Un garçon de neuf ans de Lotbinière a été martyrisé par ses grands-parents, à tel point que l’enquêteur et l’intervenant de la DPJ chargé de son dossier n’ont jamais rien vu de pareil en plus de 15 ans de carrière. . Le cas des deux tortionnaires relève de « mauvais traitements extrêmes », a soutenu mardi le procureur.
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Benjamin (nom fictif) s’est présenté seul en juillet 2022 au SIAM, le Service intégré en maltraitance et maltraitance de la région de Québec.
Lorsque l’enquêteur Éric Savoie l’a rencontré ce jour-là, l’enfant de neuf ans a nié avoir subi des violences. Mais le policier a compris que quelque chose n’allait pas lorsqu’il a vu une profonde blessure au cuir chevelu.
Le sergent-détective a dû respirer profondément avant de poursuivre son récit lors des plaidoiries sur la peine qui sera infligée mardi à la grand-mère de Benjamin.
La femme de 68 ans espère éviter la prison après avoir plaidé coupable à une accusation de voies de fait en mars dernier. (voir autre texte) Elle a également fait des déclarations incriminant son mari, également accusé, mais toujours présumé innocent puisqu’il attend son procès.
Menottes la nuit, privation de nourriture, coups : la liste des sévices prétendument infligés par le couple à l’enfant est choquante. (voir encadré)
« À glacer le sang »
«C’était à glacer le sang, monsieur le juge. […] Nous connaissons tous l’histoire d’Aurore l’enfant martyr, mais pour nous au bureau, c’est désormais Benjamin l’enfant martyr », confie le policier, la voix tremblante.
Ayant enquêté pendant quatre ans sur la maltraitance d’enfants, nous avons pu constater dans les yeux rougis du policier Savoie que même l’intervenant le plus endurci ne pouvait pas sortir indemne d’une telle affaire.
Un album photo montrant les blessures de l’enfant a été déposé mardi auprès du juge Frank D’Amours. Bleus au visage et sur le corps, blessures aux poignets causées par les menottes portées la nuit, brûlures de cigarettes, signes évidents de malnutrition : les blessures de Benjamin sont nombreuses.
« Je lui ai fait enlever son pull et il y en avait sur son corps, ses bras, son dos, ses jambes. Ce n’est pas compliqué, ils étaient partout», se souvient Éric Savoie.
86 photos ont été nécessaires pour détailler les blessures du garçon.
Puis il y a eu les genoux de Benjamin. Enflé, déformé, rouge et surtout couvert de cornes car il était obligé de passer parfois jusqu’à 10 heures consécutives à genoux sur le sol.
PREUVE DÉPOSÉE AU TRIBUNAL
“Ce sont des blessures qu’on n’a pas l’habitude de voir.”
“Quand on parle, c’est pire après”
Une lettre d’une assistante sociale du DPJ a également été déposée mardi. Le premier constat qu’elle fait, c’est que Benjamin est « l’enfant le plus maltraité de son âge » qu’elle ait vu en plus de 14 ans de carrière.
Pourtant, le garçon continuait de dire que personne ne lui avait fait de mal.
“Quand on parle, c’est pire après”, a-t-il répondu, révélant l’ampleur des abus qu’il avait subis et de la manipulation dont il avait été victime.
PREUVE DÉPOSÉE AU TRIBUNAL
Cette violence, tant physique que psychologique, a évidemment laissé des traces chez l’enfant. Benjamin a un caractère explosif, a du mal à faire confiance, a des séquelles traumatisantes et doit vivre avec les souvenirs de ces abus qui le hantent sans cesse.
« Il se sent responsable des abus qu’il a subis », a tristement témoigné sa mère adoptive devant le tribunal. “Il a dit : ‘J’aurais dû être un meilleur garçon'”, a déclaré la femme, luttant pour retenir ses larmes tandis que la grand-mère restait impassible en écoutant l’horreur à laquelle elle avait contribué.
Les abus qui auraient été subis par l’enfant de neuf ans
- Coup de tête avec une canne
- Coups de ceinture ou de règle
- Brûlures de cigarettes
- Aurait été contraint de faire ses besoins avec une couche
- Aurait été coincé dehors pendant les orages
- Menotté à une chaise la nuit
- Punitions répétées à genoux sur le sol pendant de longues heures
- Privation de nourriture
La majorité des actes reprochés auraient été commis par le grand-père.
La grand-mère a reconnu avoir frappé l’enfant au visage à plusieurs reprises « au cours de deux ou trois événements ».
La grand-mère veut éviter la prison
Comme le grand-père serait responsable de la majorité des actes de violence, la défense demande une peine communautaire pour la femme.
La grand-mère du garçon martyr de Lotbinière réclame de purger sa peine en communauté «puisqu’elle n’est pas responsable des actes causés par son mari», a soutenu mardi son avocat.
La femme et son mari s’occupaient régulièrement de leur petit-fils Benjamin (nom fictif) et l’auraient maltraité de manière si inquiétante que l’enquêteur chargé du dossier compare le cas du garçon à celui d’« Aurore l’enfant martyre ».
“Je n’essaie pas de vous dire que ce n’est pas choquant et que ce n’est pas déchirant”, a répété M.e Sophie Racine-Berthiaume, ajoutant toutefois qu’il fallait « remettre les gestes dans leur contexte ».
« Il faut rappeler que les gestes réellement imputés à la dame sont des gifles, à deux ou trois reprises où elle décrit avoir perdu le contrôle de ses émotions », soutient l’avocat de la défense, qui estime que la dame était dans un état de « maladie ». grande vulnérabilité.
Elle suggère donc d’imposer une peine de deux ans moins un jour dans la communauté, accompagnée de trois ans de probation surveillée et d’heures de travaux d’intérêt général.
PREUVE DÉPOSÉE AU TRIBUNAL
« Maltraitance extrême »
Le procureur de la Couronne n’a cependant pas vu les choses de la même oreille lors de ses plaidoiries sur la peine, mardi, qualifiant l’affaire de « maltraitance extrême ».
Me Louis Durand-Bluteau reconnaît que le résumé convenu des faits donne une responsabilité limitée à la dame dans les actes de violence, mais répond que sa méconnaissance des abus prétendument infligés par son mari milite en faveur d’une peine de prison.
« Chaque jour où elle n’agissait pas, elle abandonnait Benjamin à son sort. “Benjamin l’enfant martyr, qui portera à vie les conséquences des mauvais traitements infligés à ces grands-parents, de cette double trahison”, a rappelé le procureur, soulignant le rapport présentenciel négatif joint au dossier.
“Les termes choisis pour le qualifier permettent d’affirmer qu’il banalise et minimise la situation”, a déploré le procureur.
Ce dernier suggère donc une peine de 2 ans moins un jour de prison pour la grand-mère coupable d’agression, accompagnée également de trois ans de probation.
Le juge Frank D’Amours rendra sa décision en février.
Grand-père en fin de vie ?
Quant au grand-père, il n’est pas impossible qu’il ne subisse jamais les conséquences des actes ignobles qui lui sont reprochés. Selon l’avocat de son épouse, si la femme avait témoigné mardi, elle serait venue dire que son mari était très malade.
« Son conjoint est en fin de vie, il attend l’aide médicale à mourir. Madame s’occupe de ses soins à domicile”, a expliqué M.e Racine-Berthiaume.
Aucune preuve concrète de cette situation n’a toutefois été fournie au procureur de la République. Me Durand-Bluteau a souligné, en quittant la salle, que le dossier était toujours au rôle en janvier prochain et qu’une date de procès devait être fixée jusqu’à nouvel ordre.
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