Les Torontois ont produit plus de 700 000 tonnes de déchets l’année dernière. Près de 54 % de ces déchets ont été recyclés ou compostés. Cependant, au rythme actuel, la décharge de Toronto sera pleine d’ici 2034 ou 2035, estime la Ville. Que faire ensuite ? La maire Olivia Chow ne ferme pas la porte à la crémation.
Nous nous engageons à être à l’écoute [d’abord] résidents
souligne le maire Bouffe.
La Ville a lancé des consultations publiques sur l’actualisation de sa politique de gestion des déchets pour les 10 prochaines années. Entre autres choses, les résidents pourraient répondre à un sondage en ligne en décembre.
Une deuxième phase de consultations aura lieu au printemps prochain, alors que la population sera invitée à comparer la mise en décharge à l’incinération
précise notamment un porte-parole municipal par mail.
La décharge [Green Lane] sera bientôt complet, nous devons donc prendre une décision. […] Mais nous cherchons également des moyens de consommer moins et de réutiliser et recycler davantage.
Toronto doit trouver une solution à ses déchets, admet la mairesse Olivia Chow. (Photo d’archives)
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Il est important d’évaluer toutes les options
ajoute Jennifer McKelvieAdjoint au maire de Toronto et président du comité de l’infrastructure municipale et de l’environnement.
Elle ajoute qu’il y aura toujours des déchets à éliminer, même si la Ville réussit à augmenter son taux de recyclage et de compostage.
Taux de réacheminement des décharges (recyclage et compostage) à Toronto
Type de résidence | Taux de déjudiciarisation (2022) | Taux de détournement (2023) |
---|---|---|
Maisons | 63,7 % | 63,9 % |
Immeubles en copropriété | 25,1 % | 27,9 % |
Moyenne | 52,5 % | 53,6 % |
Un dépotoir appelé désir
L’ancien maire David Miller avait évité une crise des déchets en 2006 en rachetant la décharge Voie verte près de Londres dans le sud-ouest de la province, où Toronto envoie depuis lors ses déchets.
Pour prolonger la durée de vie de la décharge, Toronto s’est fixé comme objectif d’atteindre un taux de réacheminement des déchets de la décharge de 70 % d’ici 2010, grâce au recyclage et au compostage. Mais la Ville Reine n’a jamais atteint cet objectif. Le taux de 70 % est devenu l’objectif de Toronto pour 2030.
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Au rythme actuel, la décharge de Green Lane, dont Toronto est propriétaire, sera pleine d’ici 2034-2035, affirme la ville. (Photo d’archives)
Photo : - / Colin Butler
À titre de comparaison, Montréal souhaite atteindre un taux de réacheminement des déchets de 70 % d’ici 2025, et de 85 % en 2030.
Toronto envisage de réaliser une étude de faisabilité sur la possibilité d’agrandir la décharge Voie vertepour voir si c’est une option viable
précise la Ville. Toronto souhaite également prendre le pouls des décharges privées et d’autres villes pour voir si elles seraient prêtes à accepter ses matières résiduelles. La Ville est toutefois consciente que l’espace d’enfouissement actuel est limité et devrait être pourvu dans un délai de 10 ans
.
La quatrième option envisagée est l’incinération.
La crémation est-elle la solution ?
Karen Wirsig, écologiste du groupe Défense environnementale s’inquiète du fait que Toronto ouvre la porte à l’incinération des déchets, qualifiant cette option de solution malsaine
en raison des émissions qui y sont associées.
Ce que nous devrions prioriser, c’est réduire les déchets que nous générons à Toronto.
dit-elle.
L’incinération des déchets n’est pas une manière écologique ou sanitaire de traiter les déchets.
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L’incinération n’est pas une solution, insiste Karen Wirsig du groupe Environmental Defence. (Photo d’archives)
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Il existe actuellement deux incinérateurs dans la banlieue de Toronto. Les opérateurs veillent à respecter les normes environnementales, ajoutant que l’incinération permet également de produire de l’électricité.
