Il s’agit sans aucun doute de l’un des plus gros bouleversements de l’histoire du Championnat mondial de hockey junior. La Lettonie n’a jamais battu le Canada dans cette compétition. Pire encore, l’équipe canadienne avait remporté les quatre derniers affrontements par un score combiné de 41-4.
“Tout est possible”, a déclaré l’entraîneur-chef letton Artis Abols avec son plus beau sourire. Je suis tellement fier de la façon dont nous avons concouru ce soir. Nous étions une vraie équipe. Tout le monde s’est soutenu. Nous avons bloqué beaucoup de tirs. Nous devions les ralentir autant que possible et nous l’avons fait.
C’est l’attaquant des Sea Dogs de Saint John, Eriks Mateiko, qui a joué le rôle de héros au huitième tour des tirs de barrage. Ce but restera gravé à jamais dans l’histoire du hockey en Lettonie.
« Tout s’est arrêté pendant quelques secondes. Il m’a fallu 10 minutes avant de me rappeler où j’avais lancé la rondelle. Mon entraîneur m’a juste dit de tirer et c’est ce que j’ai fait”, a déclaré Mateiko, qui avait déjà marqué le premier but de son équipe dans le match.
Devant le filet, Linards Feldbergs se dressait comme un mur. Le gardien du Phénix de Sherbrooke a stoppé 55 rondelles en plus des huit tireurs du Canada lors des tirs de barrage. Il s’agit de l’une des plus belles performances d’un gardien lors de cet événement légendaire.
«C’est complètement fou. Je ne réalise pas encore ce que nous venons d’accomplir. Je suis toujours sous le choc. Il va me falloir un peu plus de temps pour bien comprendre l’ampleur de tout cela», a-t-il admis, visiblement ému.
« Quand nous avons marqué le but gagnant, j’ai commencé à regarder autour des tribunes et vers le banc de mon équipe. Le Canada est un si grand pays de hockey. Nous sautions partout. J’étais juste sous le choc.
La fatigue a failli avoir raison de lui en fin de match. «J’étais épuisé. J’ai eu des crampes aux jambes à la fin. Je les ai ressentis pendant la fusillade. Il faudra que je veille à bien récupérer pour notre prochain match.
Catastrophe à Ottawa
Personne ne s’attendait à un tel scénario pour ce match qui ne devait être qu’une formalité. Dès les premières minutes du match, le défenseur Matthew Schaefer a heurté violemment le poteau. C’est l’épaule gauche du jeune joueur de 17 ans qui a subi le violent choc. Il s’est immédiatement retiré dans les vestiaires et n’est jamais revenu.
Le Canada ne semble jamais se remettre de cette lourde perte. Rien ne semblait fonctionner. Le manque de cohésion était flagrant, notamment en avantage numérique. Il a fallu attendre les dernières minutes du match et la quatrième occasion avant de voir le Canada marquer en avantage numérique.
« Chapeau bas à la Lettonie. Nous avons pris 57 clichés. Ils se consacraient au blocage des tirs. Nous avons passé la majorité du match dans leur zone, mais nous n’avons pas réussi à générer suffisamment d’offensive », a expliqué l’entraîneur-chef des Canadiens Dave Cameron.
“Si nous jouons ce match 10 fois, nous le gagnerons probablement neuf fois”, a-t-il ajouté.
L’attaquant Jett Luchanko a brisé la glace sur un penalty en deuxième période. La Lettonie a ensuite égalisé le match 1-1 en avantage numérique grâce à Eriks Mateiko en troisième période. Quelques instants plus tard, Callum Ritchie a répondu en avantage numérique pour redonner l’avantage à son équipe. Peteris Bulans des Saguenéens de Chicoutimi a finalement envoyé tout le monde en prolongation avec un autre but en avantage numérique avant de voir Mateiko devenir un héros national.
«Il faut apprendre de ce match et en tirer des leçons», a déclaré le Franco-Ontarien et entraîneur adjoint Sylvain Favreau. Cela forgera le caractère de notre groupe. Il n’y a pas de match facile dans ce tournoi. On va le laisser mûrir, mais il va falloir appuyer sur le bouton réinitialiser rapidement. Demain matin, le soleil se lèvera et ensuite nous avancerons dans le tournoi.
“Notre tournoi n’est pas terminé tant que nous n’avons pas perdu notre dernier match”, a rappelé Dave Cameron en conclusion.
Ivankovic entre dans l’histoire
Cette rencontre fut historique pour le jeune Jack Ivankovic. Il est devenu le premier gardien de 17 ans à débuter un match pour Équipe Canada junior depuis Jimmy Waite en 1997. Bryan Finley, pour sa part, a joué une seule période en 1999, mais n’a pas commencé un seul match.
Le jeune gardien a été solide devant ses filets, repoussant 25 des 27 tirs qui lui étaient destinés. Il a réalisé de nombreux arrêts importants et a stoppé les sept premiers tireurs lettons lors d’une fusillade.
“C’est vraiment cool [d’être le gardien de but partant à 17 ans]mais je me suis juste présenté au match pour garder le but, sans faire attention à mon âge. Je n’étais pas vraiment nerveux lors des tirs de barrage, parce que j’aime être dans une position où je peux gagner des matchs pour mon équipe.
Le Canada bénéficiera d’une journée de congé avant de revenir à l’action dimanche à 19h30 contre l’Allemagne.