pourquoi la Belgique reste-t-elle si peu compétitive pour les épargnants belges ? (Comparatif)

pourquoi la Belgique reste-t-elle si peu compétitive pour les épargnants belges ? (Comparatif)
pourquoi la Belgique reste-t-elle si peu compétitive pour les épargnants belges ? (Comparatif)
mouette

« Il y avait quand même des offres intéressantes (…). Mais même là, le succès ne semble pas massif. C’est un problème de mentalité des Belges, les épargnants sont passifs.»

Le constat est clair : la Belgique n’est pas du tout compétitive sur les comptes régulés traditionnels. En revanche, elle s’en sort mieux sur les comptes à terme, c’est-à-dire ceux sur lesquels les épargnants doivent attendre un certain délai avant de retirer leur argent.

L’épargnant « sacrifié » classique

En novembre 2024, les banques belges proposaient un taux moyen de 1,03% sur les dépôts d’épargne réglementés, un chiffre donc nettement inférieur à celui des autres pays de la zone euro. A titre de comparaison, ce taux atteint 2,89% au Luxembourg, 2,56% en et 1,45% aux Pays-Bas.

Même si le taux belge a légèrement augmenté par rapport aux mois précédents, l’écart avec les pays voisins reste important, ce qui pénalise les épargnants belges.

Obligations d’État, hausse record : les banques se moquent-elles depuis trop longtemps des consommateurs ?

En revanche, les banques belges se distinguent par leur plus grande compétitivité sur les dépôts à terme, avec un taux moyen de 2,69%. Ils se situent à un niveau comparable à celui de la France (2,78%), du Luxembourg (2,71%) ou des Pays-Bas (2,6%). Cette stratégie vise à attirer des épargnants plus dynamiques, précise Eric Dor. Ceux-ci étant en nombre plus limité, cela représente moins de « risque » pour les banques. En novembre 2024, les dépôts à terme atteignaient par exemple 149 milliards d’euros d’encours, contre 272 milliards pour les dépôts d’épargne réglementés.

Il existait encore des banques en ligne qui proposaient des tarifs plus attractifs que les 4 autres grandes banques : BNP Paribas Fortis, Belfius, KBC et ING. Comme MeDirect par exemple. Mais même là, le succès ne semble pas massif. C’est un problème de mentalités belges, les épargnants sont passifs. Les banques peuvent se dire de ne pas rivaliser sur le segment des épargnants passifs, source de financement abondante à faible coût, et de n’être plus compétitives que sur le segment des épargnants plus dynamiques. Ce qui est compréhensible de leur part», poursuit l’économie. “On l’a même vu avec le bon d’état le Vincent Van Peteghem (Ministre des Finances sortant, CD&V) avec le précompte mobilier réduit à 15%. Il a mobilisé 20 milliards d’euros, d’accord, mais au final, peu d’épargnants bougent», poursuit-il.

Vous inspirer de la France ?

En France, le livret A offre depuis des années un rendement de 3% (même si celui-ci pourrait diminuer à l’avenir). Pour quoi ? Car l’Etat a décidé de fixer celui-ci, avec un plafond de dépôt à 22 950 euros, afin de protéger les intérêts des petits épargnants.

Personnellement, j’ai toujours trouvé que c’était une idée qu’on aurait pu copier en Belgique. Mais le lobby bancaire s’est battu avec acharnement pour empêcher que cela se produise.», lance Eric Dor.

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« On ne peut pas conserver le même numéro de compte, tout comme on peut conserver son numéro de téléphone en changeant d’opérateur. Ce qui ne donne pas envie de changer de banque.»

Le Banque Nationale de Belgique mentionné récemment, certains facteurs entravent la concurrence. Y compris la prime de fidélité par exemple. Cela bloque la mobilité des épargnants belges. Ainsi que le manque de portabilité des comptes bancaires. Vous ne pouvez pas conserver le même numéro de compte, tout comme vous pouvez conserver votre numéro de téléphone en changeant d’opérateur. Ce qui ne donne pas envie de changer de banque car cela entraînera beaucoup de tracas avec vos contacts bancaires par exemple.», poursuit-il.

