Trump prêt à gracier les attaquants du Capitole

Trump prêt à gracier les attaquants du Capitole
Trump prêt à gracier les attaquants du Capitole

Donald Trump, président des États-Unis depuis le 20 janvier, a promis à plusieurs reprises de gracier les émeutiers qui ont envahi le Capitole le 6 janvier 2021. Une décision risquée, loin de faire l’unanimité dans le pays et notamment à Washington, théâtre de l’attentat. .

1 200 partisans de Trump inculpés et 600 condamnés

« J’étais dans ma voiture, sur la route près du Capitole, quand c’est arrivé. C’était fou, j’écoutais la radio, j’essayais de comprendre ce qui se passait », se souvient le professeur Jared Oerke. Ce 6 janvier 2021, il a observé des milliers de partisans de Donald Trump prendre d’assaut l’imposant bâtiment, pilier démocratique du pays. Le républicain refuse d’admettre sa défaite face à Joe Biden à la présidentielle et appelle ses partisans à

« se battre » et « marcher vers le Capitole ».

Chose dite, chose faite. Ils cassent des vitres, détruisent des bureaux. Plus de 140 policiers ont été blessés lors de l’assaut. Dans les mois qui suivirent, les émeutiers furent jugés pour avoir participé à cette insurrection. À ce jour, plus de 1 200 personnes ont été inculpées et plus de 600 condamnées à des peines de prison. Avec un espoir : être gracié par Donald Trump, qui s’apprête à revenir à la Maison Blanche, quatre ans plus tard.

Plusieurs dizaines de grâces la première semaine ?

Quatre ans plus tard, nous y sommes. Au lendemain du Nouvel An, devant le Capitole, une immense structure était érigée pour accueillir l’investiture de Donald Trump, version 2025. Même scène devant la Maison Blanche, dont le parc habituellement ouvert aux touristes a été fermé pour installer des stands. Oui, la capitale américaine se prépare au retour officiel de Trump. L’événement est prévu pour le 20 janvier. Et Trump s’y prépare aussi… en pensant à la grâce de ses militants.

Début décembre, dans une interview accordée à NBC News, il avait déclaré qu’il était « très probable » qu’il gracie les émeutiers du 6 janvier, le premier jour de son mandat. Dans la foulée, auprès du magazine Time, il a assuré qu’il « examinera chaque cas individuellement. Nous le ferons très rapidement et cela commencera dans la première heure suivant mon entrée en fonction. La grande majorité d’entre eux ne devraient pas être en prison.» Une manière pour lui de « soutenir et récompenser ceux qui lui ont été fidèles », analyse Mark Osler, professeur de droit à l’université Saint Thomas du Minnesota. “Je ne pense pas qu’il leur pardonnera tous, car ils sont nombreux, mais je m’attends à le voir en pardonner un petit nombre, le premier jour ou la première semaine de son arrivée au pouvoir, probablement entre le 20 et 50 », estime-t-il.

Une décision qui divise l’Amérique

Mais cette décision est loin de faire l’unanimité. Même au sein du Parti républicain, les alliés de Donald Trump se montrent prudents. «Ceux qui ont blessé des policiers, ils sont dans une autre catégorie, à mon avis, mais je le laisse juger», a par exemple déclaré le sénateur Lindsey Graham. «Donald Trump a un tel contrôle sur son parti que très peu de républicains s’opposeront à lui publiquement», estime Graham Dobbs, professeur de sciences politiques à l’Université de Montréal et auteur d’un livre sur le sujet. La grâce présidentielle est, en tout cas, “l’un des rares pouvoirs unilatéraux inscrits dans la Constitution des Etats-Unis et elle a très peu de limites : il suffit de sortir un stylo et de signer”, ajoute-t-il.

Aucune limite dans le nombre de grâces accordées, en cours de route et avec effet immédiat. La seule contrainte est qu’on ne peut pardonner les crimes qu’au niveau fédéral. “L’autre limite est plutôt politique, car une telle décision n’est pas toujours populaire”, poursuit Graham Dobbs. Et, dans un pays aussi divisé que l’Amérique après une élection présidentielle électrique, l’amnistie accordée aux émeutiers du 6 janvier fait grincer des dents. Près du rond-point Dupont, rond-point

au carrefour de plusieurs quartiers résidentiels de Washington, Annie Pelayo fait la moue. « Ce n’est pas bien de pardonner, ça donne l’impression qu’il approuve le comportement violent des émeutiers », murmure-t-elle, béret sur la tête.

Annie Pelayo, une enseignante californienne, désapprouve l’intention de Donald Trump de gracier les émeutiers du Capitole. (Salomé Kourdouli)

“Je serais choqué!” »

L’enseignant, originaire de San Diego, en Californie, insiste : « S’il fait ça, il donne l’impression que c’est normal de participer à une émeute. » A quelques pas de là, dans le petit parc à chiens de S. Street, Jared Oerke abonde dans le même sens : « Je serais choqué, comme j’ai été choqué par ses décisions il y a quatre ans. Leur pardonner ne fera que cimenter la polarisation de ce pays », poursuit-il. Mark Osler confirme ce pari à double tranchant de Trump : « Cette décision sera populaire auprès de ses électeurs et largement contestée par ses adversaires. »

 
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