En Belgique, ce simple « bonjour » bilingue dans un train vire à la polémique nationale

En Belgique, ce simple « bonjour » bilingue dans un train vire à la polémique nationale
En Belgique, ce simple « bonjour » bilingue dans un train vire à la polémique nationale
Luis Álvarez / Getty Images Image d’illustration d’un contrôle de billet dans un train.

Luis Álvarez / Getty Images

Image d’illustration d’un contrôle de billet dans un train.

BELGIQUE – Simple comme bonjour ? Pas si vite. En Belgique, un contrôleur a lancé malgré lui une polémique linguistique. UN ” bonjour » dans un train circulant en Flandre lui vaut une plainte d’un voyageur néerlandophone, mécontent de l’entendre parler français. Un incident qui a déclenché le débat politique.

La scène, racontée par le contrôleur lui-même sur son profil Facebook, s’est déroulée le 7 octobre dernier aux heures de pointe, dans un train reliant Malines, en Flandre, à Bruxelles, la capitale. Une courte distance d’environ 25 kilomètres.

Alors qu’il accueille les voyageurs qui montent dans une voiture avec un signal sonore (et bilingue) ” Bonjour ” (« bonjour »), ce contrôleur francophone est corrigé par l’un d’entre eux. « Nous ne sommes pas encore à Bruxelles, il suffit d’utiliser le néerlandais ! »raconte ce néerlandophone.

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Le passager flamand a déposé plainte après cet incident auprès de la Commission permanente de contrôle linguistique (CPCL), chargée de contrôler l’usage des langues dans l’administration, selon les médias belges.

« Dépoussiérer la législation du siècle dernier »

Il faut dire que dans une Belgique divisée entre Wallons, au sud francophone, et Flamands, au nord néerlandophone – et où Bruxelles est la seule région bilingue – l’événement a immédiatement pris une tournure politique. Il a même fait irruption dans les débats jeudi 19 décembre au Parlement.

Interrogé par deux députés flamands, le ministre de la Mobilité, l’écologiste francophone Georges Gilkinet, a défendu le contrôleur, Ilyass Alba, et appelé à « dépoussiérer la législation du siècle dernier ».

« Les agents des trains mettent tout en œuvre pour être au service des voyageurs, qu’ils soient usagers quotidiens ou touristes, Flamands en Wallonie, francophones en Flandre ou étrangers. Utiliser plusieurs langues pour dire bonjour ne me choque pas”a lancé le ministre, qui a autorité sur la SNCB, l’opérateur public des chemins de fer belges. Il a souligné que dans un petit pays comme la Belgique, les frontières régionales sont constamment franchies par les trains.

“C’est juste sympa”

La règle sur l’usage du français et du néerlandais à bord des trains belges reste complexe. En théorie, les contrôleurs – appelés préposés en Belgique – ne doivent utiliser les deux langues que sur le territoire bruxellois et dans les quelques communes dites. « facilité »où l’administration est également bilingue.

Ailleurs, ils doivent toujours s’exprimer dans la langue de la région où ils se trouvent. Côté flamand, le président du Parti chrétien-démocrate (CD&V) Sammy Mahdi est monté au créneau. «En tant que puissance publique, nous ne pouvons pas jeter par-dessus bord notre législation linguistique. Nous avons besoin de respect pour les Néerlandais”dit-il.

Cela lui a valu l’ironie du ministre pour ce chef de parti engagé depuis six mois dans de difficiles négociations pour former le futur gouvernement. « Je suis surpris que certains considèrent que c’est la priorité du jour alors qu’ils ont aussi un gouvernement à former.» a taclé Georges Gilkinet. Vous courez derrière vos collègues nationalistes ! »

De son côté, la SNCB considère que « c’est l’intérêt du voyageur qui doit primer ». « Il nous faut un peu plus de flexibilité dans l’application de la réglementation, a déclaré à l’AFP l’un des porte-parole de l’entreprise. Se dire bonjour en plusieurs langues, c’est juste sympa, on ne peut que remercier nos guides pour ça”.

La CPCL, ayant reçu la plainte, « demander à la SNCB des informations complémentaires sur son application des règles »» a déclaré l’un des avocats de la commission. Elle dispose d’un délai de 180 jours pour émettre un avis, qui n’est pas contraignant.

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