Classé monument historique, c’est le deuxième édifice religieux le plus visité du département. La commune, qui entretient régulièrement son patrimoine, recherche des mécènes.
À l’heure où les yeux du monde entier sont rivés sur la réouverture de la majestueuse cathédrale Notre-Dame de Paris, un autre monument religieux s’apprête à subir une importante rénovation. En Loire-Atlantique, la collégiale Saint-Aubin de Guérande, classée monument historique, bénéficiera de travaux pendant dix ans, pour un montant estimé à 10 millions d’euros. Les premières traces de cette église aujourd’hui paroissiale remontent au VIe siècle, où un premier lieu de culte dédié à l’évêque d’Angers Saint-Aubin y fut érigé.
C’est aujourd’hui le deuxième édifice religieux le plus visité du département après la cathédrale de Nantes. Il « n’est pas dans un état de danger majeur ou imminent mais il apparaît important de traiter le monument en profondeur afin de le faire durer encore quelques centaines d’années » indique la Ville dans un communiqué. L’état de conservation est jugé “MOYENNE” en raison de son vieillissement. Le dernier grand chantier remonte à la fin du XIXème siècle.
Nous participons à un moment fort, qui est un passage de relais en transmission
Nicolas Criaud, maire de Guérande
« Le travail de restauration que nous allons faire s’étend sur plus d’un siècle. Nous participons à un moment fort, qui est un passage de relais dans la transmission »a expliqué Nicolas Criaud, maire (Horizons) de la cité médiévale, également connue pour ses marais salants, lors d’une conférence de presse fin novembre. La veille, le conseil municipal avait voté une délibération concernant une première tranche de travaux, d’avril 2025 à 2027, pour un montant de 1,8 million d’euros TTC. « Nous estimons entre 15 et 24 mois de travaux pour chaque phase. Les deux derniers seront consacrés à l’intérieur de la collégiale.détaille le conseiller. L’étanchéité du bâtiment sera prioritaire.
Parmi les actions, le renouvellement complet de la toiture est prévu, ainsi que le traitement des fissures, la restauration d’une tourelle d’accès au clocher central, la réhabilitation des maçonneries et des revêtements intérieurs ou encore le renforcement des vitraux fragilisés. Des fouilles archéologiques devraient également avoir lieu pour mettre au jour de nouveaux éléments relatifs à l’histoire du lieu. L’église restera ouverte et les travaux seront interrompus en juillet et août. « Cette technique d’intervention permettra de maintenir au maximum la collégiale en activité mais aussi de réduire le coût technique du chantier en mutualisant certains postes de dépenses »précise le communiqué de la Ville, les échafaudages représentant par exemple un tiers du coût du chantier. « Notre levier est financier. Nous prévoyons dix années de travaux, ce qui correspond à la capacité financière de la Ville de pouvoir suivre.observe Nicolas Criaud.
L’argent, le nerf de la guerre
En effet, sur l’enveloppe de 10 millions d’euros, qui pourrait augmenter comme cela arrive souvent lors d’opérations similaires, le financement n’est pas encore totalement bouclé. « Nous avons le soutien de l’État qui finance à hauteur de 40 % et nous avons signé un contrat avec la Région qui nous soutient à hauteur de 20% »explique le maire. Le département sera peut-être là pour soutenir, mais pour le reste, les élus comptent sur le clientélisme. Ce soutien prend plusieurs formes : les dons des particuliers pourront être effectués dès début 2025 via la Fondation du Patrimoine, tandis que les mécènes privés, comme les grandes entreprises, sont d’ores et déjà invités à s’adresser directement à la Ville. Si les entreprises ne disposent pas de suffisamment de trésorerie, le mécénat de compétences leur permet de mettre à disposition des salariés pour une mission. La commune peut également compter sur sa convention pluriannuelle avec les acteurs locaux, représentant 178 000 euros.
« Il faut avoir beaucoup d’attention pour cette vieille dame, autant que pour nos remparts. Nous avons un bâtiment assez extraordinaire, qui a une histoire importante »ajoute Catherine Lacroix, adjointe au maire, chargée de la Culture et du Patrimoine. Le maire en parle comme d’un « la petite Tour Eiffel parisienne »ceci étant particulièrement visible sur le territoire. « Tout ce que nous avons fait est dans l’esprit de le transmettre aux générations futures. Si nous ne le faisons pas, le coût sera deux fois plus élevé.poursuit Catherine Lacroix, qui espère que ce projet, qui sera présenté aux écoles, suscitera des vocations et fera découvrir des savoir-faire aux élèves. Guérande, qui possède un riche patrimoine historique, est également en train de lancer un diagnostic de tous les édifices religieux pour envisager un plan d’investissement. « Mais en dehors de la collégiale, nous ne pouvons pas bénéficier de mécénat car elles ne sont pas classées monuments historiques »note Nicolas Criaud. Depuis 2017, la commune a investi, avec l’aide de mécènes et de partenaires institutionnels, près de cinq milliards d’euros dans la restauration de son patrimoine.