De retour de Mayotte, le sauveteur de Concarne raconte une île ravagée

De retour de Mayotte, le sauveteur de Concarne raconte une île ravagée
De retour de Mayotte, le sauveteur de Concarne raconte une île ravagée

« Quand on agit dans un tel contexte, on se sent tellement utile… ». Jules Waldhart se souviendra longtemps de sa première mission d’urgence. Bénévole à la Croix-Rouge de Concarneau depuis trois ans, ce professeur de physique-chimie de 34 ans est revenu samedi de Mayotte. « Là-bas, il faut constamment faire l’effort de se rappeler qu’on est dans un département français », dit-il.

Samedi 14 décembre, le cyclone Chido a dévasté cet archipel de l’océan Indien. Le lendemain, tous les volontaires de la Croix-Rouge reçoivent un appel de disponibilité. Jules Waldhart n’a pas hésité longtemps et s’est proposé pour la période des vacances scolaires. “Je n’avais jamais mené d’opération d’urgence”, a-t-il déclaré. Mais je me suis dit que les gens avaient besoin de nous. Et ce serait difficile.

« Les collines rasées »

Le 23 décembre, une cinquantaine de sauveteurs bénévoles, dont trois venus du Finistère, arrivent à Mayotte. « On ne savait pas trop à quoi s’attendre, confie Jules. Hangars aménagés le long de la piste d’atterrissage, avions cargo militaires… Le premier contact est un choc. “C’était impressionnant”, a-t-il déclaré. Ce qui arrive ensuite est pire, lorsque vous quittez l’aéroport. « Les infrastructures détruites, les collines rasées, et la très forte présence policière… ».

Les premières heures sont consacrées à l’installation dans leur logement, un collège, lui aussi endommagé par le cyclone. « Nous nous étions préparés à des conditions très précaires. Mais nous avons eu la chance de vivre dans de bonnes conditions », résume Jules.

Les volontaires de la Croix-Rouge travaillent en étroite collaboration avec les populations qui ont tout perdu après le cyclone Chido. (Jules Waldhart)

Rétablir les liens familiaux

Les premières missions consistent à se rendre dans des villages et des bangas (bidonvilles). « Entrer en contact avec la population, faire des reconnaissances », explique le Concarnois. Nous étions avec des bénévoles formés au rétablissement des liens familiaux. La tâche est immense, alors que de nombreux habitants n’ont plus de contact avec leurs proches, sans électricité pour recharger leur téléphone portable.

Au sol, Jules s’est rendu vers le nord, une dizaine de jours après le cyclone. « Nous étions les premiers étrangers au village que les habitants voyaient », dit-il. Nous avons été bien accueillis, mais nous avons ressenti une certaine frustration. Comment avaient-ils pu survivre sans rien pendant tout ce temps ? Ils ont reconstruit, organisé, entre eux.

“On a senti les gens touchés”

Au fil des jours, les secouristes informent également la population de la réouverture des services de santé et des distributions alimentaires. Ils pratiquent peu de soins. « Pour les blessures qui duraient plus de dix jours, les personnes blessées par le cyclone, nous ne pouvions pas faire grand-chose. Nous ne sommes pas formés pour cela, ni pour donner des antibiotiques. » Et il poursuit : “On a senti les gens touchés par cette mobilisation.”

Le secouriste de Concarne est rapidement affecté, de par sa formation et ses compétences professionnelles, à la base de la Croix-Rouge, entre gestion et logistique. “Faire en sorte qu’on y vive bien”. Avant de se voir confier la responsabilité du parc d’une trentaine de véhicules utilisés par l’association.

« Ces situations de crise vont se reproduire »

Avec le recul, Jules Waldhart se dit touché. “Pour voir la résilience des gens.” Comprendre que « la misère dans laquelle nous les avons vus est aussi leur misère quotidienne ». Et « choqué » de voir le bilan officiel s’établir à 39 morts. « C’est incroyable, avec tous les rapports dont nous disposons sur des enterrements de fortune », a-t-il déclaré. Il y a probablement des centaines, voire des milliers de morts. »

Depuis, d’autres bénévoles ont pris le relais. Jules envisage de poursuivre sur la voie des situations de crise. « J’envisage de me joindre aux équipes d’intervention d’urgence de la Croix-Rouge », dit-il. Car pour lui, cela ne fait aucun doute : « Nous savons que ces situations de crise vont se reproduire, de plus en plus souvent. »

A noter

La Croix-Rouge a mis en place une collecte de dons en espèces sur son site internet www.croix-rouge.fr

 
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