Avec un une vingtaine de naufrages et des dizaines de morts2024 aura été une année particulièrement meurtrière. Le nombre de migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni est aussi a recommencé à augmenter cette année par rapport à 2023.
Cette augmentation accroît la pression sur le gouvernement travailliste de Keir Starmer, alors que la réduction de l’immigration, tant légale qu’illégale, était l’un des enjeux majeurs de la campagne électorale qui l’a porté au pouvoir en juillet, et qui a également vu la percée du parti anti-immigration de Nigel Farage. Parti réformiste britannique de l’immigration.
Sur l’ensemble de l’année 2024, 36 816 migrants ont réussi à traverser la Manche depuis la France, soit 25% de plus qu’en 2023selon les chiffres du ministère de l’Intérieur britannique publiés ce mercredi 1er janvier. moins que le record atteint en 2022 avec 45 774 arrivées. Les migrants paient des milliers d’euros aux passeurs pour pouvoir s’entasser sur des bateaux pneumatiques de plus en plus chargés.
Avec au moins 76 morts dans une vingtaine d’épaves, l’année 2024 a été la plus meurtrière pour les migrants qui prennent toujours plus de risques pour échapper à la surveillance des autorités sur cette frontière ultra-sécurisée. Selon la préfecture du Pas-de-Calais, au moins 5 800 personnes ont été secourues en mer en 2024 et plus de 870 tentatives de traversée ont été déjouées par les forces de l’ordre.
L’arrivée particulièrement importante des Vietnamiens
Difficile d’expliquer les raisons « précises » de cette résurgence, explique à l’AFP Madeleine Sumption, directrice de l’Observatoire des migrations, un centre de recherche de l’université d’Oxford. Mais elle souligne particulièrement “l’augmentation observée au cours du premier semestre”ainsi qu’en “octobre, novembre et décembre, période où les chiffres diminuent généralement car la météo n’est plus aussi favorable”.
Au cours du seul mois de Décembre, plus de 3 200 migrants ont effectué la traverséeavec par exemple 322 personnes arrivées le 28 décembre ou 451 le jour de Noël, et encore plus de 400 le lendemain.
Au total, depuis 2018 et l’apparition du phénomène de ces traversées à la suite du renforcement des contrôles sur les camions empruntant le tunnel sous la Manche, plus de 150 000 migrants sont arrivés au Royaume-Uni par ce moyen. En 2022, une arrivée massive de personnes en provenance d’Albanie avait gonflé les chiffres. Début 2024, les arrivées de Vietnamiens ont été particulièrement importantes.
Les données complètes sur la nationalité des migrants arrivant au Royaume-Uni seront publiées ultérieurement, mais entre septembre 2023 et septembre 2024, leurs principaux pays d’origine étaient l’Afghanistan, l’Iran, la Syrie, le Vietnam et l’Érythrée.
Traiter les passeurs « comme des terroristes »
Depuis son arrivée au pouvoir, Keir Starmer revient sur le projet controversé des précédents gouvernements conservateurs expulser les migrants vers le Rwanda, et a promis de renforcer la lutte contre les réseaux de passeurs, qu’il entend traiter « comme des terroristes ».
Le gouvernement a établi un nouveau centre de commandement dédié à la « sécurité des frontières » et a renforcé sa coopération avec ses partenaires européens, dont Europol, pour traquer ces groupes aux activités souvent transnationales.
Il a notamment signé en décembre plans d’action communs avec l’Irak et l’Allemagneaprès des accords de coopération avec d’autres pays signés sous les conservateurs, dont celui avec la France en mars dernier. Cette dernière prévoit une contribution de Londres de plus de 500 millions d’euros sur trois ans pour renforcer la surveillance des plages françaises et lutte contre les gangs de passeurs.
Le gouvernement Starmer souligne également l’augmentation des retours de migrants illégaux vers leur pays d’origineavec 29 000 personnes rentrées entre janvier et début décembre, soit environ 25 % de plus qu’en 2023 et un niveau inégalé depuis 2017, selon l’Observatoire des migrations.
Les Britanniques sont « vraiment préoccupés » par cette question et « veulent une solution », mais « il est trop tôt pour dire si cette approche a un impact » sur le nombre de traversées, estime Madeleine Sumption, qui souligne que la lutte contre les passeurs est difficileavec des réseaux « très décentralisés ».
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