Le projet de loi d’urgence pour Mayotte a été présenté en Conseil des ministres

Le projet de loi d’urgence pour Mayotte a été présenté en Conseil des ministres
Le projet de loi d’urgence pour Mayotte a été présenté en Conseil des ministres

Ce texte devrait « faciliter l’hébergement et l’accompagnement de la population, ainsi que la reconstruction ou la réparation des infrastructures et des logements endommagés », a déclaré le ministre des Outre-mer Manuel Valls lors du rapport du Conseil des ministres. Il a estimé les mesures prises à “plusieurs centaines de millions d’euros”, regroupées en 22 articles autorisant notamment l’Etat à déroger aux règles d’urbanisme pendant deux ans, facilitant les règles d’expropriation – notoirement compliquées à Mayotte – mais contenant aussi des mesures sociales plus temporaires. .

« Opérateur puissant ». Pour les mesures « structurelles » à plus long terme, notamment autour des questions d’immigration, de sécurité et de développement économique, le gouvernement prévoit un autre projet de « loi programme » qui sera élaboré d’ici trois mois. Pour mener à bien la reconstruction de Mayotte, le projet de loi prévoit la mise en place d’un « opérateur puissant dédié » à cette mission, sur le modèle de celui mis en place pour Notre-Dame de Paris. Le général Pascal Facon, commandant militaire de la zone Sud, sera nommé à la tête de cet opérateur qui absorbera l’établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte (EPFAM).

Principale innovation, le texte présenté mercredi vise à déroger “pour deux ans” aux règles d’urbanisme et de commande publique, pour faciliter la reconstruction des écoles mais aussi des infrastructures et des logements touchés par la “crise de sécurité civile la plus grave que le pays ait connue”. vécue depuis la Seconde Guerre mondiale », selon Manuel Valls. Concernant les écoles, durement touchées alors que Mayotte est le département le plus jeune de , « l’État ou l’un de ses établissements publics » pourra assurer leur construction, reconstruction ou rénovation à la place des collectivités territoriales jusqu’au 31 décembre 2027.

Chômage partiel. Sur le foncier, s’il est souvent difficile d’identifier formellement les propriétaires des terres à Mayotte, le texte prévoit la possibilité d’exproprier avant qu’un propriétaire ne soit identifié, quitte à l’indemniser a posteriori. Le texte contient également plusieurs mesures économiques qui resteront en vigueur « jusqu’au 31 mars 2025 », comme la suspension du prélèvement des cotisations sociales des travailleurs indépendants, l’extension des droits des assurés sociaux et des chômeurs ou encore l’augmentation des cotisations sociales. en faveur du chômage partiel. “Ce projet de loi d’urgence contient des mesures essentielles pour envisager la reconstruction, il doit donc être adopté par le Parlement puis promulgué le plus rapidement possible”, a insisté M. Valls lors de sa présentation du texte.

Son examen en commission des affaires économiques est prévu lundi, date de reprise de l’activité à l’Assemblée nationale. Mais le ministre de l’Outre-mer a reconnu que le texte était « sans doute incomplet », espérant des amendements et mentionnant notamment « d’autres mesures très urgentes » comme la lutte contre l’habitat illégal, qui ne figure pas dans le projet de loi, ou celle contre l’immigration clandestine. “Nous ne laisserons pas Mayotte redevenir un bidonville”, a-t-il insisté, notamment en augmentant “les moyens des forces de l’ordre”.

Reconstruction de maisons. « Je reconnais que c’est l’une des questions les plus difficiles car plusieurs dizaines de milliers de personnes vivent dans ces bidonvilles (…). Tout le monde n’est pas en situation irrégulière, tout le monde n’est pas immigré. C’est une question délicate qui ne peut pas être résolue en claquant des doigts », a souligné le ministre, alors que de nombreux habitants des quartiers informels de l’archipel ont déjà reconstruit leurs maisons. “Je serai très clair, la priorité pour nous, c’est la reconstruction des maisons, des toits des Mahorais”, a-t-il poursuivi, excluant le relogement des habitants des bidonvilles – souvent des Comoriens sans papiers – pour ne pas donner de “prime à l’immigration irrégulière”. ».

“Le texte est inacceptable car il n’apporte aucune réponse aux urgences réelles de Mayotte”, a déclaré à l’AFP l’ancien député de Mayotte et vice-président LR chargé des Outre-mer Mansour Kamardine. De son côté, la députée Liot de Mayotte Estelle Youssuffa, sans commenter le projet de loi d’urgence, a exigé que les entrepreneurs locaux « soient prioritaires sur les contrats » pour la reconstruction de l’archipel. Chido, le cyclone le plus dévastateur à Mayotte depuis 90 ans, a causé la mort d’au moins 39 personnes le 14 décembre et fait plus de 5 600 blessés, selon le dernier bilan publié par les autorités.

Thibault MARCHAND

© Agence -

 
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