Située dans le quartier du Haut-Villé, la société Dispeo (anciennement ADS) est en redressement judiciaire comme nous vous en parlions dans L’Observateur de Beauvais à partir du vendredi 20 janvier. Les 240 salariés craignent une liquidation le 6 janvier.
Baisse des commandes, chiffre d’affaires en baisse, taxes ou charges trop élevées… Telles sont les raisons qui poussent plusieurs usines et entreprises à initier un plan socio-économique en France et dans l’Oise, comme AGCO à Beauvais ou de Forvia à Méru.
Toutefois, pour l’entreprise de logistique Dispeo, qui ne dispose désormais que de deux sites (l’un à Évreux dans l’Eure, l’autre à Beauvais avec son siège social dans la région du Haut-Villé), la situation est bien différente mais non moins préoccupante.
« Nous ne manquons pas de travail, nous faisons des heures supplémentaires tous les jours, nous
nous travaillons le samedi et nous avons pas moins de 50 intérimaires permanents »explique Eddy Binet, délégué syndical CFDT Dispeo Beauvais. Or, l’entreprise, qui compte 240 salariés en CDI, dans la seule ville préfecture de l’Oise, est en redressement judiciaire depuis le 27 juin.
Et depuis la fermeture fin septembre d’un des trois sites Dispeo de Hem, dans la métropole lilloise, avec 260 suppressions de postesla situation n’inspire guère d’optimisme.
Des retards de salaire de plusieurs mois
D’autant que l’actionnaire, la société Hopps group, est dans une situation préoccupante : paradoxalement, cette société contrôlée par Éric Paumier, Frédéric Pons et Guillaume Salabert et spécialisée «dans le redressement des entreprises en difficulté»a été placé en liquidation judiciaire par le tribunal judiciaire de Nanterre le 23 octobre.
La survie des deux filiales Beauvais et Ebroïc passe donc par une offre d’un ou plusieurs repreneurs. « Sauf qu’avec des millions d’euros de dettes, on a peu d’espoir »» déplore le délégué syndical Dispeo. Plusieurs appels d’offres ont également été lancés depuis l’été, en vain.
Même si aucun plan socio-économique (PSE) n’a encore été annoncé par la direction, les salariés souffrent toujours de la situation, notamment parce que « les retards de salaires subis depuis
plusieurs mois ou prestations sociales non versées ». En juin dernier, une cinquantaine de salariés ont manifesté devant les portes du site face à ces retards.
Prochaine audience le 6 janvier
Ce mois-ci, le 13e mois, initialement versé en même temps que le salaire du 1erest Décembre, n’a été touché par aucun employé au moment de la publication du journal. « Je n’ai jamais vu des employés aussi dévoués. Tout le monde travaille dur alors que personne ne sait si, début 2025, nous aurons encore du travail »clame Eddy Binet.
Et pour cause, le 6 janvier 2025, la prochaine audience a lieu au tribunal de commerce de Marseille, dans les Bouches-du-Rhône (département où est basé l’actionnaire), à Aix-en-Provence précisément. Sans repreneur, la société sera alors placée en liquidation judiciaire, laissant “sur le sol” more than 400 employees in Beauvais and Évreux.
Contactée, la direction de l’entreprise envisage trois scénarios :
- un plan de continuité des activitésqui vise à maintenir l’activité de l’entreprise en période de crise ;
- un plan de relance d’activitéqui vise à ramener l’activité à la normale le plus rapidement possible ;
- ou liquidation judiciaire, « le plus dramatique des scénarios », qui conduirait au licenciement économique de tous les salariés puis à la fermeture du site.
“Si on en est là, c’est parce que l’actionnaire n’est plus en mesure de payer, exprime la direction. Pourtant, si le travail ne manque pas, l’essentiel est d’être rentable, ce que nous ne sommes plus puisque nous manquons cruellement de trésorerie. »
“Nous pensions qu’un actionnaire français serait plus fiable”
Si l’entreprise de logistique est implantée à Beauvais depuis 1998, dans une plateforme logistique de 35 000 m2 acquis en novembre 2023 par STAM Europeelle compte plusieurs actionnaires depuis sa création. En 2018, six ans après son rachat, le groupe japonais Rakuten cède l’entreprise (anciennement Alpha Direct Services) à Hopps Group.
« C’était, à l’époque, une bonne nouvelle pour nous, se souvient Eddy Binet. On s’est dit que le rachat de l’entreprise par un groupe français promettait plus de fiabilité qu’un actionnaire japonais. Nous avions tort »regrette le délégué syndical qui attend désormais, avec fébrilité, la prochaine échéance du 6 janvier.