Charles Jia, professeur de génie chimique à l’Université de Toronto, affirme que la technologie a « évolué » et permet désormais de « nettoyer les gaz de combustion ». Il cite l’exemple des incinérateurs de Tokyo, au Japon.
Les décharges sont une technologie du passé. […] La crémation est la solution.
Les incinérateurs d’aujourd’hui sont « bien meilleurs » qu’il y a 50 ans en termes d’émissions, affirme également Kelvin Tsun Wai Ng, professeur d’ingénierie des systèmes environnementaux à l’Université de Regina, en Saskatchewan.
Mon souci [avec l’incinération]ce n’est pas une pollution de l’environnement. C’est plutôt parce que cela entre en concurrence avec nos programmes de recyclage.
Il explique qu’un incinérateur a constamment besoin de produits à brûler et que les matériaux recyclables comme les bouteilles en plastique ont en réalité une valeur énergétique élevée.
Sans parler des cendres produites par l’incinération, qu’il faut gérer, note le chimiste et professeur Marc Olivier de l’Université de Sherbrooke, au Québec, spécialisé dans l’environnement et la gestion des matières dangereuses.
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Toronto doit évaluer l’incinération comme option possible, déclare la mairesse adjointe Jennifer McKelvie. (Photo d’archives)
Photo : - / Michael Wilson
Il n’y a pas de solution miracle
souligne l’adjoint au maire McKelvie sans se précipiter pour l’instant en faveur d’une solution ou d’une autre.
La Ville souhaite consulter d’autres municipalités pour voir si un autre site d’enfouissement serait disponible, explique-t-elle, tout en cherchant à réduire la quantité de déchets à gérer, par le compostage, le recyclage et l’élimination des plastiques. à usage unique, notamment.
Mme McKelvie ajoute que Toronto n’a pas encore examiné où pourrait être implanté un incinérateur ni si sa gestion serait confiée à un opérateur privé.
Comment recycler davantage dans les copropriétés ?
Le taux de recyclage et de compostage dans les copropriétés et les immeubles d’habitation (neuf logements ou plus) à Toronto n’était que de 27,9 % l’an dernier, selon la Ville.
C’est 2,2 fois moins que parmi les occupants d’une maison.
Quentin de Becker, enseignant et fondateur du groupe environnemental Scarborough Zéro Déchetne pointez pas du doigt les locataires pour autant.
Je peux difficilement critiquer quelqu’un qui doit descendre 30 étages pour récupérer son recyclage.
Il souligne que de nombreux bâtiments ne subissent pas de chute. Et souvent, s’ils en ont un, c’est uniquement pour les poubelles.
En plus de ce problème d’infrastructure, davantage de financement public est nécessaire, selon lui, pour les organismes comme le sien qui favorisent le recyclage et le compostage par le biais d’activités communautaires.
Le professeur Olivier estime également qu’il faut organiser défis du quartier
avec des objectifs à atteindre et récompenser un bon comportement
pour essayer d’augmenter le taux de participation.
Il existe des solutions qui peuvent s’adapter à une partie de la clientèle, d’autres solutions pour une autre partie de la clientèle, [plutôt qu’avoir] un programme unique où tout le monde passe par le même petit trou de serrure.
Il ajoute qu’il faut une approche orienté vers la récupération
quand on construit de nouveaux bâtiments, car s’il n’y a qu’un seul vide-ordures, beaucoup d’habitants opteront pour le solution facile
et envoyer tout à la poubelle, plutôt que de trier, dit-il.
L’adjoint au maire McKelvie cite l’exemple d’une copropriété de son quartier qui a transformé sa chute à déchets pour qu’elle serve uniquement à la collecte de matières organiques.
Nous aurons des discussions au cours de la prochaine année pour établir un nouveau plan décennal pour les déchets
dit-elle. Mais je préfère les incitations [aux amendes] pour augmenter le taux de recyclage.