L’éclatement passager des banques, le réveil des épargnants

Eric Dor rappelle également que les banques bénéficient d’une forme de subvention indirecte. Les intérêts payés étant exonérés d’impôts, cela favorise les banques qui les versent aux épargnants. Dans le cas contraire, les banques devraient rembourser davantage d’argent pour que les épargnants reçoivent ces intérêts « nets ».

C’est ce qui était assez cocasse de la part de Febelfin (la fédération des banques belges, NDLR). Ils avaient crié au distorsion de concurrence avec l’obligation d’État Van Peteghem. Mais le secteur bénéficie d’une exonération sur tous ses comptes d’épargne. C’est un jeu équitable, même si cela n’a pas de sens. Que les banques plaident alors pour la suppression de toutes les exonérations !», dit-il.

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« C’est un jeu équitable, même si cela n’a pas de sens. Que les banques plaident alors pour la suppression de toutes les exonérations !

Des économistes très libéraux affirment aussi, et je reconnais que c’est intelligent, qu’au fond, ce ne devraient pas être les seuls comptes réglementés qui bénéficient de cette forme de subvention/exonération. Cela nuit à l’allocation des ressources. Tout le monde devrait bénéficier d’une exonération d’un certain montant de revenus d’épargne. Sans se limiter aux comptes d’épargne réglementés. C’est clairement un sujet de discussion dans le programme du gouvernement de l’Arizona.», affirme-t-il. Même si ces économistes libéraux ne plaident pas pour une suppression des exonérations mais plutôt une généralisation.

Pourquoi le secteur bancaire ne veut pas du projet de la N-VA sur la fiscalité de l’épargne

Coût réduit pour les prêts immobiliers

Mais l’un des avantages indirects de ces taux d’intérêt limités sur les comptes d’épargne réglementés est qu’ils permettraient aux banques belges d’être plus compétitives sur les taux des prêts immobiliers, estime l’économiste. Mais là encore, cela concerne une part plus restreinte de la population belge qui est prête ou capable d’acheter, donc moins de mouvements de flux financiers à craindre sur les bilans des banques.

Le taux moyen des nouveaux prêts hypothécaires résidentiels était de 3,19 %, inférieur à celui de la plupart des autres pays de la zone euro, comme l’Estonie (4,73 %), les Pays-Bas (3,71 %) ou l’Allemagne (3,59 %). La France affiche néanmoins une nouvelle fois un taux plus intéressant, en légère baisse, à 3,17%.

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« Les Belges sont éduqués dans ce culte de la sécurité. Ce qui explique qu’il y ait moins de prise de risque qu’en Amérique du Nord par exemple et moins d’entrepreneuriat. »

Les banques belges se positionnent également de manière plus compétitive sur les crédits à la consommation, parfois critiqués car très coûteux pour ceux qui les utilisent, souvent les plus modestes. Le taux moyen en Belgique est de 6,72%, donc inférieur à celui de pays comme le Portugal (8,71%), l’Italie (8,45%) ou l’Allemagne (8,07%). Ils restent cependant moins attractifs que le Luxembourg (4,54%) ou encore la France (6,46%).

Le rapport qui démonte l’argument des banques belges pour justifier leurs faibles taux d’épargne

En conclusion, les consommateurs belges restent donc trop « froids ». “C’est aussi à cause d’un facteur culturel. Le peuple belge fait partie du peuple conservateur qui veut la sécurité. Tout comme le fort appétit pour les emplois protégés. Les gens sont éduqués dans ce culte de la sécurité. Ce qui explique qu’il y ait moins de prise de risque qu’en Amérique du Nord par exemple, et moins d’entrepreneuriat.», dit-il. “Je ne dis pas que c’est bon ou mauvais, mais c’est une culture moins averse au risque. Qui plus est, selon certains, il manque une forme de culture économique et financière de base. On parle des modèles économiques des fermes du Condroz au collège“, dit-il en plaisantant, “mais on ne voit rien, sauf à l’Université, en matière de Finance. C’est dommage“, term-t-il.

 
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