CElle répond au téléphone d’une voix enjouée, à peine affectée par l’entraînement (1) qu’elle vient de terminer ce dimanche après-midi. La perspective du long voyage qui l’attendait le lendemain la ravissait au plus haut point, et tant pis pour les heures de vol, jusqu’à Istanbul puis Bordeaux, et le bus qui emmènera le Çukurova BK Mersin jusqu’à Mont-de-Marsan, sans compter les deux heures de décalage horaire à gérer. Marine Fauthoux ne pense qu’à une chose : fouler à nouveau le parquet de François-Mitterrand, où elle s’est formée de 2021 à 2023.
“Je suis très, très heureuse”, confirme-t-elle sans surprise. J’ai quitté le club pour vivre une autre expérience et continuer à progresser, mais j’ai toujours dit que j’aimerais revenir un jour. J’ai un lien très fort avec ce club, et j’ai hâte de revoir beaucoup de monde. »
Elle est aussi assez fière de son côté petite « reine des pronostics », elle qui pariait avant même le début de la campagne 2024-2025 sur la présence de Basket Landes parmi les équipes à suivre. « Je suis vraiment content de les retrouver dans cette phase de poules. On savait dès le départ qu’on allait croiser avec leur groupe donc j’étais clairement leur supporter ! On a aussi eu de gros débats avec les filles (ses partenaires, NDLR) qui n’y croyaient pas. Je leur ai dit : vous verrez ! »
« Surprise, oui et non »
Et ils ont vu, même un peu plus que ce que la native de Pau, qui fêtera ses 24 ans le 23 janvier, avait prévu. « Le fait qu’ils aient terminé premiers de leur groupe, j’avoue que ça a choqué tout le monde ! J’ai été surpris, oui et non : sur le papier, en ce début de saison, il est certain que Basket Landes ne fait pas partie des équipes sur lesquelles on compte pour jouer le titre. Mais, d’année en année, le club gagne en respect et Julie (Barennes) propose vraiment du beau basket : c’est une équipe compétitive et on va se méfier. »
« Ce ne sera pas un match comme les autres, notamment avec l’ambiance dans la salle, le bruit, les bandas. Je l’adore, j’ai grandi dedans »
Car que les choses soient très claires : Marine Fauthoux et Mersin, huit victoires en autant de matches européens, arrivent avec des ambitions à peine voilées et une étiquette de terreur raquette que la quatrième de la dernière saison d’Euroligue entend confirmer. « Nous proposons du bon basket, nous avons une belle équipe pour aller jusqu’au bout et bien sûr nous nous sommes fixés le titre comme objectif en début de saison. Désormais, on n’en parle plus tous les jours. Nous l’avons en tête et nous savons ce que nous devons faire. »
Alors tant pis si cela signifie tourmenter la défense landaise, comme le leader sait si bien le faire. Le trac, les émotions ? Je ne sais pas. En tout cas, pas une fois le match commencé. « Cela ne me dérange pas de jouer contre un ancien club, même si ce sera la première fois, car j’ai été blessé l’année dernière (pour la visite de l’Asvel, où elle jouait alors, le 3 mars, NDLR). Bien sûr, ça va être bizarre. Ce ne sera pas un match comme les autres, notamment avec l’ambiance dans la salle, le bruit, les bandas. J’adore, j’y ai grandi. Je sais que je vais prendre beaucoup de plaisir pendant le match, je sais comment le gérer. Et j’espère que cela me portera jusqu’au bout : je n’aime que gagner ! »
En famille
Les émotions, qui vont inévitablement faire surface, Marine les attend en premier. Lors de l’échauffement, “ça va être particulier, même si j’ai hâte de dormir un peu aussi”. Mais aussi ce mardi, pendant le temps libre laissé par le staff, lorsque plusieurs membres de sa famille ont prévu de venir la voir depuis Horsarrieu, le berceau familial. Ces moments sont d’autant plus précieux que la fille du sélectionneur des Bleus Frédéric Fauthoux n’est pas revenue pour les vacances, en raison d’un calendrier turc particulièrement chargé à cette période de l’année.
« En Turquie, il n’y a pas de trêve et c’est la première fois que je vis cela. Nous avons pris un petit repas avec Iliana (Rupert) mais ça y est, les autres filles n’ont pas fêté Noël. C’est aussi pour vivre des expériences comme celle-là que je suis parti. » Pour mieux revenir, et savourer ces retrouvailles landaises.
(1) Elle n’a pas joué le match perdu contre Besiktas samedi soir, en raison de la règle de rotation étrangère : pas plus de quatre au sol à chaque match.