FOCUS – La préfecture de l’Isère a organisé, le 10 décembre 2024, une cérémonie de renouvellement et de nomination des louveteaux. Chasseurs volontaires collaborateurs de l’administration, nommés pour cinq ans et autorisés à tuer les loups. Une cérémonie qui s’est tenue une semaine après la déclassification de l’animal par la Convention de Berne. L’occasion pour la préfète d’exprimer l’importance à ses yeux de cette activité de « gestion de la faune « . Un point de vue loin d’être partagé par les associations de défense des animaux et de la biodiversité.
« Les louveteaux jouent un rôle crucial partout en France, peut-être encore plus en Isèrea déclaré Catherine Seguin, préfète de l’Isère, lors de la cérémonie de renouvellement et de nomination des louveteaux, le 10 décembre 2024 à Grenoble. Ils doivent en effet gérer aussi bien le loup que le sanglier. »
Catherine Seguin, préfète de l’Isère, a annoncé le 10 décembre 2024 la liste des 2025 louveteaux, en compagnie de François Gorieu, directeur de la Direction départementale des territoires. © Morgane Poulet – Place Gre’net
Ils « travailler pour le bénéfice de l’ensemble de la population, pas seulement des agriculteurs », a-t-elle poursuivi. C’est pourquoi ils seront désormais 32 en activité dans le département en 2025. Et ce contre 24 packs installés en Isère en 2023.
Les louveteaux, « intermédiaires importants » pour le préfet
Les attaques de loups ont diminué en 2024. Cependant, « Les louveteaux maintiennent des actions accrues », rapporte Catherine Seguin, qui décrit également ces chasseurs collaboratifs « intermédiaires importants ».
Leur rôle n’est pas seulement de réguler les espèces susceptibles de causer des dégâts. Ils constatent également les infractions que peuvent commettre les chasseurs et sont habilités à établir des procès-verbaux. ” Ils doivent favoriser les échanges entre chasseurs, agriculteurs et services partenaires », explique le préfet. Les louveteaux travaillent également avec l’Office français de la biodiversité.
Catherine Seguin, préfète de l’Isère, a remis à chaque louveteau sa carte. © Morgane Poulet Place Gre’net
Véritables médiateurs aux yeux de l’administration, ils ont joué un rôle important lors de l’arrivée de la fièvre catarrhale (BFT) dans le département de l’Isère, en août 2024. La précision de leurs données a ainsi permis à la Direction territoriale départementale de travailler au mieux aux côtés de agriculteurs touchés par le FCO. Désormais, il ne reste plus aux nouvelles recrues qu’à se former au métier. Le mandat actuel prendra fin le 31 décembre 2024.
Le loup pourrait passer d’une espèce strictement protégée à une espèce protégée
Cette nomination intervient seulement une semaine après une décision historique : le 3 décembre 2024, les 49 Etats membres du Comité permanent de la Convention de Berne réunis à Strasbourg ont fait le choix de déclasser le loup de ladite convention. Une décision qui sera pleinement adoptée, à moins que plus d’un tiers des États membres ne votent contre d’ici mars 2025.
De nombreuses associations environnementales souhaitent protéger le loup. © Groupe Wolf PP Alpes
Concrètement, cela signifie que le loup pourrait passer d’une espèce strictement protégée à une espèce protégée. Et donc que l’animal pourrait faire l’objet d’une gestion de chasse. Les pouvoirs publics pourraient alors mettre en place des quotas et des méthodes de « prélèvement » (c’est-à-dire d’abattage), alors que ces dernières étaient jusqu’ici le résultat de dérogations.
Une décision aberrante pour les associations de protection des animaux
Dégrader le statut de protection du loup ? Une décision aberrante pour l’association de défense de la faune sauvage Ferus, ainsi que pour l’association de défense des animaux One Voice. Cette dernière affirme également, dans un communiqué du 17 décembre 2024, avoir déposé un recours auprès de la Cour de Justice européenne aux côtés de ses partenaires Green impact (Italie), Earth (Italie), LNDC animal protection (Italie) et Grands Lacs et zones humides (Hongrie).
Selon ” 700 scientifiques et universitaires “, la décision de déclasser le loup ne serait pas ” suffisamment étayé scientifiquement », ajoute Une Voix. L’association réclame donc l’annulation du vote de déclassement et a lancé une pétition qui a déjà recueilli plus de 110 000 signatures. Elle rappelle que « les loups font partie intégrante de la biodiversité de notre pays ».