« Il est impératif de provoquer une rupture d’une profondeur et d’une ampleur jamais vues dans notre pays, jamais vues depuis notre accession à l’indépendance »a déclaré M. Sonko lors de son discours de politique générale prononcé devant les députés.
Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a été élu fin mars après trois années d’affrontement avec le pouvoir du président Macky Sall (2012-2024) qui ont fait des dizaines de morts, selon les ONG et l’opposition de l’époque. Il avait nommé son mentor, Ousmane Sonko, chef du gouvernement.
Une loi d’amnistie à l’initiative de M. Sall a été votée avant le scrutin pour désamorcer une situation devenue explosive. Il avait permis de libérer de prison des centaines de personnes incarcérées, dont MM. Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko.
M. Sonko a annoncé que son gouvernement proposerait “dans les semaines à venir” une facture « afin que toute la lumière soit faite et que les responsabilités soient établies de quelque côté que ce soit » à propos de ces violences. “Il ne s’agit pas d’une chasse aux sorcières, encore moins de vengeance (…) c’est une question de justice, pilier sans lequel aucune paix sociale ne peut se construire”a-t-il ajouté dans un long discours qui a duré environ trois heures.
M. Sonko a décliné sept axes de rupture fondés sur une refonte de l’action publique et une croissance endogène, alors que le Sénégal restait selon lui « enfermés dans le modèle économique colonial ».
Réforme fiscale
Il a également annoncé une réforme fiscale majeure, « élargir l’assiette fiscale, tout en abaissant progressivement les taux d’imposition moyens ». L’objectif est de « faire payer tous les Sénégalais moins mais faire payer tous les Sénégalais » verser « parvenir à une fiscalité efficace et équitable ». jeelle a aussi dit que le Sénégal allait « se retirer de toutes les conventions bilatérales impliquant un paradis fiscal et renégocier les clauses défavorables des conventions conclues avec les Etats à fiscalité normale, lorsque ces conventions nous sont défavorables »
Il a également annoncé un « rationalisation des subventions énergétiques pour qu’elles profitent principalement aux ménages pauvres »qui traverse « ciblage » bénéficiaires. Malgré une situation économique qu’il avait lui-même décrite “catastrophique”avec un déficit budgétaire de 10,4% du PIB et une dette publique de 76,3% du PIB, M. Sonko « a l’ambition de faire du Sénégal l’une des économies les plus compétitives d’Afrique »a-t-il assuré.
Elle entend notamment s’appuyer sur les ressources gazières – dont le début de l’exploitation sera finalement prévu en 2025, après avoir été très attendu en 2024 – mais aussi sur la densification du tissu industriel. Il a également fait part de son intention « pour lutter contre le coût de la vie » et donner la priorité « sur la demande sociale » verser « une meilleure qualité de vie ».
Réciprocité pour les visas
Sur le plan militaire, il s’est concentré sur l’annonce faite par le président Faye de fermer les bases militaires de l’armée française, sous les applaudissements de l’Assemblée. Il a également annoncé l’application de “principe de réciprocité pour la délivrance de visas aux ressortissants de certains pays qui l’exigent de nos ressortissants”sans les citer nommément.
Concernant l’émigration clandestine, cause de drames quasi hebdomadaires sur la route menant aux îles Canaries, porte d’entrée de l’Europe, le Premier ministre a promis “une solution adaptée”via “le renforcement des mesures de lutte contre l’immigration irrégulière en augmentant les contrôles et en renforçant les sanctions, mais aussi en favorisant la migration régulière en partenariat avec les pays d’accueil (…) ainsi qu’en soutenant les initiatives de retour volontaire.”
Enfin, il a promis la promotion de « multilinguisme »via « la généralisation de l’enseignement de l’anglais au primaire (école) et l’utilisation des langues nationales dans le système d’éducation et de formation »dans ce pays où l’enseignement public est dispensé en français.
Ce discours de politique générale très attendu avait été reporté à plusieurs reprises. Le fougueux Premier ministre a refusé en juin de se présenter devant le Parlement, alors dominé par un camp qui lui était hostile.
Un nouveau report a eu lieu à la mi-septembre après la dissolution du Parlement par le président Faye. Les élections législatives du 17 novembre ont été largement remportées par MM. Faye et Sonko, leur donnant une majorité confortable pour mettre en œuvre leur programme.