A Brest, les salles de spectacle prises d’assaut

A Brest, les salles de spectacle prises d’assaut
A Brest, les salles de spectacle prises d’assaut

Marc Ribette (Arsenal Production) : « Aujourd’hui, on se porte très bien après deux années de covid très désagréables. Même le retour à la normale n’a pas été facile. Avant, quand on programmait Cabrel, il était rapidement épuisé. Là, à l’automne 2021, nous n’étions pas à pleine capacité. C’est à Noël 2022 que la machine reprend de la vitesse. Noël est un moment très important et en décembre 2023, nous avons cartonné. Les ventes se portent très bien et même sur des noms moins évidents. La semaine dernière, Flavia Coelho affichait complet à La Carrière et tout le monde ne connaît pas Flavia Coelho.

Olivier Cauchon (Digène Productions) : « On s’en sort très bien ici, on n’a jamais produit autant de spectacles. C’est d’autant plus passionnant que notre métier n’est plus une question de répétition. Récemment, nous avons programmé Drag Race à l’Arena et nous avons vu un public que nous n’avions jamais vu auparavant. Dans une ville comme Brest, le même soir du 10 février 2024, c’était complet pour Ninho à Penfeld et Shaka Punk à l’Arena et de mémoire, il y avait aussi quelque chose à La Carrière qui marchait. Je suis convaincu que nous sommes dans un moment de retrouvailles, de vivre ensemble. Le public est là pour partager un moment, encore moins pour une consommation unique.

Marc Ribette : « Brest est historiquement une ville qui sort beaucoup. Veulent-ils sortir et voir vivre davantage ces années-là ? Peut-être, mais je n’ai pas les chiffres. En tout cas, je crois que les gens sont conscients que les - sont fragiles et vont effectivement vivre autre chose. Mais je ne suis pas sûr qu’il y aura une révolution post-Covid. Nous avons simplement une offre croissante et beaucoup de choses fonctionnent, mais souvent elles ne sont pas du tout prêtes.»

Nous servons à libérer trois heures de lâcher prise pour les gens. C’est ce dont le public d’aujourd’hui a besoin, et c’est très nouveau.

Olivier Cauchon : « Je ne suis pas sûr que ce soit une spécificité brestoise. Diogène fait des tournées d’artistes ailleurs qu’ici, et le phénomène est assez commun à toutes les villes que nous visitons. En revanche, ce qui est ici étonnant, c’est le taux d’occupation de l’Arena. C’est parmi les plus forts de , il y a, à Brest, un effet lié à cette salle qu’on n’a pas ailleurs. C’est clair et net. Je crois que son côté polyvalent entre sport et divertissement fonctionne dans les deux sens. Cette salle permet cette synergie très efficace.

  • 3 Le stand-up, des sorties boostantes ?

    Marc Ribette : « Oui, ça marche, c’est même fou. Il y a beaucoup de gens, on ne sait même pas d’où ils viennent, mais ils parviennent à toucher de nouvelles minorités culturelles. Par exemple, j’ai programmé Thomas Angelvy à Alizé l’année dernière, c’était complet en moins de deux jours. Je l’ai programmé à l’Arena et je ne m’inquiète pas une seconde. Il faut dire qu’ils jouent à fond sur les réseaux sociaux.

    Olivier Cauchon : « Je pense que l’effet est important mais il aura tendance à s’estomper un peu. En fin de compte, la seule question valable qui me sert de mantra est : qui servons-nous ? Nous servons à libérer trois heures de lâcher prise pour les gens. C’est ce dont le public d’aujourd’hui a besoin, et c’est très nouveau. Le public est dans le présent, et dans ce présent, il donne 1 000 fois plus qu’avant. Le rire, la multiplication des comédiens, font partie de cette revendication, mais ce n’est pas la seule.

  • 4 Les festivals, victimes de cet engouement pour les salles ?

    Jacques Guérin : « On entend un essoufflement, peut-être. Mais moi, qui suis producteur de Bout du monde, je suis certain que ceux qui ont choisi un angle, qui servent de belles assiettes, vont durer. On a travaillé les fondations avant le toit dans les programmes artistiques, on a semé pour récolter. Le site, la programmation, la jauge fixe : je ne suis pas inquiet.»

    Vous pouvez peut-être entendre un essoufflement. Mais moi, qui suis producteur de Bout du monde, je suis certain que ceux qui ont choisi un angle, qui servent de belles assiettes, vont durer.

    Olivier Cauchon : « Les festivals, bien souvent, leur modèle économique est low cost. Le public se rend compte qu’il ne voit pas l’intégralité du spectacle, qu’il mange mal, que le son n’est pas toujours très bon. Ceux qui s’en sortent, je pense au Festi’Dreuz, au Bout du monde, ont fait d’autres choix. Nous, tour-opérateurs locaux, devons un service impeccable à nos spectateurs sur les sites locaux. Pour prolonger la métaphore, quand on mange dans un bon restaurant et qu’on paie 150 €, on paie aussi le service, la propreté, le confort, la ponctualité. Nous en sommes les garants, nous ne pouvons pas échouer. Sans compter que pour les festivals, les questions écologiques et du bilan carbone qui reste commencent à se poser. Les jeunes en sont conscients, nous serons aussi très vite sur les grandes tournées.»

  • 5 A Brest, il manque une salle ?

    Marc Ribette : « Oui. Je pense qu’il manque une salle de stand-up et de musique actuelle d’un millier de places. Il y a La Carrière bien sûr, mais elle produit beaucoup pour elle-même. J’ai proposé un artiste pour l’automne 2026, il ne restait plus qu’une date…”.

    Il y a La Carrière bien sûr, mais elle produit beaucoup pour elle-même. J’ai proposé un artiste pour l’automne 2026, il ne restait qu’une date…

 
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