l’essentiel
Vendues clandestinement ou sur Internet, les substances dopantes ne sont plus réservées à une infime partie des extrémistes du bodybuilding. De plus en plus de jeunes cèdent à l’attrait des stéroïdes pour atteindre des performances toujours plus élevées ou être les plus musclés sur les réseaux sociaux…
Il y a quelques jours, un homme de 27 ans a été interpellé à Colomiers après que la brigade de terrain spécialisée du Mirail ait découvert à son domicile près de 12 000 comprimés de testostérone, des hormones de croissance et 450 flacons de médicaments et seringues destinés à améliorer les performances sportives.
A lire aussi :
INFOS LA DEPECHE. Il fabriquait des produits dopants dans son appartement : un homme arrêté, des milliers de pilules saisies
Dans son appartement de l’ouest toulousain, les enquêteurs ont découvert un laboratoire clandestin dédié à la fabrication de ces produits dopants dont les matières premières étaient importées. Ils ont également mis la main sur près de 5 000 euros en liquide. Cet argent provenait sans doute de la revente, principalement en ligne, des produits qu’il fabriquait artisanalement chez lui pour les passionnés de musculation et les sportifs en quête de performances toujours plus grandes.
Bien moins compétitif que le marché des stupéfiants, le business du trafic de produits dopants est devenu une manne exploitée par de plus en plus de criminels dans la région toulousaine. Pour preuve, devant la pharmacie de Columérin, en avril dernier, un autre Toulousain de 34 ans, Jean-Yves T., plus connu sous le nom de « Panoramix », a été condamné par le tribunal correctionnel de Paris à quatre ans de prison dont trois dont qui ont été suspendus, pour les mêmes raisons.
La course aux biceps et aux « likes » sur les réseaux sociaux
Et s’il y a des vendeurs, il y a forcément des acheteurs. Le plus souvent, ces derniers présentent deux types de profils assez distincts. Les premiers sont principalement des jeunes entrés récemment dans le monde du bodybuilding, à la recherche des corps surdéveloppés des personnes avec qui ils partagent les haltères. Pour eux, l’objectif est de rattraper son retard et d’acquérir des muscles imposants le plus rapidement possible, sans trop forcer en terme d’effort.
D’autres consommateurs de testostérone et d’autres stéroïdes anabolisants sont ceux qui recherchent des performances presque surhumaines, souvent engagés dans des compétitions de musculation ou d’haltérophilie.
Usager régulier des salles de sport toulousaines, Rémy, Toulousain de 27 ans aux muscles généreux, avoue avoir été tenté de passer de l’autre côté de la barrière. « Sur Internet ou directement auprès des consommateurs, il est assez simple de se procurer ces produits illégaux. J’ai longtemps hésité. Je m’entraîne plusieurs fois par semaine à un rythme soutenu et certains en font deux fois moins et sont plus épais que moi… Forcément, ça génère de la frustration. C’est comme démarrer un jeu vidéo avec un code de triche ou faire le Tour de France en vélo électrique.
Le concernant, ce sont les effets secondaires et les risques pour sa santé (lire ailleurs) qui l’a finalement convaincu de ne pas céder à l’attrait des injections intramusculaires avec une seringue. Même s’il ne se drogue pas non plus, Antonin, 20 ans, est accro à la salle de sport. Il avoue avoir hésité à se piquer pour améliorer plus rapidement son image sur les réseaux sociaux. « C’est tout de suite plus facile avec les filles si on poste des photos torse nu avec les abdos visibles… On m’a proposé des pilules de testostérone, mais j’ai refusé. Tout d’abord, je n’avais pas d’argent, mais j’avais surtout peur que mes parents le découvrent.»
En 2023, l’haltérophilie (3e ; 4,6 %) et le dynamophilie (4e ; 3,1 %) figuraient dans le top 5 des sports les plus touchés par le dopage, derrière le MMA (11 %).
Attention : il ne faut pas confondre produits dopants et protéines
S’il est important de rappeler qu’il est illégal d’acheter ou de consommer des produits dopants, il est tout aussi important de bien les distinguer des poudres de protéines, comme le lactosérum, vendues dans la plupart des salles de sport en France. Cette dernière n’a rien d’illégal puisqu’il s’agit simplement de poudre (généralement issue du lait de vache) à mélanger avec de l’eau, du lait ou des boissons végétales. Cette poudre protéinée permet à ses utilisateurs de prendre de la masse plus facilement et de perdre de la graisse pendant l’entraînement. « Les gens le consomment comme complément alimentaire car il constitue une bonne source de protéines et manger un steak à 17 heures n’est pas forcément très tentant », explique un coach d’un gymnase toulousain.
Quant aux produits interdits, les stéroïdes anabolisants fabriqués dans un laboratoire plus ou moins légal ont la même structure chimique que les stéroïdes présents dans l’hormone mâle, la testostérone. La prise de ces produits provoque une croissance simultanée de tous les muscles et peut avoir des conséquences irréversibles sur le corps humain.