Un exemple. Lorsqu’il s’agissait de constituer la majorité « suédoise » en 2014, le « carnet Atoma » de l’équipe de Charles Michel précisait que le remboursement des coopérateurs d’Arco – le bras financier du mouvement ouvrier chrétien – devait débuter au cours du premier semestre 2015. Après la faillite de Dexia, dont Arco était l’un des actionnaires, ce dossier était très sensible pour le CD&V, l’un des partis de la coalition fédérale.
Le carnet Atoma de Jan Jambon (N-VA) n’a jamais existé…
Changement de méthode
Et l’Arizona ? Le gouvernement en préparation, réunissant la N-VA, Les Engagés, le MR, le Vooruit et le CD&V, ne fait pas exception. Selon nos informations, Bart De Wever utilise également la technique du carnet Atoma. Cependant, le fait de constater certains compromis en dehors du texte officiel n’est arrivé que assez tard dans l’actuelle palabre fédérale.
Pourquoi ce changement de méthode ? “Car, dans un premier temps, la N-VA estimait que ses notes ne devaient pas faire l’objet de modifications. Par la suite, elle a dû accepter les demandes de modifications des autres parties. Et cela signifiait que certains détails étaient inclus dans le carnet Atoma.» Contactés ce mardi à ce sujet, fidèles à la discrétion qu’ils s’imposent depuis le début des négociations, les nationalistes flamands n’ont fait aucun commentaire.
Attention, quand on parle de « Atoma notebook », cette expression est purement symbolique à l’heure du traitement de texte. Les points sensibles qui ne doivent pas être diffusés sont simplement inscrits dans un fichier informatique. Comme ce fut aussi le cas chez Vivaldi, confie un représentant de premier plan : «Sous De Croo, le cahier Atoma était un document Word géré par Rubén Leco (chef de cabinet du Premier ministre). Je n’ai jamais vu de carnet Atoma stricto sensu lors des négociations.“
Stupeur en Arizona : le Vooruit soumet… 500 amendements à la super-note de Bart De Wever
L’exégèse de l’accord officiel
Dans le « Atoma notebook » d’Arizona, selon une autre source, on trouve notamment des éclaircissements, l’exégèse du texte en discussion. Le cahier Atoma actuel ne comporte parfois que de simples précisions sur une décision d’éviter d’utiliser une phrase dans un sens plutôt que dans un autre lors de la mise en œuvre de l’accord.«Il s’agit d’assurer la confiance entre les formations de la future majorité, que tout soit clair pour que personne ne se sente trahi lors de la législature. Le cahier Atoma vise donc aussi à consolider la stabilité politique de l’équipe fédérale.
Le cahier Atoma actuel ne comprend parfois que des détails simples sur une décision d’éviter d’utiliser une phrase dans un sens plutôt que dans un autre lors de la mise en œuvre de l’accord..»
Equilibres linguistiques
Certains ajouts non officiels dépassent parfois le stade de la simple compréhension d’une ligne ou d’un paragraphe. Entre autres choses, des assurances ont été données aux négociateurs sur le rôle linguistique des directeurs de l’Autorité belge de la Concurrence (ABC). Après la législature, la question avait empoisonné l’air au sein du gouvernement De Croo. Pour rappel, après plusieurs procédures de recrutement, Axel Desmedt a été choisi pour diriger l’organisme de surveillance de la concurrence. Cependant, un problème s’est posé concernant son rôle linguistique. Parfaitement bilingue, il était considéré comme néerlandophone en raison de son diplôme obtenu à la VUB. Or, le poste devrait en principe revenir à un francophone… Le MR a vivement contesté cette nomination.
En verrouillant le rapport de force linguistique au niveau de la direction, les « Arizoniens » souhaitent sans doute éviter de vivre les mêmes embûches politiques. Outre ce point, d’autres garanties sur les équilibres communautaires et linguistiques figurent également dans le cahier Atoma.
Défense, diplomatie…
Enfin, le document « secret » de Bart De Wever soulèverait certaines questions sensibles qui ne peuvent être rendues publiques pour des raisons évidentes. Par exemple, en matière de Défense ou en ce qui concerne la ligne à suivre dans les relations diplomatiques avec certaines puissances étrangères.