Après 10 mois d’efforts et pas moins de 87 000 perles, l’artiste métisse Christina Lennox a recréé en perlage une photo de son arrière-grand-mère prise dans les années 1930. Une démarche qui lui a permis de se rapprocher de son héritage familial.
C’était un exploit de détermination
», explique Christina Lennox, qui a décidé de se lancer dans le projet après avoir découvert l’image en parcourant une boîte de photos de famille chez son grand-père à Richmond, en Colombie-Britannique.
On peut voir en noir et blanc son arrière-grand-mère, Annabella McKay, traverser une rue de Winnipeg.
La photo originale d’Annabella McKay traversant une rue de Winnipeg à la fin des années 1930.
Photo : Avec l’aimable autorisation de Christina Lennox
Il y a quelque chose qui m’a vraiment captivé dans cette image, elle a l’air très ludique et amusante sur cette photo
explique l’artiste qui fait partie de la Nation Métis de Colombie-Britannique, mais dont la famille était originaire de la région de Lockport, située à 2 km de Winnipeg.
D’après les histoires que j’ai entendues sur elle, c’était une femme très persistante et têtue et quand je regarde cette photo, c’est ce que je perçois.
explique-t-elle.
Et ce sont des traits dont Christina Lennox semble avoir hérité, puisqu’il a fallu un peu d’entêtement et beaucoup de résilience pour mener à bien le projet.
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Le portrait en perles de l’arrière-grand-mère de Christina Lennox, Annabella McKay, réalisé à partir de 87 000 perles.
Photo : - / Jackie McKay
Pour y parvenir, elle a commencé par numériser la photo en noir et blanc et à la télécharger sur un logiciel qui attribuait à chaque pixel un numéro déterminant la couleur de la perle qu’elle devait utiliser.
Ce n’était pas particulièrement amusant à faire, rit-elle. On dit souvent que le perlage est relaxant, mais quand cela implique aussi de rester assis devant un ordinateur à dire des chiffres avec une voix numérique pendant huit heures par jour, c’est épuisant !
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Le processus de création du portrait n’a pas été facile, selon l’artiste.
Photo : Avec l’aimable autorisation de Christina Lennox
Mais au final, le grand plaisir du projet a été de se sentir plus connectée à son arrière-grand-mère, qu’elle connaît peu.
Le souvenir du fils
Bien que Christina Lennox sache peu de choses sur son arrière-grand-mère, son fils, avec qui la photo a été trouvée, se souvient d’elle comme d’une femme gentille et confiante.
Elle était ce qu’on pourrait qualifier de libre d’esprit et peu attachée aux conventions de son époque.
se souvient Stewart Tait, fils d’Annabella et grand-père de Christina.
Il raconte qu’un jour, sa mère et un ami ont conduit de Winnipeg vers le nord de l’Ontario pour rendre visite à leurs maris qui y travaillaient.
C’est le genre de chose que personne ne faisait à cette époque, explique Stewart Tait, qui garde des photos du voyage de sa mère.
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Stewart Tait est le fils d’Annabella McKay et le grand-père de Christina Lennox.
Photo : - / Jackie McKay
Durant son enfance, il a contracté la polio et s’est retrouvé paralysé pendant plusieurs mois. Il se souvient que sa mère s’est occupée de lui patiemment pendant sa maladie.
C’est le genre de souvenir qui ne te quitte jamais
exprime celui qui a aujourd’hui 85 ans.
Selon lui, la photo reproduite par sa petite-fille a probablement été prise en 1936 ou 1937, car dans le même paquet de photos on peut voir une plaque d’immatriculation sur laquelle il est indiqué 1936. Sa mère aurait donc eu la fin de la vingtaine.
Lorsqu’il regarde le résultat du travail de Christina, il estime que le sourire de sa mère correspond aux souvenirs qu’il garde d’elle.
Je n’ai que de bons souvenirs de ma mère, et c’est merveilleux tout le travail et le dévouement qui ont été nécessaires à ce travail.
Avec un reportage de Jackie McKay de CBC Indigène