant la protection du personnel humanitaire et des Nations Unies dans les conflits. Elle a également souligné les liens entre la sécurité internationale et le changement climatique et a soutenu la parité. Enfin, elle a redoré l’image d’un Conseil « déconnecté » en organisant son voyage au Soudan du Sud ou en Colombie.
Mais la Suisse a également rencontré des difficultés avec sa proposition de « diplomatie scientifique », jugée trop abstraite par d’autres diplomates. Berne a également surpris les pays arabes en s’abstenant sur l’adhésion de la Palestine comme membre à part entière de l’ONU, sans toutefois être ouvertement critiquée pour ne pas avoir repris son financement à l’UNRWA, la responsabilité étant imputée principalement à Washington.
Sujets radio : Etienne Kocher et Carrie Nooten
Texte Web : hkr
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