Une semaine après la chute de Bachar al-Assad, les Syriens de Carcassonne ne cachent pas leur soulagement pour leur pays d’origine. Ils racontent.
Depuis mars 2011, au lendemain du Printemps arabe, la guerre civile fait rage en Syrie, avec de nombreuses familles fuyant le pays (5,5 millions de personnes ont quitté le pays). Un crève-cœur. A Carcassonne, une trentaine d’entre eux ont trouvé refuge loin des bombes et des exactions du régime pour reconstruire leur vie de ce côté-ci de la Méditerranée. Comme Khaled. «Je n’avais pas le choix. Si j’étais resté, j’aurais dû rejoindre l’armée d’Al-Assad et je ne voulais pas le faire. »il témoigne. Agé aujourd’hui de 27 ans, il est arrivé en France en 2017 après un périple “dangereux” qui l’a fait traverser la Turquie (un mois) puis la Grèce (un an) avant de rejoindre la France où vit son oncle. Une semaine après la chute du régime de Bachar al-Assad, il a exprimé sa satisfaction. « Tout le monde est content. Quand Bachar al-Assad était au pouvoir, nous avions peur de parler, même ici en France. C’est une surprise qu’il soit tombé. Ceux qui l’ont soutenu l’ont abandonné. »il confie. « Tous les Syriens en ont assez de la guerre. Maintenant, nous attendons de voir comment cela va se passer. Nous espérons des élections. C’est ce que nous voulions lorsque la révolution syrienne a commencé. L’ancien régime divisait la Syrie. Mais la Syrie n’est pas cela. C’est pour toutes les communautés.
Et prenons l’exemple de la capitale Damas, l’une des plus anciennes villes du monde où cohabitent mosquées, cathédrales, églises et basiliques. Installé à Limoux pendant six mois, Khaled s’installe à Carcassonne en 2018. Il suit une formation de français langue étrangère et se spécialise dans la fibre optique. Il travaille à l’hôpital de Carcassonne et n’envisage pas de retourner en Syrie. «Ma vie est ici. J’ai été très bien reçu. J’ai ouvert les yeux. La France m’a donné des choses. Nous devons redonner à la France.
« Un président qui tue sa population »
Sameer, qui tient une épicerie fine avec l’un de ses fils boulevard Camille-Pelletan, a ressenti une grande joie à l’annonce de la chute de Basher al-Assad. « Nous n’avons pas dormi de la nuit. Nous étions connectés aux réseaux sociaux et à la télévision. Une colère sourde en lui, il n’est pas surpris par ce dénouement. « Un président qui tue sa population ne peut pas rester. Il a utilisé les jeunes comme chair à canon en les obligeant à faire leur service militaire. Il en sait quelque chose. C’est pourquoi lui et sa famille (sa femme et trois de ses fils) ont fui. En mars 2016, ils empruntent les mêmes routes d’exil que Khaled. « J’ai été menacé, tout comme l’un de mes fils. Mon entreprise à Alep, une usine textile, a même été incendiée.» Direction la Turquie puis le passage clandestin vers la Grèce. “Nous sommes montés à bord d’un canot pneumatique pour parcourir les 22 km entre la Turquie et une île grecque.” Trois heures de navigation risquée entre 2 heures et 5 heures du matin. Après six mois en Grèce, il sera convoqué par l’ambassade de France pour un entretien où il recevra un avis favorable pour sa venue, avec sa famille, en France, à Montpellier. Réfugié politique et réfugié de guerre, lui aussi, même si la Syrie lui manque, a refait sa vie à Carcassonne. « Je remercie les autorités françaises et le peuple français pour l’accueil chaleureux et le soutien à notre arrivée. » il veut dire. Il attend que la situation se stabilise avant de rendre visite à sa famille.