Toujours moins de bébés en France : une nouvelle baisse des naissances devrait être enregistrée en 2024, accentuant une tendance amorcée depuis plusieurs années. Qu’est-ce que ce déclin implique pour le pays ? Le point sur ses conséquences.
Quelle est la situation ?
De janvier à novembre 2024, le nombre de naissances a diminué de 2,8% par rapport à la même période un an plus tôt, a indiqué mardi l’Insee, qui doit dévoiler la semaine prochaine son rapport annuel.
Cette baisse s’inscrit dans une tendance de plus long terme : depuis 2011, le nombre de naissances diminue chaque année en France, à l’exception de 2021, qui a connu un léger rebond après les confinements liés au Covid-19.
Le nombre de naissances est désormais au plus bas depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, qui a suscité l’an dernier de nombreuses réactions politiques et conduit le président Emmanuel Macron à plaider pour un “réarmement démographique” du pays.
Pourquoi nous soucions-nous du taux de natalité ?
La France a la particularité d’être préoccupée par sa natalité depuis plusieurs siècles. “Sa fécondité était la plus faible d’Europe au XIXe siècle, elle voyait d’autres pays croître beaucoup plus vite et craignait de manquer de population”, notamment en cas de guerre, explique à l’AFP Hervé Le Bras, directeur des études à l’Ecole de Études Avancées en Sciences Sociales (EHESS). L’idée dominante était alors qu’une population nombreuse permettrait d’engager davantage de soldats afin d’avoir l’avantage en cas de conflit.
A partir de cette époque, des mouvements natalistes se développent. Par la suite, “le souci de la natalité a été partagé par la plupart des dirigeants français”, ce qui s’est traduit par une politique familiale plus importante qu’ailleurs, selon le spécialiste.
A l’heure où l’on compte en moyenne 1,68 enfant par femme, certains craignent de voir la population française décliner. Car pour assurer le renouvellement des générations, il faut atteindre un taux de fécondité de 2,1 enfants par femme.
Synonyme de perte d’influence ?
Les Etats refusent généralement de voir leur population diminuer car cela « fait référence à un sentiment de déclin », décrit à l’AFP Catherine Scornet, maître de conférences à l’université d’Aix-Marseille.
Or, d’un point de vue diplomatique, le poids démographique “n’est pas suffisant” pour qu’un pays brille et s’impose sur la scène internationale, souligne le spécialiste. Ainsi, l’Inde, désormais pays le plus peuplé du monde avec ses 1,4 milliard d’habitants, « n’a pas de poids politique majeur », cite-t-elle en exemple.
Une économie au ralenti ?
Une baisse de la natalité est également inquiétante car elle « se traduit par un vieillissement de la population, qui est associé à une perte de dynamisme » de l’économie, note Catherine Scornet.
Premièrement, la baisse des naissances peut avoir un impact positif sur les finances publiques puisqu’elle signifie moins de dépenses en matière de soins, d’éducation et de prestations sociales.
La situation peut devenir plus complexe lorsque de plus petites générations atteignent l’âge adulte. Pour la France, il pourrait alors être plus difficile de financer son système de retraite, basé sur les seules cotisations des actifs. Des solutions existent pourtant pour augmenter la population active, comme par exemple encourager l’arrivée de travailleurs immigrés.
Une bonne nouvelle pour la planète ?
Moins d’enfants signifie-t-il moins de pollution ? A l’heure où la planète compte plus de 8 milliards d’habitants, la croissance démographique est parfois considérée par certains militants comme problématique en raison de la pression exercée sur les ressources naturelles et la production de CO2. Les défenseurs du climat, en France et ailleurs, appellent à ne pas avoir d’enfants pour lutter contre le réchauffement climatique.
Mais l’impact d’une population sur l’environnement « est essentiellement une question de consommation », rappelle Hervé Le Bras, de l’EHESS. Si les Français ont moins d’enfants, cela peut paradoxalement avoir un impact négatif en termes de pollution : “cela laisse aux familles plus de revenus disponibles pour d’autres dépenses, souvent émettrices de CO2”, comme l’achat d’un véhicule ou les voyages en avion, souligne-t-il. .