L’annonce du départ de Justin Trudeau, quelques semaines avant le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, apporte une nouvelle couche d’incertitude à certaines industries déjà concernées en Outaouais et dans l’est de l’Ontario.
Les menaces tarifaires du président élu américain inquiètent déjà les agriculteurs de la région, selon le vice-président de l’Union des cultivateurs franco-ontariens, Michel Dignard. Mais l’instabilité politique générée par la prorogation du Parlement jusqu’au 24 mars et les élections qui devraient suivre ne les rassurent pas.
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Le vice-président de l’Union des agriculteurs franco-ontariens Michel Dignard. (Photo d’archives)
Photo : - / Frédéric Pépin
Je ne pense pas que M. Trump attendra mars. Cela provoquera un peu plus d’inquiétude sur les marchés
il croit. Cela pourrait être bon pour le coût du grain, mais du côté de la machinerie et de la gestion de l’offre, nous n’avons personne pour nous défendre.
Tant que nous n’aurons pas trouvé un gouvernement stable, nous pourrons prendre la gifle assez durement.
Nous n’en avions vraiment pas besoin […] L’agriculture, nous sommes habitués aux défis, nous nous adapterons, ce ne sera pas amusant.
L’avenir incertain des taux d’exportation et d’importation inquiète également le président du Syndicat des producteurs agricoles de l’Outaouais-Laurentides, Stéphane Alary. Il regrette également les ralentissements législatifs que va provoquer la prorogation du gouvernement.
En tant que producteur laitier, il attend depuis plusieurs années l’adoption d’un projet de loi proposé par le Bloc québécois pour protéger la gestion de l’offre dans les négociations commerciales internationales.
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Stéphane Alary is the president of the UPA Outaouais-Laurentides. (Archive photo)
Photo: - / Matéo Garcia-Tremblay
Sa plus récente version, le projet de loi C-282 qui s’est retrouvé au cœur de l’actualité parlementaire cet automne avec l’ultimatum du Bloc québécois, en était à sa dernière phase d’étude au Sénat avant la prolongation de la législature. Le projet de loi est désormais voué à mourir au Feuilleton, surtout si la prorogation est suivie d’élections.
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Les menaces de droits de douane du président élu américain Donald Trump inquiètent les agriculteurs de la région. (Photo d’archives)
Photo : - / François Gagnon
C’est dommage, on constate encore des retards dans ces actions, explique Stéphane Alary. Il ne faut pas oublier que ces gens [les dirigeants élus] nous sommes là parfois depuis 4 ou 8 ans, mais nous sommes là depuis 100 ans pour protéger le territoire agricole et la production dans toutes les régions rurales du Canada et du Québec.
Et la foresterie ?
Le secteur forestier est déjà en crise au Québec depuis plusieurs années.
En Outaouais, la fermeture temporaire de l’usine Résolu Produits forestiers à Maniwaki a eu un impact majeur sur ce moteur économique de la région.
Le président du Comité forestier de l’Union des municipalités du Québec et maire de Thurso, M. Benoit Lauzon, ne croit pas que le départ de Justin Trudeau viendra ajouter à cette situation très précaire de l’industrie.
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Le président du Comité forestier de l’Union des municipalités du Québec et maire de Thurso, Benoit Lauzon (Photo d’archive)
Photo : - / Christian Milette
Je pense que depuis l’élection de M. Trump, la région, le Québec et l’ensemble de l’industrie forestière s’inquiètent des risques d’imposition de tarifs. Le départ de M. Trudeau n’y change rien.
L’usine de Maniwaki, avec des tarifs de 25 %, serait pratiquement impossible à rouvrir.
Au contraire, il estime que le fait que le premier ministre demeure en poste jusqu’à l’élection de son successeur est bénéfique, compte tenu de sa connaissance des dossiers.
Le conflit canado-américain sur le bois d’œuvre perdure depuis 2017, rappelle Jean-François Samray, direction générale du Conseil de l’industrie forestière du Québec.
Cela nécessitera la participation au plus haut niveau du Premier ministre pour garantir que cette question soit résolue.
il explique. Alors pour nous, [le départ de Trudeau] cela ne conduit pas à davantage d’insécurité, car c’est un problème qui aurait dû être résolu depuis longtemps et qui n’est toujours pas résolu.
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Le secteur forestier est déjà en crise au Québec depuis plusieurs années. (Photo d’archives)
Photo : Jonathan Hayward/Presse Canadienne
Face aux besoins en bois des États-Unis, il estime que la nouvelle administration américaine devra négocier, malgré les attaques de Donald Trump.
La première personne qui sera impactée [par de nouveaux tarifs] est le consommateur américain.
Jean-François Samray se dit toujours optimiste quant à l’avenir de l’industrie au Québec et en Outaouais. Il est convaincu que la réforme du régime forestier menée par la ministre des Ressources naturelles et des Forêts du Québec, Maïté Blanchette Vézina, sera bénéfique pour les producteurs.
Le régime forestier apportera beaucoup plus de certitude et de prévisibilité aux investissements
conclut-il. Je pense donc que c’est une bonne nouvelle.