“On rit de la même chose en Suisse romande et en Suisse alémanique”

L’humoriste suisse Emil Steinberger, alias “Emil”, fait l’objet d’un documentaire qui sortira le 22 janvier en Suisse romande. Dans La Matinale de la RTS, il revient sur son parcours et raconte comment il a commencé à faire des sketchs en français.

Emil, icône intemporelle de l’humour suisse, a réussi ce que peu ont réussi à faire : rassembler les Suisses autour de mêmes sketchs, traduits en allemand et en français. Invité de La Matinale de la RTS, Emil Steinberger, de son nom complet, s’est dit le premier surpris.

«On m’a prévenu ‘Emil, ne fais pas ça, on n’aime pas les Suisses allemands qui parlent français’. Et c’est vrai, quand j’entends des Suisses alémaniques parler français dans le bus, c’est dégoûtant, c’est terrible», s’amuse l’humoriste. “C’est pour ça que j’avais peur de le faire.”

Le caméraman a tellement ri que la caméra a commencé à trembler.

Émile

En 1983, Lova Golovtchiner, fondatrice du Théâtre Boulimie à Lausanne, lui demande de traduire ses premiers sketchs en français pour la télévision. « La caméra était si grosse ! J’ai commencé à jouer le caporal Schnyder. Et soudain, cette caméra s’est mise à trembler. Au début, je pensais que c’était défectueux. Mais non, c’est le caméraman qui s’est mis à tellement rire que la caméra n’était plus silencieuse. C’était la preuve que j’étais compris en Suisse romande», sourit Emil.

>> Regardez à nouveau le sketch du caporal Schnyder :

Caporal Schnyder… / Achats de variétés / 6 min. / 27 décembre 1985

Ancien buraliste postal

Au-delà de la barrière de la langue, le Lucernois estime qu’on rit des mêmes choses en Suisse romande et en Suisse alémanique. « Il n’y a aucune différence. On cherche toujours les différences entre les Suisses alémaniques et les Suisses romands, mais cela n’existe pas. Nous sommes pareils. Sauf peut-être dans la vie professionnelle. Peut-être que nous travaillons à un rythme différent en Suisse alémanique», rigole-t-il.

Le documentaire «Typisch Emil», qui sortira le 22 janvier en Suisse romande, retrace la vie de l’humoriste. On apprend que l’humour était loin d’être une évidence pour lui, notamment envers ses parents. “C’était un peu dur à la maison, parce que mes parents ne comprenaient pas du tout ce que je voulais faire sur scène.”

Pour mes parents, travailler derrière le comptoir était absolument tout ce que je pouvais faire. Pour eux, jouer signifiait faire des bêtises

Émile

Emil Steinberger était alors buraliste postal. En 1960, après neuf années de service derrière le comptoir, il démissionne et entame une formation de graphiste pour devenir dessinateur publicitaire. Il débute dans l’humour en autodidacte et fonde en même temps le théâtre « Kleintheater Luzern ». Dans les années 1970, il lance un one-man show – on parle alors d’artiste de cabaret. Une trajectoire que sa mère a du mal à accepter.

« Elle était fière de mon métier de buraliste. Pour mes parents, travailler derrière le comptoir était absolument tout ce que je pouvais faire. Pour eux, jouer la comédie, c’était faire des bêtises. Même à 40 ans, avec succès en Allemagne. Je pouvais montrer à ma mère que c’était un vrai métier, mais elle disait toujours ‘pourquoi tu n’es pas restée à la Poste, c’était plus simple ?’.

Emil, qui a fêté lundi son 92e anniversaire, ne veut pas s’arrêter pour autant. “Il faut toujours vérifier si le cerveau est encore actif ou pas”, s’amuse l’humoriste. « Mais normalement ça se passera bien, je pourrai toujours faire des shows. La dernière a duré deux heures et demie, c’est assez long !

Le documentaire «Typisch Emil» est visible en Suisse romande à partir du 22 janvier 2025

Commentaires recueillis par Pietro Bugnon

Version web : Antoine Schaub

 
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