Une nouvelle enquête révèle une inquiétude croissante concernant la pollution plastique au Maroc. Même si la conscience écologique est forte, les défis liés aux pratiques quotidiennes et à l’inclusion des collecteurs informels restent à surmonter.
Le plastique inquiète plus que le changement climatique. L’enquête, réalisée dans le cadre du projet SWITCH to Circular Economy Value Chains, auprès de 1.013 Marocains de six régions (Agadir, Casablanca, Fès, Marrakech, Rabat et Tanger), révèle que 94% des personnes interrogées considèrent la suppression de l’élimination appropriée des déchets. déchets plastiques. Près de 70 % se montrent fortement favorables à des mesures plus strictes.
Une économie circulaire encore méconnue
Même si le terme « économie circulaire » reste obscur pour 75 % des Marocains interrogés, leurs pratiques reflètent souvent ses principes. Par exemple, 75 % des appareils électroménagers endommagés sont réparés et réutilisés, une tendance ancrée dans les habitudes locales.
De même, le recours à des emballages réutilisables pour les plats à emporter est répandu, notamment dans les ménages aisés.
Toutefois, certaines contradictions demeurent. Malgré une sensibilisation accrue, 72 % des personnes interrogées utilisent encore des sacs en plastique pour chaque achat, et seulement 2 % déclarent ne jamais les utiliser. Cette lacune met en évidence la nécessité de renforcer les mesures d’éducation et de soutien.
Le rôle crucial des collecteurs informels
Au Maroc, le secteur informel représente 90% des activités de recyclage du plastique. L’enquête met en évidence une perception globalement positive de ces travailleurs. Une personne sur cinq reconnaît sa contribution essentielle, tandis que les attitudes négatives restent marginales (8 %).
Cette reconnaissance publique ouvre la voie à leur inclusion formelle. Le gouvernement a adopté des stratégies ambitieuses, comme la Stratégie nationale de réduction et de valorisation des déchets (SNRVD). Celle-ci vise à porter le recyclage du plastique à 70 % d’ici 2030, contre 25 % en 2015. Des initiatives comme l’écotaxe sur les plastiques ou les récentes évolutions législatives renforcent cette dynamique.
Le SNRVD fixe un objectif ambitieux, celui de formaliser 50 % des métiers informels de la collecte des déchets d’ici 2030. Cette démarche nécessite une approche progressive, intégrant le renforcement des capacités communales et l’organisation des circuits de collecte. L’amélioration des conditions de travail et de la protection sociale des collectionneurs sont également des conditions préalables essentielles.
Par ailleurs, la loi n°28-00 modifiée pour responsabiliser les producteurs constitue un levier important. Elle impose à cette dernière de prendre en charge tous les frais liés à la gestion des déchets plastiques. Par ailleurs, le projet pilote bouteille à bouteille, mené dans le cadre de Switch2CE, illustre concrètement cette ambition en mobilisant tous les acteurs de la chaîne de valeur, des collecteurs informels aux grands recycleurs.
Les efforts doivent être amplifiés pour un avenir durable
Malgré les progrès, des défis persistent. La loi « Zéro Mika », interdisant les sacs plastiques en 2016, illustre ces difficultés, car leur usage informel perdure sur les marchés et dans les magasins.
Par ailleurs, l’écart entre la sensibilisation et l’adoption de pratiques durables doit être comblé par des campagnes ciblées adaptées aux réalités socio-économiques marocaines.
Le projet Switch2CE, cofinancé par l’Union européenne et le gouvernement finlandais, joue un rôle moteur dans cette transformation. Outre le recyclage bouteille à bouteille, il soutient des initiatives dans les secteurs du textile, de l’électronique et des TIC, contribuant ainsi à créer des emplois décents et à réduire l’empreinte carbone du pays.
Faïza Rhoul / Inspirations ECO