C’est en parcourant son fil Facebook que Valérie Petiquay a vu la photo de la nouvelle affiche de La Tuque publiée par le maire Luc Martel. Elle a remarqué une faute d’orthographe dans la traduction du mot bienvenue en atikamekw.
«Ça m’a choquée», avoue-t-elle d’emblée.
Pour y voir plus clair, elle a consulté la technolinguiste et coordonnatrice du service linguistique du Conseil de la Nation Atikamekw, Nicole Petiquay, qui a confirmé l’erreur. Selon elle, il aurait fallu lire : Miro pe icakw remplaçant Miro peicak.
« Nous travaillons beaucoup sur la conservation de notre langue, sur son écriture. Cela nous touche parce que cela est affiché publiquement. Si je peux donner un exemple, c’est comme si nous écrivions pour sonner ; écoute bien, je crée biendes choses comme ça. Cela ne reflète pas le cœur sacré de la langue. Notre langue est sacrée. Nous parlons la langue du territoire », a illustré Nicole Petiquay dans un entretien avec The Nouvelliste.
« Nous avons déployé beaucoup d’efforts pour préserver la langue, la partager, l’enseigner, la transmettre, la sauvegarder, c’est ce que nos aînés ont fait pour nous. Il est important que cela se reflète au niveau public », ajoute-t-elle.
Les deux femmes ne veulent pas tirer sur le messager. De plus, nous soulignons les efforts de la Ville pour intégrer la langue atikamekw dans ses communications. Nous demandons cependant que l’erreur soit corrigée.
« J’ai confiance que cela arrivera. Nous ne pouvons pas laisser tomber ça. L’erreur est humaine, mais il ne faut pas permettre que cela se produise », note le citoyen.
« Je ne dirais pas que c’est insultant, je dirais plutôt irrespectueux. […] C’est une belle initiative de vouloir traduire les choses en atikamekw. C’est une belle reconnaissance et c’est très accueillant ici à La Tuque, mais il faudrait consulter pour la traduction », ajoute Nicole Petiquay.
La Ville a été informée de la situation. La chef du service des communications, Hélène Langlais, indique que la traduction a été validée dans un lexique atikamekw. Des contrôles seront effectués et si nécessaire, la signalisation pourra être modifiée. Il semble y avoir une certaine confusion quant à l’orthographe de la traduction du mot bienvenue. Soulignons également que le conseil atikamekw d’Opticiwan traduit le mot bienvenue de la même manière que la ville de La Tuque sur son site Internet.
«Si jamais il y a une erreur, elle sera corrigée», a déclaré Hélène Langlais.
Il est impossible de connaître les coûts qui pourraient être encourus pour cette étape.
Actuellement, un seul des trois nouveaux panneaux a été installé près de la route 155, à l’entrée sud de la ville.
Nicole Petiquay aurait apprécié d’être consultée pour éviter cette situation.
« Je suis au bureau pour ça, c’est mon travail. Je suis la gardienne de la langue, la police de la langue atikamekw », dit-elle.
Valérie Petiquay a écrit au Grand Chef du Conseil de la Nation Atikamekw (CNA), elle demande au CNA de faire pression pour que l’affiche soit modifiée et que l’organisation fasse pression pour que toute traduction de la ville de La Tuque soit approuvée par un organisme reconnu. Technolinguistes atikamekw.
« Ils sont les gardiens de la langue atikamekw », écrit-elle dans sa lettre.
Il n’a pas été possible de s’entretenir avec le chef du CNA, Constant Awashish.