Après la Confédération paysanne, la FDSEA et les Jeunes agriculteurs – ces deux derniers syndicats faisant une liste commune – c’est au tour de la Coordination rurale de présenter sa liste pour les élections à la Chambre d’agriculture des Alpes-de-Haute-Provence. L’organisation syndicale présente sa candidature pour deux des dix collèges qui composent la Chambre d’agriculture : celui des chefs d’exploitation agricole et assimilés et celui des exploitants retraités.
« Des prix, pas des bonus »
C’est Mathieu Pintz, céréalier et multiplicateur de semences, basé à Oraison, qui sera en tête de liste. « Nous voulons faire bouger les choses, apporter un nouveau regard et de nouvelles idées »explique le trentenaire.
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Le slogan de la campagne est déjà prêt : « Des prix, pas des bonus ». Par là, la tête de liste entend appeler à une revalorisation des produits : « Il vaudrait mieux avoir de bons prix d’achat et ne pas avoir besoin d’aide »explique-t-il, en référence à la Politique Agricole Commune (PAC). Et de reconnaître que cette aide européenne versée en fonction de la taille de l’exploitation est essentielle : « Pour perso si je n’ai plus de bonus demain, je rends les clés et c’est tout. Et c’est à peu près pareil pour tout le monde. Ce n’est pas une situation qui nous convient.
Au-delà des revenus, le syndicat entend également soulever la question de la considération pour les agriculteurs. « Nous avons besoin d’être un peu plus considérés, tant par les politiques que par la population »explique Florent Signoret, président de la branche basse-alpine des Bonnets jaunes.
Un syndicat très jeune
Si la Coordination rurale est un emblème de la colère des agriculteurs qui secoue le pays depuis plusieurs mois, ce n’est que très récemment qu’elle a été créée dans le département des Alpes-de-Haute-Provence. Plus précisément, c’est sur un rond-point d’Oraison que l’idée a germé, avant d’être officiellement lancée à la salle des fêtes du hameau de Pourcelles, sur la commune de Mées. « Il y avait un rassemblement d’agriculteurs. Nous étions plusieurs à nous y rejoindre, et le CR des Hautes-Alpes, qui était également là, nous a remarqués. Ils nous ont demandé si nous étions intéressés à faire quelque chose dans ce département, et c’est comme ça que nous avons commencé.» raconte Florent Signoret, céréalier installé dans le même hameau de Pourcelles.
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Comme d’autres, il était auparavant syndicaliste à la FNSEA, le syndicat majoritaire dans le monde agricole. « Le président (Arnaud Rousseau, également président du conseil d’administration du groupe Avril, NDLR) ne défend pas toujours ce que nous défendons, et cela ne correspond pas à la vision que nous avons d’un syndicat agricole »explique Florent Signoret. Et d’ajouter : «Chaque fois qu’il y a un mouvement important d’agriculteurs en France, il est initié par la Coordination. C’est les chapeaux jaunes qu’on voit en premier« .
Réaliste quant à la jeunesse de l’organisation syndicale qu’il représente, Mathieu Pintz espère au moins « entrer à la Chambre, c’est-à-dire obtenir au moins un siège, il explique. Nous n’avons que huit mois, nous n’avons pas l’ambition de gagner la salle ou de prendre la place de qui que ce soit, mais nous comptons faire bouger les choses..
“Nous n’avons pas beaucoup de soutien”
Le trésorier est optimiste quant à ses chances d’obtenir l’un des sièges convoités : « Je suis heureux et en même temps surpris du nombre de personnes qui viennent nous voir ou qui nous appellent pour nous féliciter. Même s’ils ne deviennent pas tous membres, ils manifestent leur intérêt. Nous n’avons pas beaucoup de soutien, surtout lors des manifestations. ».
Aussi, l’organisation assure avoir déjà réussi à faire bouger les lignes au niveau local, en partenariat avec l’association des chasseurs des Hautes-Alpes : «Nous avons réussi à rompre les contrats avec l’UGAP, ce qui nous a apporté d’énormes progrès sur le prix de l’électricité. Pour en obtenir d’autres, adhérer à la Chambre Départementale d’Agriculture représenterait un avantage considérable.
L’élection se tiendra entre le 15 et le 31 janvier. Les trente sièges sont répartis proportionnellement au nombre de voix obtenues, à l’exception du collège des chefs d’exploitation agricole, où la liste arrivée en tête rassemble la moitié des sièges. L’autre moitié étant répartie proportionnellement aux autres listes. Les agriculteurs inscrits sur les listes électorales pourront voter dans un bureau de vote mais aussi en ligne et par correspondance.